L’inauguration lundi 2 décembre du troisième bureau de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) à Agadir par le Vice-Président Alain Pilloux est l’occasion de faire le point sur le développement des activités démarrées dans le royaume depuis 2012 et surtout de faire le point sur les perspectives futures.
En visite au Maroc pendant 8 jours, Alain Pilloux rappelle l’importance capitale que la BERD attache au Maroc et à ses activités dans ce pays. « Au cours de ma visite je rencontre les autorités, de nombreux directeurs généraux d’entreprises privées et publiques … Nous sommes fiers d’êtres, bien que nous ayons commencé nos opérations récemment au Maroc, en 2012-2013, la seule institution internationale qui a des bureaux, en dehors de l’axe Casablanca-Rabat », explique-t-il.
Cette ouverture de bureau reflète l’importance que la BERD attache à la réduction des disparités régionales au Maroc et à l’intérêt d’avoir des gens sur le terrain et qui sont en contact des entreprises puisque c’est la raison même de son activité.
« C’est sans doute parce que nous avons une présence sur le terrain qu’en quelques années, nous sommes devenus la première institution internationale qui finance le secteur privé et la seule institution internationale qui prête en Dirham marocain et ceci a conforté la croissance de nos activités », rappelle le vice-président de la BERD.
En effet, en quelques années seulement, la banque a composé son action à travers des partenariats avec les banques de la place pour proposer ses produits au secteur privé. Ce mode de travail, Alain Pilloux l’attribue à la volonté d’avoir un effet multiplicateur de l’action de la banque.
« Nous privilégions l’action à travers les banques locales pour atteindre notamment les petites et moyennes entreprises, les jeunes et les femmes en nous démultiplions… Il y a quelques années quelques années, nous avions deux partenaires bancaires. Nous en avons sept maintenant et nous travaillons pour ajouter trois partenaires bancaires nouveaux, ce qui portera dans quelques mois le nombre des partenaires bancaires à 10 ».
A travers ses partenariats avec les banques, la BERD les aident à ouvrir des marchés et à répondre aux besoins des entreprises de ce pays. « Certains de ces produits ont pour objet de verdir l’économie notamment l’économie d’énergie, d’autres sont destinés aux femmes entrepreneurs et fonctionnent à notre satisfaction mais nous voulons en faire davantage. Un nouveau produit sera bientôt présent sur le marché qui vise particulièrement les jeunes de moins de 35 ans et il est très en cohérence avec ce que nous entendons dans les discours marocains notamment les discours sur un nouveau modèle de développement du pays », poursuit A. Pilloux.
Il y a d’autres produits destinés aux sociétés de leasing qui concernent les moyens de transport, ou encore le Trade facilitation programme qui permet aux entreprises de sécuriser leurs exportations et de garantir les paiements.
Une couverture pratique du territoire marocain
Cette nouvelle ouverture, qui intervient une année après l’ouverture du bureau de la BERD à Tanger, répond à l’impératif de couvrir le territoire marocain de manière très pratique. Ainsi le bureau de Tanger couvre la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima et la région de l’Oriental avec un focus sur les PME et ce nouveau bureau d’Agadir couvrira la région de Souss-Massa et la région de Marrakech-Safi. Et le bureau de Casablanca couvre le centre du Maroc.
Pour cette nouvelle implantation, en termes de secteurs, la région de Souss-Massa est une région agricole, aussi Agadir reste-il le principal port de pêche marocain avec toute une industrie halieutique qui s’est développée tout autour.
Aussi bien pour Agadir que Marrakech, le secteur touristique s’est également fortement développé.
« Maintenir la compétitivité de ce secteur n’est pas facile dans un monde concurrentiel, car définir une offre touristique attractive n’est pas simple. Nous voudrions contribuer à cet effet. D’ailleurs, en marge de l’ouverture du bureau d’Agadir j’aurai une réunion avec la ministre marocaine du tourisme sur la « destination management » pour rendre la destination Maroc particulièrement attractive en ajoutant des services à cette destination. Le secteur touristique est un secteur dans lequel la BERD souhaite être plus présente au Maroc à travers des projets viables et notre présence à Agadir-Marrakech ne peut que faciliter cet objectif », annonce Alain Pilloux.
Renforcer le taux d’intégration
Interpellé sur l’accompagnement prononcé de la BERD pour l’industrie de l’automobile au Maroc, Alain Pilloux souligne l’importance de faciliter l’installation des fournisseurs et des équipementiers internationaux et l’éclosion d’équipementiers marocains.
« Ce qui est important pour le Maroc est de construire cette chaîne de valeur. Ce n’est pas une tâche facile car les équipementiers se déplacent là où il y a une masse critique de production. Nous avons financier plusieurs projets notamment des joint-ventures entre partenaires étrangers et marocains. Et il y a encore des efforts à faire pour que les pièces qui continuent à être importées soient fabriquées localement ce qui est de nature à augmenter le taux d’intégration dans le secteur », précise-t-il.
Mais pas seulement., en cours de sa visite et ses rencontres avec les chefs d’entreprises, le vice-président de la BERD révèle l’importance d’aider les entreprises à se développer et à atteindre des tailles plus importantes. « Je vois se développer au Maroc ce que j’appellerai un nouveau capitalisme avec des gens nouveaux qui n’étaient pas dans les années 70, 80 ou 90 et qui ont créé des entreprises devenues de bonnes tailles et qui ont le potentiel de se développer non pas seulement sur le sol marocain mais également sur le marché africain qui a un fort potentiel », révèle-t-il.
Il fait un autre constat, celui du besoin de susciter l’entrepreneuriat en organisant une concurrence plus importante entre entreprises. En effet, il y a des secteurs où il y a trop peu de création d’entreprises et où deux ou trois entreprises se partagent le marché, alors que davantage d’entreprises pourraient se partager et développer ce marché. Ce qui est en soit une excellente opportunité de création d’emplois supplémentaires dans le pays.
« Je suis persuadée que les gagnants dans le monde d’aujourd’hui et de demain sont et seront les pays qui feront confiance au secteur privé pour créer l’emploi. Au Maroc, il y a les talents et la volonté d’entreprendre nécessaires pour que cette confiance s’installe et pour que le secteur privé créé davantage d’emploi qu’il ne le fait aujourd’hui. Notamment à travers les PPP », conclut-il.
Le Maroc est bien engagé dans cette voie et la BERD souhaite soutenir les efforts du pays pour s’engager encore plus dans cette voie notamment dans le développement et de financement de projets.