L’enjeu aujourd’hui est de financer des projets structurants pas uniquement avec la dette mais plus avec des fonds propres. D’où l’importance de l’innovation pour mettre à la disposition des épargnants potentiels des produits adaptés à leurs besoins. Dounia Taarji plaide pour une meilleure inclusion de l’épargne des particuliers pour financer des projets structurants.
« Le Fonds Hassan II est intervenu dans le financement d’un grand nombre de projets internationaux. Le Fonds intervient en fonds propres et est un investisseur de très long terme. Les projets d’infrastructure ont une rentabilité à très long terme et il faut être patient. Pour financer toutes nos ambitions qui se chiffrent en milliards de DH, nous avons besoin d’investisseurs qui sont donc prêts à aller sur le long terme », annonce D. Taarji, intervenant lors d’un panel sous le thème « Mobiliser l’épargne nationale pour financer les projets de demain » dans le cadre de la conférence annuelle de l’Association des sociétés de gestion et fonds d’investissement marocains (ASFIM). Et il faut accompagner tout cela par un effort en terme de réglementation à travers des mesures fiscales incitatives pour une meilleurs allocation des ressources financières. Aussi un effort juridique est à déployer pour élargir la base de ceux à qui on prête parce que souvent on prête aux très bonnes signatures. On ne va pas au-delà parce que nous ne disposons pas de notation et nous n’avons pas de mécanismes sécurisants.
On parle beaucoup d’institutionnels, les particuliers pas beaucoup. 25000 ou 30000 particuliers sur le marché c’est vraiment une honte. D’où l’effort à déployer pour aller vers eux, leur proposer des produits qu’ils comprennent.. » Nous sommes capables d’avoir des centaines de milliers de Marocains si on présente un projet national, bien monté et bien sécurisé. Il faut un effort de structuration adapté », explique d’emblée Taarji.
« L’État dispose de leviers importants pour mieux canaliser l’épargne vers le financement des projets d’envergure, à travers la réglementation prudentielle et fiscale », a estimé Dounia Taarji.
Selon elle, l’introduction de mécanismes innovants de rehaussement de crédit, de garantie ou d’accompagnement juridique permettrait d’élargir la base d’émetteurs et d’encourager les investisseurs à s’exposer à des risques mesurés et sécurisés, soulignant que la réussite des projets structurants du Royaume repose sur la capacité à attirer davantage d’investisseurs patients, disposés à engager des capitaux sur plusieurs décennies. Cette catégorie d’investisseurs, a-t-elle expliqué, demeure encore insuffisamment mobilisée au Maroc, notamment sur les tranches supérieures de financement.
La responsable a également évoqué la possibilité de recourir davantage au financement en devises pour les projets générant des recettes extérieures, ce qui permettrait de réduire le risque de change et de diversifier les sources de capitaux, rappelant à cet égard que la réglementation actuelle autorise déjà les OPCVM à investir jusqu’à 10% de leurs actifs en produits libellés en devises, un dispositif encore peu exploité par les acteurs du marché.
Dans ce contexte, D. Taarji est revenue sur l’importance de la digitalisation du secteur financier et la mise en place de produits accessibles, transparents et sécurisés, à l’image d’expériences réussies à l’international, tout en insistant sur la nécessité d’un travail collectif entre l’ensemble des acteurs, émetteurs, investisseurs, régulateurs et autorités publiques, afin d’assurer la cohérence des efforts et de concrétiser les ambitions de financement du Royaume.
Cette édition de la conférence de l’ASFIM a exploré les leviers financiers et stratégiques permettant d’orienter efficacement l’épargne nationale vers le financement des projets structurants du Maroc de demain.
En rassemblant différents acteurs publics et privés, institutions financières et experts du marché, l’ASFIM a offert une plateforme unique d’échanges et de réflexion autour des perspectives du secteur de la gestion d’actifs.






