Ecrit par Houssifi El Houssaine I
Avec la publication du PLF 2026, le rideau est levé sur les intentions gouvernementales à l’approche des nouvelles élections. On s’attendait à des mesures tendant à embellir l’image amochée de la coalition gouvernementale et de faire oublier aux Marocains les situations de précarité qui les cauchemardent dans leur sommeil et les hantent dans leur réveil. Seulement rien de cela n’est acté. Circulez, il n’ y a rien à voir.
Le gouvernement fidèle au courant classique ne se gêne pas à trouver application du « l’offre crée sa propre demande ». Aux yeux des gouvernants, les dépenses créent leurs propres recettes. Ce sont donc les dépenses qui prennent les ficelles dans l’exercice budgétaire. Certes il ne faut pas censurer les ambitions mais il faut en avoir les moyens. Vous dites ambitions ? Ambitions, quelles ambitions ? On ne nous a jamais questionné à ce sujet. Ils pensent faire le mieux pour nous !
Sur le registre des recettes, il semble qu’excepté les mesures non sportives, puisqu’elles aggravent les dépenses fiscales et la généralisation de cette découverte de dernière pluie, appelée retenue à la source, visant à optimiser le rendement de l’impôt, on est en présence d’une année blanche voire noire. Qui sait ! Il semble que les vieux loups de mer du ministère de l’économie et des finances sont frappés du syndrome de la page blanche.
Sur le plan de la fiscalité du travail, comment on n’a pas pensé à dépoussiérer le barème de l’impôt sur le revenu qui a pris des rides que le botox ne saura réparer. Il est fort temps qu’il soit indexé à l’inflation qui fait rage dans le panier du marocain. Cette inflation est tellement rude que même les riches n’arrivent pas à acheter ce qu’ils espéraient alors qu’ils étaient pauvres. Pis encore, comment on n’a pas pensé à humaniser cet impôt qui s’attaque virulemment au quotidien des Marocains distinction non faite entre le célibataire et le marié, le couple avec enfants et le couple sans enfants, celui entouré d’enfants dits normaux de celui qui peigne « seul au monde » avec des enfants dits différents, celui qui scolarise sa postérité dans le privé et celui qui se contente du SMIG de l’enseignement public, celui qui se soigne à ses frais de celui qui préfère traiter sa souffrance entre les murs de l’hôpital appelé indûment public. Il parait que cet impôt doit être revu de la cave au grenier.
Sur le thème de la fiscalité du capital, le moment est propice pour instaurer la taxe sur la fortune. Cette dernière ne doit pas trouver application seulement chez les fortunés les plus médiatisés mais également chez ceux qui se la coulent douce sous le « vivons cachés, vivons heureux ». C’est difficile de faire avaler la pilule, mais il faut insister. On le sait, ils aiment l’argent mais ils sont appelés à le partager. Il est également temps d’imaginer une fiscalité de la succession, on ne peut continuer à tolérer que des rentiers du travail de leurs ancêtres profitent des services publics sans contribuer aux caisses de l’Etat.
Les pouvoirs publics ne doivent pas avoir peur de déplaire lors de l’extension de la masse des assujettis qui jusqu’à présent et dans plusieurs cas mènent une vie de prince aux frais de la princesse. Le secteur dit informel, alors qu’il exerce, au vu et au su de tout le monde doit contribuer. Le silence de mort retenu par l’Administration équivaut à une déclaration solennelle de faillite.
Certains diront qu’on se laisse aller à nos rêveries, on s’en fout. On continue sur notre lancée !…
Comment un pays où les usines à technologie de pointe qui pullulent partout ne dispose pas d’une fiscalité associée à la recherche et au développement. Il est temps d’instituer un cadre qui permet aux laboratoires et compétences marocains libre cours à leurs imaginations pour nous émerveiller et améliorer les performances. Dommage ! la matière grise marocaine éparpillée dans le monde peut trouver, consécutivement à l’adoption de cette fiscalité, une raison pour se rapatrier et être au service du pays.
Un pays qui songe être pionnier dans le secteur automobile doit se ranger des voitures. Comment accepter une fiscalité pénalisante aussi bien sur le plan TVA que sur le plan IS de la voiture dite de tourisme. Cette fiscalité qui renchérit le coût effectif de l’investissement donne un coup de massue au marché au lieu de lui donner un coup de levier. En parlant de voitures, comment faire carburer une économie en excluant les dépenses liées à l’achat du carburant du droit de déduction. Comme par hasard, le principe de la neutralité de la TVA se cache pour mourir.
Comment dans un pays qui prétend, et on le lui accorde, être le plus beau du monde, continue à renchérir les dépenses liées au secteur touristique en refusant le droit de déduction de la TVA grevant les frais de mission et de réception. Cette mesure qui fait les affaires des atteints de la chérophobie n’arrange pas ceux des bien vivants et permet au marché du tourisme de trinquer à la santé du pays.
La discussion du PLF est pendante. On ne peut faire un clin d’œil comme on ne peut laisser « vu ».
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