Ecrit par Houssifi El Houssaine I
C’est un secret de Polichinelle, le PLF 2026 fait son entrée pour donner vie au débat dans l’hémicycle du Parlement après un profond sommeil. Prestige oblige, il entre dans un cortège de 13 rapports et détrompez-vous c’est de la treize à la douzaine. Tout l’espoir qu’ils ne soient pas très à la table.
Ce PLF doit être la consécration du projet d’un peuple et le rêve d’une nation. Il ne doit pas répondre seulement aux caprices d’une minorité. Personne n’est contre les projets pharaoniques, ni contre ceux qui visent intégrer le pays dans le club des grands. On est également pour des projets qui, en profondeur, changent les mentalités. La pierre n’a jamais fait la richesse d’une nation. Il n’est de richesse que d’hommes.
Le PLF 2026 est un amas de chiffre et de lettres. Si les intellectuels et artisans du droit fiscal se retroussent les manches pour en dégager le bon grain de l’ivraie et de démystifier ses secrets, les jeunes loups aux dents longues salivent pour les chiffres. Et pour cause, le PLF ouvre des marchés qui saisissent de vertige les mercenaires de la commande publique. Le marché de cette dernière est un gâteau loin d’être plein de douceur. Tous les moyens deviennent soudainement légitimes pour garnir le carnet des commandes. Blouser est une pratique courante aussi bien chez les cols bleus que chez les cols blancs. Ils veulent tous s’accaparer la part du lion.
Dans cette aventure, les loups ne se mangent pas eux-mêmes. Ils font appel à des ententes dont les techniques bien que prohibées, inacceptables et frôlent le péché, mettent à genoux le droit de la concurrence et ses instances. La réglementation sur les marchés publics qui prône la concurrence comme principe de premier intérêt se trouve alors méprisée par ses acteurs avides de richesse bien qu’elle soit illusoire. S’acharner en groupe et de façon organisée sur l’argent public est un acte de banditisme contre les redevables. Les auteurs de ces crimes contre un peuple détruisent non seulement les marchés en limitant les accès, produisent des défaillances en avalanche des petites et moyennes entreprises, mais également renchérissent les coûts des projets.
Cette zone d’ombre de la commande publique se trouve noircie davantage par des pratiques initiées par des taupes qui rongent de l’intérieur la société. Elles n’épargnent aucun effort pour tailler sur mesure les commandes ou se montrer généreuses en notant les siennes et frapper les autres au-dessous de la ceinture. Frapper d’estoc et de taille, devise sacrée chez cette population qui souffre d’un déficit criant de civisme, ne fait que tailler une veste à l’économie nationale.
Comme si cela ne suffit pas et sans aucune pitié, ces acteurs sont prêts à remuer le couteau dans la plaie, profitant de situations non courantes, apportent au profit de ses privilégiés des commandes sur un plateau d’argent. Des marchés négociés, bien que ne cochant pas toutes les cases exigées sur le plan réglementaire, font les affaires d’une poignée d’individus. Si on a attendu des lustres pour améliorer les conditions des services publics, patienter encore quelques mois ne fait de mal à personne. Vous avez dû vous en apercevoir, les opportunistes ne ratent pas les occasions.
L’argent public, attaqué de l’intérieur comme de l’extérieur, se trouve alors entre deux feux.
Les instances de contrôle sont appelées à doubler d’effort pour protéger l’argent public contre cette invasion des opportunistes à la quête d’enrichissement sans cause.
Il est également temps de procéder à la révision de la réglementation des marchés publics, qui après quelques mois d’exercice, est pointée de tous les maux. Il faut dire qu’elle s’essouffle. Ses faiblesses sont multiples et ne font qu’empirer davantage la situation. Il est également recommandé de doter ces instances de contrôle de moyens humains et matériels suffisants pour conduire les investigations nécessaires. Il faut surtout lutter contre l’impunité qui permet aux actes de banditisme de continuer à faire tâche d’huile.






