Ecrit par Lamiae Boumahrou |
La région de Casablanca-Settat représente un gisement important en matière de création d’ agrégation agricole. L’objectif est la création à l’horizon 2030, d’un minimum de 30 projets d’agrégation. La simplification du processus de création et l’élargissement des subventions vont-ils stimuler cette forme innovante d’organisation agricole ?
L’agrégation agricole figure parmi les principaux piliers de la Stratégie Génération Green 2020-2030. En effet, le développement et la modernisation du secteur agricole repose en grande partie sur la création de projets d’agrégation. C’est dans une optique d’encouragement du recours aux projets d’agrégation que s’inscrit la caravane nationale de l’agrégation agricole « Nouvelle Génération » organisée par l’Agence pour le développement agricole (ADA) lancée le 30 novembre à Kenitra par le ministre de l’Agriculture, de la Pêche, du Développement rural, des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki.
Ainsi après Tanger, la caravane fait escale ce lundi 20 décembre à Casablanca, l’une des régions les plus importantes sur le plan agricole. Représentant 16% du PIB agricole du Maroc, la région Casablanca-Settat présente un fort potentiel en matière de développement des agrégations agricoles. La forte présence d’agrégateurs à cette escale en témoigne de l’intérêt qu’accordent les agrégateurs à cette forme de regroupement.
« Le regroupement agricole est un modèle innovant d’organisation des agriculteurs autour d’acteurs privés ou d’organisations professionnelles, afin de surmonter les obstacles liés au foncier ainsi qu’au financement. Aussi, permet-il aux agriculteurs regroupés de bénéficier des techniques modernes de production et de financement, ainsi que l’accès aux marchés internes et externes », a précisé le Directeur général de l’ADA, El Mahdi Arrifi.
D’autre part, les projets d’agrégation permettent également aux agriculteurs d’approvisionner l’industrie agricole, maillon important de la chaîne, en produits de qualité tout en garantissant la chaîne d’approvisionnement et ce dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant pour les deux parties. Il faut dire que l’encouragement du recours à l’agrégation ne date pas d’aujourd’hui mais figure bel et bien dans le Plan Maroc vert. Malheureusement la complexité du cadre réglementaire et la lenteur des procédures administratives dissuadaient les agriculteurs et agrégateurs à y recourir.
Conscients de ses freins, le ministère de l’Agriculture et l’ADA ont revu les textes réglementaires pour alléger les procédures et rendre le parcours de création des agrégations plus simple. Une prise de conscience qui s’est traduite par l’adoption de 2 nouveaux décrets d’application de la loi n°12-04 relative à l’agrégation agricole, publiés dans le bulletin officiel le 27 mai 2021.
Parmi les avancées apportées par ces décrets : la simplification des procédures de ratification et d’octroi de subventions de l’Etat pour les rassemblements agricoles, la révision des conditions et des critères d’éligibilité, l’intégration de nouveaux modèles et filiales pour le regroupement ainsi que l’inclusion des équipements d’élevage dans la liste des équipements bénéficiant de subventions préférentielles.
Autre avancée majeure pour encourager davantage les agriculteurs à se regrouper en agrégation, la ratification du projet de loi n°37.21 édictant des mesures spéciales relatives à la commercialisation directe des fruits et légumes dans le cadre de l’agrégation agricole. Une loi qui permettra aux agriculteurs disposant d’unités de conditionnement des fruits et légumes dans le cadre d’agrégation de commercialiser leurs produits directement auprès des commerces modernes sans l’obligation de passer par les marchés de gros.
Ce qui limitera d’une part l’intervention des intermédiaires et d’autre part il permettra aux petits agriculteurs d’améliorer leur production et leur accès aux circuits de commercialisation modernes.« Pas moins de 200 agrégations agricoles nouvelle génération ont été identifiés dans les différentes régions du Royaume par les directions régionales de l’agriculture dans le cadre le mise en œuvre de la stratégie de génération green au niveau régional », a précisé E. Arrifi.
En effet, l’objectif minimal de la nouvelle stratégie à l’horizon 2030, la création de 200 projets d’agrégation, toutes filières confondues.
S’agissant de la capitale économique, qui arrive en tête des régions ayant créé le plus d’agrégations dans le cadre du Plan Maroc vert soit 13 projets structurants, l’objectif est d’atteindre 30 projets. Un chiffre évolutif selon Abderrahman Naili, directeur Régional de l’Agriculture de la région Casablanca-Settat rappelant au passage que 45% de la valorisation agricole se font au niveau de la région. Le potentiel pour plus de valorisation des produits agricoles est d’autant plus important.