Rappel synthétique de l’évolution historique des chiffres de COVID-19 et prévisions à quatre semaines.
Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[1]. Même si des voix autorisées les ont accusées de ne pas refléter la réalité, ce sont les seules données dont nous disposons.
Le tableau figurant ci-dessous donne les chiffres de fin de semaine au 20/03/2022.
Les deux graphiques ci-dessous montrent l’évolution segmentée en nombre et pourcentages des contaminés dont les décédés (noir), les rétablis (vert) et les actifs (orange).
Les deux graphiques ci-dessous montrent l’évolution en nombre et pourcentages des cas actifs dont les intubés (noir), sous respiration non invasive (rouge), sans gravité (violet) et les autres cas graves (vert).
Comme montré dans le Tableau 1, les chiffres de la maladie du COVID19 proprement dite sont restés à peu près les mêmes pour la période dominée par le variant « alpha » que pour celle dominée par le variant « delta« . Mais les indices de la dernière phase, dominée par le variant « omicron » sont nettement différents :
Tableau 1 Etat des testés positifs durant les trois périodes dominées par les différents variants
Au fur et à mesure que le variant « omicron » s’est substitué à son prédécesseur « delta« , le pourcentage des cas graves parmi les testés positifs a chuté de façon appréciable, celui des décédés de façon spectaculaire.
Outre le fait qu’une très large majorité des hospitalisés pour COVID19 soient porteurs de co-morbidités, entre 75 et 90% de ceux des derniers mois ne sont pas vaccinés (ou incomplètement). Ainsi, si les personnes vaccinées représentent deux tiers de la population, elles ne représentent qu’un cinquième des hospitalisés. On ne connaît pas les nombre de vaccinés parmi les cas graves pour renforcer la campagne de vaccination car, si celle-ci permet de mieux combattre la maladie, avec une immunité variable d’un individu à l’autre, elle ne l’empêche pas de transmettre le virus aux personnes moins immunisées, surtout les non vaccinées.
Se vacciner, c’est d’abord se protéger soi-même dès aujourd’hui en attendant l’immunité collective de demain mais on protège les autres dès aujourd’hui avec les mesures barrière prises.
Puisque « omicron » se transmet beaucoup plus facilement que « delta« , nous avons eu une croissance du nombre de cas actifs plus rapide que celle de Aïd El Adha 2021. Avec un vaccin qui semble garder la même efficacité à protéger contre l’aggravation des cas que contre « delta« , cette nouvelle vague devrait durer moins longtemps car elle privilégierait plus que les 12 millions de non vaccinés du Maroc. Même si la capacité d’accueil des hôpitaux a été saturée en août 2021, cela s’est produit avec seulement un 1/3 de la population vaccinée. La réduction de « l’espace de contamination » par les 2/3 de vaccinés d’aujourd’hui devrait prémunir contre la saturation des 3’000 lits COVID19 du Maroc. Limiter les contacts en bridant l’économie et l’éducation perd tout son sens.
ÉLÉMENTS D’APPRÉCIATION DE L’ÉVOLUTION DES DERNIERS CHIFFRES
Tableau 2 Chiffres hebdomadaires des deux dernières semaines et prévisions à quatre semaines
Même si le Tableau 2 parle de lui-même, nous noterons seulement que le taux de progression national est passé en dessous de l’unité depuis le 26/01 et que celui de Casablanca l’était déjà depuis le 16/01, ce qui signifie que nous continuons la grande baisse du nombre de nouveaux contaminés : ceci est montré par les courbes rouges des graphiques de la Figure 1 ainsi que par l’augmentation du nombre de Provinces en régressions de la courbe bleue du graphique de gauche de la même Figure 1.
Le taux de progression national relève légèrement la tête, entraîné par Casablanca. Toutefois, il est encore tôt pour dire si la cause est une nouvelle vague ou une simple cause circonstancielle.
Figure 1 Evolution du taux de progression de l’épidémie au national (gauche) et à Casablanca seule (droite)
De même qu’un taux de reproduction en dessous de l’unité, le rapprochement du nombre de Provinces où l’épidémie régresse du total de 75 est un bon signe. La courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 1 montre que le nombre de Provinces où l’épidémie régresse a commencé à remonter le 15/01 et est proche du total des 75 Provinces.
Le nombre de Provinces où l’épidémie régresse est en train de baisser. Toutefois, il est encore tôt pour dire si la cause est une nouvelle vague ou une simple cause circonstancielle.
RÉPARTITION TERRITORIALE
- La Figure 2 (carte à gauche et classement à droite) montre qu’avec 32’3335 cas détectés par million d’habitants au 20/03 (soit 3.2335% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts entre celui de Casablanca, avec 9.1912% de sa population et celui de Al Haouz, la moins impactée à 0.3538%.
Figure 2 Répartition géographique de l’incidence provinciale totale atteinte le 20/03/2022
- La Figure 3 montre la répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine (carte à gauche et classement à droite). Dans la Figure 3, 30 Provinces sont en blanc car elles ont clôturé la semaine sans nouvelle infection (au lieu de 18 la semaine dernière).
Figure 3 Répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale de la semaine s’achevant le 20/03/2022
- La Figure 4 montre la répartition géographique du taux de progression de l’épidémie (combien un malade peut-il en infecter en une semaine) : l’épidémie régresse (R<1) maintenant 52 sur les 75 Provinces et la progression est insignifiante (R=0) dans 31 d’entre elles, (24 la semaine dernière).
Figure 4 Répartition géographique du taux de progression provincial de la semaine s’achevant le 20/03/2022
VACCINATION
- La Figure 5 montre le nombre de vaccinations hebdomadaires (échelle en vert de gauche) et cumulées (échelle bleue de droite). Le record des nouveaux vaccinés à 1,9 millions a été atteint durant la semaine finissant le 01/08 durant laquelle la logistique avait montré ses capacités hebdomadaires. La baisse de la vitesse de vaccination observée la semaine du 17/10 était remontée pendant 2 semaines (obligation du pass vaccinal) mais est retombée.
Figure 5 Nombre total et hebdomadaire des premières doses de vaccins inoculées (les 2èmes doses sont réservées)
- A la fin de la semaine finissant le 20/03, un total de 23.241 millions d’habitants a reçu la deuxième dose vaccinale. Si les 11.210 millions d’habitants testés étaient représentatifs de la population marocaine, elle comporterait alors 3.9 millions de personnes elles aussi partiellement immunisées par contamination. L’immunisation par vaccination et par contamination se sont superposées pour limiter « l’espace de contamination » à tel point que même la rentrée scolaire n’a pas été visible.
PRÉVISIONS DES DÉPISTAGES, CONTAMINATIONS ET DÉCÈS HEBDOMADAIRES
Nos simulations montrent que si les évolutions actuelles se maintiennent, la Maroc atteindrait 1.168 millions d’infections avérées (sans doute 3.8 millions réelles) et moins de 16’180 morts.
- Nos simulations montrent que le taux de positivité hebdomadaire (voir graphique en haut à gauche de la Figure 6), devrait descendre à 0.25% dans quatre semaines (dernière colonne du Tableau 2).
Figure 6 Hebdomadairement : taux de positivité (haut gauche), tests (haut droite), contaminations (bas gauche) et gravité
- Si les tests de dépistage évoluent au rythme indiqué sur le graphique en haut à droite de la Figure 6 et les prévisions suivent le taux de positivité indiqué sur le graphique en haut à gauche de la Figure 6, le nombre hebdomadaire de contamination détectées devrait descendre à 121 dans quatre semaines, comme montré dans le graphique en bas à gauche de la Figure 6, la contamination étant en régression dans une très large majorité de Provinces (courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 1).
- Le graphique en bas à droite de la Figure 6 montre une donnée importante à retenir de cette dernière vague, dominée par le variant « omicron » : la baisse inégalée du nombre de cas graves qui a eu lieu pendant le pic de contamination.
PREVISIONS DES DÉCÈS ET GUÉRISONS HEBDOMADAIRES
- Le nombre de décès hebdomadaires devrait descendre à près de 5 dans quatre semaines, comme c’est indiqué par la courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 7.
Figure 7 Evolution du nombre hebdomadaire de décès (à gauche) et de guérisons (à droite)
- Le nombre de guérisons devrait descendre à 357 dans quatre semaines, comme indiqué par la courbe bleue du graphique de droite de la Figure 7.
PREVISIONS DU NOMBRE DE CAS ACTIFS
- Des nombres simulés plus haut (contaminés, guéris et décédés), se déduisent les prévisions du nombre de cas actifs qui devraient descendre fortement dans quatre semaines, comme indiqué par la courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 8 (cette valeur nous semble suspecte et légèrement trop élevée). Il pourrait alors beaucoup moins de cas graves à traiter dans quatre semaines, comme indiqué par la courbe bleue du graphique de droite de la Figure 8.
Figure 8 Evolution des cas actifs en fin de semaine (gauche) dont les cas graves (droite)
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
Références
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx, Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapports quotidiens depuis l’arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx