Bien que la tutelle n’ait jamais évoqué la prise en charge payante des personnes atteintes de Covid, dans les coulisses, le ministère de la santé tente de convaincre les cliniques privées à se convertir en cliniques Covid. La proposition ne semble pas allécher ces dernières. Ce qui est sûr c’est que la prise en charge payante des cas Covid serait une planche de salut pour le système de santé.
Depuis presque 7 mois nos vies sont orchestrées au rythme de notes d’un virus qui a mis sens dessus sens dessous notre existence. En à peine quelques semaines, nous sommes passés d’une situation maîtrisée où on parlait d’une pandémie dépassée à une situation alarmante qui échappe même à tout contrôle. Le système de santé est au bord du gouffre particulièrement dans certaines régions où les compteurs des cas d’infections, des cas graves et des décès explosent.
C’est le cas de Casablanca, la capitale économique du Royaume, qui suffoque poussant les autorités à prendre une décision que tout le monde appréhendait à savoir le renconfinement de la ville. La veille de la rentrée scolaire, la décision est tombée tard dans la soirée comme un couperet. Une décision qui reflète la gravité de la situation épidémiologique : le système de santé est saturé, le corps médical épuisé, les cas graves et décès montent en flèche.
Et au moment où le ministère et les autorités cherchent désespérément un plan de sortie de crise, on se demande où est passé le secteur privé ? Pourquoi l’Etat ne fait-il pas appel au privé pour soulager le public ?
Des questions légitimes eu égard au silence qui règne autour de l’implication du privé dans la lutte contre la Covid. Et pourtant, les cliniques privées s’étaient dites prêtes au début de la pandémie (lorsque la situation était maîtrisée) à se mettre sur la ligne de front pour épauler le secteur public dans cette guerre. Elles avaient même mis à la disposition de l’Etat les infrastructures hospitalières, les équipements notamment les respirateurs ainsi que les ressources humaines nécessaires.
Les cliniques privées disparues des radars
Après le 5 juin, date à laquelle les autorités de la capitale avaient invité les cliniques privées à récupérer les équipements qu’elles avaient précédemment mis à la disposition du Ministère de la Santé, pensant que la pandémie était derrière nous, on n’a plus entendu parler du secteur privé.
Et pourtant c’est maintenant que le Maroc, et plus particulièrement les villes les plus affectées notamment Casablanca ont vraiment besoin du privé pour, au moins, maîtriser la situation épidémiologique. Rappelons que seule Casablanca enregistre environ 45% des cas graves Covid et 42% des cas enregistrés à l’échelle nationale dont 50% sont symptomatiques.
Le ministère cherche désespérément à cerner la situation mais sans faire appel au privé. Du moins c’est ce que nous déduisons faute de précisions de la tutelle à ce sujet.
Pour plus d’éclairage, nous avons contacté Redouane Semlali, président de l’Association nationale des cliniques privées qui a affirmé qu’il y a toujours une coordination entre le secteur privé et les autorités pour la lutte contre la pandémie.
« Depuis 3 à 4 semaines, le secteur privé contribue notamment à travers 2 cliniques qui sont dédiées à la prise en charge des cas Covid. Il s’agit de la Clinique Vinci (payante) et celle de Ziraoui qui est équipée par le privé et gérée par le corps médical du privé », a-t-il précisé.
Bien que la tutelle n’ait jamais évoqué la prise en charge payante des personnes atteintes de Covid, il semble que dans les coulisses, le ministère de la santé tente de convaincre les cliniques à se convertir en cliniques Covid. En d’autres termes, se consacrer exclusivement à la prise en charge payante des malades Covid.
« Il nous a été demandé si des cliniques veulent se convertir en cliniques Covid à titre privé. Ce qui pose problème dans la mesure où les cliniques n’ont pas l’expertise nécessaire pour prendre en charge les malades Covid hormis la clinique Vinci qui compte deux infectiologues. Et d’autre part parce que cette prise en charge risque de condamner la prise en charge des autres maladies non-covid », nous a précisés le président de l’ANCP.
Indirectement les cliniques privées déclinent la proposition de l’Etat d’entrer dans le circuit Covid et ce bien que la prestation soit payante. La question qui s’impose : face à cette situation épidémiologique qui dégénère est-il judicieux de la part du secteur privé de refuser de prendre une part de responsabilité ?
Une réunion s’est tenue aujourd’hui mardi 8 septembre entre le Wali de la région de Casablanca, le ministre de la Santé, celui de l’Industrie ainsi que le secteur privé et a porté sur la stratégie à adopter face à l’augmentation vertigineuse des cas au niveau de Casablanca. Aujourd’hui il est important de déployer tous les moyens nécessaires pour stopper la propagation de la pandémie. Et cela passe par l’implication irrévocable du privé..
En effet, les personnes assurées doivent bénéficier de leur assurance pour le traitement de cette maladie qui doit désormais être traitée comme toute autre maladie. « Nous avons même demandé que la Covid soit à déclaration obligatoire voire même considérée comme une maladie professionnelle afin que le personnel de santé du privé (qui ne bénéficie toujours pas de couverture sanitaire) soit couvert en cas de contamination », a précisé Dr My Said Afif.
Rappelons que la CNOPS après avoir annoncé dans un premier temps le non remboursement des frais des prestations thérapeutiques liées à la pandémie de la Covid-19, s’était rétractée. Après consultations avec le ministre des Finances et avis de l’ACAPS, la CNOPS a fini par intégrer la prise en charge Covid dans la liste des prestations remboursées.
Sauf que jusqu’à présent on ne sait pas plus sur les procédures qui seront adoptées pour en bénéficier ni si les autres organismes notamment la CNSS et les compagnies d’assurance si elles vont également intégrer la prise en charge Covid dans leurs prestations.