Des signes d’un redressement des échanges ont pu être observés au début de 2023. L’indice des directeurs d’achats (PMI) mondial de J.P. Morgan, est revenu à sa valeur de référence de 50 en février, ce qui tend à indiquer que la croissance de la production mondiale s’accélère.
Le sous-indice des nouvelles commandes à l’exportation, qui prédit plus directement les volumes des échanges, a lui aussi augmenté mais est resté inférieur à la valeur de référence en mars dernier.
Les PMI préliminaires pour les Etats-Unis et la zone euro en mars indiquent des reprises plus fortes de la demande, ce qui stimulerait le commerce mais alimenterait aussi l’inflation.
Les pressions inflationnistes mondiales ont semblé s’atténuer, comme en témoigne la chute des sous-indices des prix des intrants et des prix à la production qui font partie du PMI. Les sous-indices représentant les délais de livraison et les stocks de produits finis sont également revenus à la normale en février, ce qui donne à penser que les problèmes de chaîne d’approvisionnement avaient été pour la plupart résolus.
En tenant compte de ces indices et des prévisions concernant le PIB, la croissance du volume du commerce des marchandises en 2023 pourrait se situer entre -2,8% et 4,7% selon l’OMC.
L’expansion du commerce en 2023 devrait être freinée par la guerre en Ukraine, l’inflation obstinément élevée, une politique monétaire plus rigoureuse et l’incertitude financière. L’augmentation modeste projetée, en moyenne de 1,7% du commerce mondial en 2023 masque des changements importants entre les régions.
L’Amérique du Nord devrait connaître la plus forte croissance des exportations de marchandises en 2023 (3,3%), suivie par la CEI (2,8%), l’Asie (2,5%) et l’Europe (1,8%). Les exportations du Moyen-Orient (0,9%) et de l’Amérique du Sud (0,3%) devraient croître plus faiblement, tandis que celles de l’Afrique devraient diminuer (-1,4%).
La région CEI devrait enregistrer la croissance des importations la plus rapide en 2023 (14,9%), étant donné la base réduite en 2022, année qui a marqué une chute des achats de la région de 13,5%.
Elle devrait être suivie par l’Afrique (5,6%) et le Moyen-Orient (5,5%), dont les exportations ont été stimulées en 2022 par l’augmentation des recettes tirées des exportations de ressources naturelles.
Les importations de l’Amérique du Nord, de l’Amérique du Sud et de l’Europe devraient toutes se contracter en 2023 (-0,1%, -1,6% et -0,6%, respectivement) en raison de la baisse de la demande intérieure. Il convient cependant de noter que la région « Europe » inclut l’Ukraine, dont les exportations et les importations ont chuté brutalement en 2022 (de 33% et 23%, respectivement) et ne se sont pas encore redressées.
En 2024, la croissance du commerce devrait rebondir à 3,2% et celle du PIB à 2,6%. Toutefois, cette estimation est teintée d’une incertitude plus forte que d’habitude en raison de l’existence d’importants risques de détérioration, y compris les tensions géopolitiques croissantes, l’insécurité alimentaire mondiale, la possibilité de répercussions imprévues du durcissement de la politique monétaire, les risques affectant la stabilité financière et l’augmentation des niveaux de dette.
De nouvelles hausses surprises de l’inflation pourraient entraîner des augmentations de taux plus importantes, lesquelles risqueraient d’engendrer une contagion financière plus large qui réduirait la production et le commerce.