Ecrit par Lamiae Boumahrou |
La Fédération Nationale des propriétaires, commerçants et gérants des Stations de Service au Maroc revient à la charge pour dénoncer les pratiques des pétroliers qui enveniment le secteur des hydrocarbures. Le ministère de l’Energie s’apprête à faire de la médiation en prévoyant une réunion entre le Groupement des pétroliers et la Fédération.
Le secteur des hydrocarbures au Maroc continue de faire parler de lui. Mais cette fois-ci pour d’autres raisons que l’entente sur les prix des hydrocarbures ou la non-application des fluctuations internationales du prix du pétrole sur le prix à la pompe.
Ce sont les stations-service qui reviennent à la charge pour dénoncer plusieurs pratiques qui non seulement leur portent préjudice mais sont également responsables du déséquilibre du marché. C’est lors de l’Assemblée générale ordinaire et élective de la Fédération Nationale des propriétaires, commerçants et gérants des Stations de Service au Maroc, tenue ce 27 avril, que le doigt a été mis sur la plaie. Plusieurs pratiques empoisonnent la relation pétroliers stations-service.
Parmi les points soulevés lors de l’Assemblée, les propositions de la Fédération sur la loi des hydrocarbures. Une loi qui diverge la tutelle, ministère de l’Energie, et les opérateurs du secteur. Et pour cause, ces derniers tiennent à une de leurs revendications à savoir la révision des contrats entre les compagnies pétrolières et les propriétaires des stations-service.
La Fédération signe et persiste sur la nécessité d’instaurer la liberté contractuelle des contrats. Elle déplore également l’octroi des permis par la tutelle de façon préférentielle à la partie forte dans un mariage qui désavantage la partie faible.
« Nous estimons que la tutelle doit rester neutre en octroyant les permis à des investisseurs sans aucune contrainte de liaison avec les sociétés de distribution. Rappelons que les propriétaires et les gérants sont tenus par des contrats exclusifs avec un seul distributeur qui, en quelque sorte, impose ses propres conditions et règles », précise la Fédération.
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L’investisseur devrait avoir le libre choix de conclure un contrat, dans le cadre de libre concurrence, avec la meilleure société tout en respectant les distances réglementaires et les cahiers des charges ainsi qu’en ayant le droit de mettre fin automatiquement au contrat une fois la durée achevée ou dans le cadre d’un jugement judiciaire. Le but selon la Fédération étant de garantir les droits de tout un chacun en cas de changement de la couleur ou de l’enseigne commerciale d’une part et d’autre part maintenir l’envie d’investir dans ce secteur.
Les pétroliers à nouveau pointés du doigt
Contacté par nos soins Jamal Zrikem, reconduit à l’unanimité à la tête de la Fédération nationale des propriétaires, commerçants et gérants des stations–service, nous a précisés que le plus urgent aujourd’hui est de tenir une rencontre avec le Groupement des pétroliers du Maroc (GPM) pour tenter de trouver une solution à tous les problèmes en suspens.
« Nous avons déjà saisi le GPM par courrier l’invitant à se mettre autour d’une table pour discuter et sortir avec des résolutions. A préciser que le ministère de tutelle va organiser cette rencontre entre la Fédération et le GPM », nous a-t-il affirmés.
Le ministère de l’Energie jouera ainsi d’intermédiaire entre les deux parties pour trouver un terrain d’entente. Les deux parties ont été contactées pour l’organisation de cette réunion dont la date n’a toujours pas été fixée. On apprend que le ministère a déjà tenu une réunion avec le groupement des pétroliers.
Cela dit, les revendications qui seront à l’ordre du jour de cette réunion pour mettre de l’ordre dans le secteur et pour plus de transparence sont multiples.
Outre les contrats, la Fédération a rappelé, lors de son assemblée, l’obligation d’utiliser les compteurs qui permettent de compenser les volumes perdus au moment du déchargement. « La Fédération est parvenue à imposer l’utilisation, par la force de la loi, des compteurs après une bataille de plusieurs années. Le défi qui reste à relever est de définir comment compenser les pertes », a précisé la Fédération.
Autre pratique anticoncurrentielle dénoncée par cette dernière et pas des moindres, la vente des produits pétroliers par certains pétroliers aux camions citernes à des prix préférentiels ce qui leur permet de se positionner sur le marché intérieur à des prix excessivement bas.
La Fédération a saisi tous les départements ministériels concernés pour dénoncer cette pratique qui porte préjudice à leur intérêt économique en l’absence d’un cadre juridique et du retard qu’accuse l’adoption des décrets d’application par la tutelle.