Chaque jour qui passe éclate une affaire de corruption qui secoue l’opinion publique et le milieu des affaires à telle enseigne que l’on se demande si l’instance de lutte contre la corruption mise en place, il y a un peu plus d’un an, est vraiment dotée de tous les pouvoirs et les moyens nécessaires pour éradiquer ce fléau. Les cas dénoncés, pour se limiter aux plus récents, mettent en évidence jusqu’à quel degré notre économie est prise dans l’étau de ce fléau endémique. Malheureusement, la situation est plus complexe et les exemples de corruption sont légion et embrassent un nombre important des affaires et de secteurs. Des responsables publics, corrompus jusqu’au cou, monnayent sans aucun scrupule leurs services pour lesquels ils sont rémunérés, pour des sommes pharamineuses.
A la suite de tous les faits divers, comme tout le monde s’y attendait, l’indice de perception de corruption, indicateur mondial de la corruption n’a fait que se détériorer en 2019. Le Maroc est tombé à 41 points occupant ainsi le 80 ème rang sur 180 pays. Et pourtant le jour même de la sortie du rapport, le Chef de gouvernement, comme si de rien n’était, rappelle lors de la séance mensuelle consacrée à la politique générale, devant la Chambre des conseillers de l’aboutissement de lutte contre la corruption. Il commente par ailleurs comment lesdits efforts pourraient-ils améliorer le climat des affaires et, partant, attirer le plus d’investissements.
Et dire que malgré les réformes déployées, le Maroc n’arrive pas à drainer le volume des IDE comparativement à des pays à développement comparable tout en liant les dessous de la baisse à une conjoncture internationale morose, c’est tout simplement un leurre. Arrêtons de nous voiler la face et de prendre nos désideratas pour des réalités, nombreuses sont les entreprises étrangères qui conditionnent l’appel à un marché public par leurs filiales en fonction de l’indice de corruption du pays. A l’heure où le Maroc souhaite adopter un nouveau modèle de développement, il est toujours utile de rappeler que la corrélation entre la corruption et le développement économique est démontrée à maints égards.
Des évidences qui exhortent à durcir le contrôle et les sanctions pour limiter un tant soit peu les dérapages. Parce que si les grandes affaires éclatent au grand jour, les petits dessous-de-table continuent à gangrener les services les plus élémentaires auxquels a droit le citoyen. Un citoyen déjà matraqué par la cherté du coût de la vie et ne savant plus à quel Saint se vouer. L’Arab Barometer a révélé dans son édition de 2019 que 46% des Marocains considèrent qu’il faut corrompre pour bénéficier de meilleurs services éducatifs. Pis encore, 64% des personnes sondées annoncent qu’il est nécessaire de verser un pot de vin pour obtenir de meilleurs services de santé… Des chiffrent qui en disent long sur le calvaire que vivons, nous Marocains, au quotidien et qui révèlent que le Maroc a encore du pain sur la planche pour vaincre à la racine ce fléau qui gangrène l’économie. On n’a eu cesse de le dire : Le Maroc a besoin d’un réel changement de cap pour favoriser une croissance économique durable, saine et soutenue. A bon entendeur !
Lire également : CORRUPTION : 6 ANS DE PRISON FERME POUR UN RESPONSABLE À LA WILAYA DE MARRAKECH-SAFI