La pandémie a fait des ravages en frappant fort des secteurs stratégiques de l’économie. Cette situation n’a pas laissé indifférentes aussi bien les institutions nationales qu’internationales qui n’ont pas tardé à réviser leurs prévisions pour l’année 2020 à la baisse. Outre les institutions, les analystes, les conjoncturistes et les économistes ont fait le focus sur le comportement des secteurs dans un contexte de crise sanitaire.
Dans une étude récente, Attijari Gobal Research (AGR) a passé au peigne fin quelques secteurs de l’économie. Nous nous sommes arrêtés sur les télécoms, l’agroalimentaire et l’automobile.
Télécoms : Une performance de la Data mobile
Ce secteur représenté en Bourse par l’opérateur historique Maroc Telecom avec plus de 23% de la capitalisation du marché. En analysant les risques pouvant peser sur le secteur dans ce contexte de crise sanitaire, il ressort de la présente étude que le prolongement de la pandémie pourrait peser sur le budget de consommation des ménages et par conséquent, sur la part allouée aux dépenses en télécommunications. La fermeture des frontières devrait par ailleurs avoir un impact significatif sur l’activité du Roaming. Néanmoins, les analystes évoquent certaines assurances qui peuvent avoir un impact positif sur l’activité. Ils citent à cet effet que historiquement, les périodes de crise sont favorables à une forte augmentation du trafic des opérateurs télécoms. Aussi, la Data Mobile devrait croître de manière importante durant la période de confinement, voire même au-delà. A ce titre, une hausse du trafic Data d’au moins 50% au S1-20 contre 37% au S1-19 serait possible.
Agroalimentaire : un changement de paradigme lié à la sécurité alimentaire
En diagnostiquant le secteur de l’agroalimentaire, les analystes de AGR s’intéressent à deux entreprises à savoir Cosumar et Lesieur qui représentent plus de 68% dans la capitalisation du secteur et environ 70% des bénéfices agrégés. Ils appréhendent une baisse généralisée des cours des produits alimentaires en raison du repli de la Demande. « Cette tendance baissière est justifiée entre autres par la contraction de la consommation hors domicile en raison du confinement strict imposé par la majorité des pays touchés par la pandémie du Covid-19 », expliquent les analystes de AGR.
Ils restent pour autant confiants pour différentes raisons : valeur aujourd’hui, l’approvisionnement en matières premières, la transformation et la distribution se déroulent de manière normale. Ils le sont également face à une hausse importante de la demande locale en huile et en sucre depuis mars 2020 suite à un effet de stockage des biens de première nécessité. Un réajustement de la consommation est pour autant attendu à compter du 2ème trimestre 2020.
Au terme de cette crise sanitaire, le secteur agroalimentaire devrait gagner en importance stratégique et ce, pour trois raisons. Premièrement, cette activité affiche une solide résilience à travers un maintien des composantes Offre/Demande. Deuxièmement, le secteur est un pourvoyeur d’emplois. Troisièmement, des opportunités à l’export émergent à l’international liées aux nouvelles priorités de sécurité alimentaire.
Pour l’année 2020, nous relevons : Cosumar : la campagne sucrière 19/20E devrait ressortir similaire à celle de 18/19, au-dessus des 570 KT. En effet, les rendements des 1ères cultures ressortiraient meilleurs que prévu au niveau de l’ensemble des régions à l’exception de Doukkala. Aussi, la capacité à l’export atteindrait les 600 KT et ce, en fonction des opportunités à l’international ;
Lesieur Cristal : l’opérateur devrait bénéficier d’un effet volume positif, limitant la baisse des prix de vente de l’huile de table dans un marché local concurrentiel. Le scénario d’une consolidation des résultats est envisageable en 2020.
Automobile : un retour à la normale à compter de T2-2021
La distribution automobile est représentée en Bourse par Auto Hall qui pèse plus de 56% de la capitalisation du secteur coté. En 2019, l’opérateur était sur une bonne dynamique comme en attestent ses indicateurs financiers : un RNPG et un EBE en hausse respectivement de 6% et de 4,3% par rapport à 2018.
Parmi les facteurs de risques, les analystes évoquent l’effondrement de la demande impliquant un arrêt quasi-total des activités commerciales de l’ensemble des opérateurs. Durant cette période de confinement, ils ne réaliseraient qu’entre 10 et 20% de leur CA normatif. Outre ce qui précède et chiffres à l’appui, les ventes de voiture ont chuté de 61,7% en mars 2020 avec une perspective de baisse encore plus prononcée à compter d’avril 2020. Nous pouvons citer également la fermeture des usines de constructeurs en Europe qui risque de générer des perturbations en termes d’approvisionnement post-crise sanitaire. Par-dessus le marché, ils notent une appréciation de l’euro face au dirham de plus de 4% depuis le début de l’année exerçant une forte pression sur les marges des distributeurs au Maroc.
En matière de prévisions 2020, le secteur de la distribution automobile fait face à une problématique de demande en raison du confinement strict. Selon leurs prévisions, même après le confinement, les ventes de voitures auront du mal à redémarrer rapidement et ce, pour deux raisons :
- L’acte d’achat de voiture ne constituerait pas durant la phase post-crise une priorité pour l’ensemble des ménages ;
- La fermeture des usines des principaux constructeurs en Europe aurait forcément un impact sur le rythme d’approvisionnement des distributeurs au Maroc durant l’année 2020.
Le scénario préliminaire anticipe un éventuel retour à la normale des ventes de véhicules à compter du T2-2021. Ainsi, les ventes totales pourraient êtres divisées par deux fois passant d’un niveau normatif de 170K à 90K en 2020. Il s’agirait d’un repli important de -47%.