L’après Covid-19 sera marqué par un élément clé à savoir le protectionnisme. Cela va se traduire par des chaines de valeurs plus courtes, des règles plus strictes sur les acquéreurs étrangers, de possibles nationalisations.
Allianz Maroc a organisé récemment un webinaire sur l’économie marocaine à l’épreuve de la pandémie. Ce webinaire était animé par Yacine Ben Ameur, Directeur des Engagements d’Euler Hermes Acmar, de Selin Ozyurt, Sénior économiste et Loubna El Ghazouali, Responsable Souscription Santé, Prévoyance et Accident de Travail, Allianz Maroc.
D’emblée, il a été rappelé que bien avant le Covid19, les entreprises de par le monde faisaient face à un niveau record d’incertitudes liées aux chocs politique, monétaire et fiscal. Ajoutons à cela la guerre sino-américaine qui s’est traduite par un protectionnisme commercial qui n’est pas exempt d’incidences sur les économies et, par ricochet, sur les entreprises.
Avec la pandémie, l’impact sur les entreprises toutes tailles confondues est encore plus brutal.
Les analystes d’Euler Hermes annoncent que les secteurs du pétrole et du gaz et des automobiles et pièces détachées ont été les grands perdants de la pandémie de Covid-19. « En conséquence, et en fonction de leurs performances, les marchés des actions et du crédit continuent de considérer ces deux secteurs comme les plus risqués à investir. À l’autre extrémité du spectre des risques, la technologie reste le secteur refuge, son récent re-risque étant moins prononcé que celui de ses pairs », tiennent-ils à préciser.
A ce titre, ils prévoient deux trimestres de récession dans les échanges de biens et de services (T1 et T2), ce qui portera le chiffre annuel à -15 % en 2020. En valeur, l’effondrement des prix des matières premières et la hausse du dollar pèseront sur les prix. La CNUCED prévoit une baisse des flux mondiaux d’IDE de jusqu’à -40% sur 2020-2021.
L’après Covid sera marqué par un élément clé à savoir le protectionnisme. Cela va se traduire par des chaines de valeurs plus courtes, des règles plus strictes sur les acquéreurs étrangers, de possibles nationalisations.
En dressant un tableau très mitigé, EH s’attend à ce que les chocs de l’offre et de la demande suite au confinement poussent l’économie mondiale en récession au premier semestre 2020 (quatre fois le creux enregistré lors de la crise financière mondiale). Une reprise en U par la suite est prévue soutenu par des mesures de relance.
En matière de faillites, 13.000 PME dans les six plus grands pays de la zone euro risquent de faire faillite après une très faible rentabilité et une croissance du chiffre d’affaires persistantes.
Quel impact sur le Maroc ?
La forte dépendance du Maroc de l’Europe augure des effets négatifs importants sur l’économie marocaine. En effet, l’UE représente plus de 58% des exportations marocaines, 59% du stock d’IDE, 70% des recettes touristiques et 69% des transferts des MRE. Des secteurs orientés à l’exportation ont été terriblement affectés durant cette pandémie. Le défi est donc de résister au choc de la demande et d’offre lié à la crise sanitaire, à la fois localement et dans les pays clients.
Les répercussions se font également sentir sur les délais de paiement. Près de 61,6% des entreprises s’attendent à un changement des délais de paiement d’au moins 60 jours après la reprise. « Le choc d’activité, en s’ajoutant aux difficultés structurelles pré-existantes, risque de mener à une détérioration des conditions de paiement, justifiant une hausse des défaillances au Maroc », annonce EH.
A ce titre, une contraction de la croissance économique de 3,9% est prévue en 2020. Un rebond de 5% serait possible en 2021 suite à une normalisation des récoltes céréalières, une reprise des projets d’infrastructures, une expansion du secteur manufacturier et une reprise progressive de la demande mondiale et de l’activité du tourisme.
Les défis qui se posent pour le Maroc dans cette conjoncture sont :
A court terme : absorber ce choc majeur sans précédent, en apportant du soutien aux plus vulnérables (travailleurs informels, PMEs, TPEs) pour préserver le tissu économique et la cohésion sociale.
A moyen terme
- Continuer à investir dans le domaine des infrastructures ;
- Poursuivre les réformes structurelles dans un contexte où l’urgence sociale va requérir plus de fonds au détriment peut-être des mesures qui visaient à améliorer la compétitivité de l’économie ;
- Poursuivre la diversification de l’économie et l’expansion du secteur manufacturier pour maintenir l’attractivité du pays aux investisseurs ;
- Stabiliser la dette publique. Cette dernière est attendue à 66,8% du PIB en 2020.
Lire également : Croissance économique : un fléchissement substantiel de – 3.2% du PIB en 2020 (CMC)