Le Conseil de BAM coïncide avec 8 mois depuis l’entrée en vigueur de la réforme de la flexibilité du DH. L’occasion pour le Wali de Bank Al-Maghrib de défendre la pertinence de cette réforme et de se défendre de toute ingérence extérieure. La deuxième phase sera décidée avec le marché.
Le cours du dirham s’est apprécié de 1,9% contre l’euro sur les 8 premiers mois de l’année et s’est déprécié de 0,9% vis-à-vis du dollar américain, c’est ce qui ressort de la réunion du conseil de Bank Al-Maghrib tenu ce 25 septembre.
Dans ces conditions, le taux de change effectif s’est apprécié, au cours du deuxième trimestre, de 1,4% en termes nominaux et de 0,9% en termes réels. L’occasion pour le Wali de BAM de se féliciter de la pertinence de cette décision de flexibilité, le DH ayant continué à évoluer dans l’ancienne fourchette malgré l’élargissement des bandes de fluctuation. « Ce qui montre que le DH n’était pas désaligné ! », répète encore une fois Abdellatif Jouahri qui n’a pas raté cette opportunité pour rappeler et insister que cette décision n’a pas été insufflé au Maroc par des institutions internationales. Il a d’ailleurs rappelé que la banque centrale reste à l’écoute des acteurs et du marché pour évaluer cette première phase. « Nous tiendrons compte du marché et nous déciderons ensemble quand passerons-nous à la deuxième phase », assure-t-il. D’ailleurs la réunion semestrielle du Wali de la banque centrale avec les présidents de banques est prévue en novembre.
Au niveau des finances publiques, les données arrêtées à fin août font ressortir un déficit budgétaire de 27,8 milliards de dirhams, en creusement de 1,9 milliard par rapport à la même période en 2017. Les dépenses globales se sont alourdies de 2,2%, reflétant principalement l’augmentation des dépenses de biens et services et des transferts aux collectivités territoriales. Parallèlement, la progression des recettes ordinaires s’est limitée à 0,4%, recouvrant une amélioration des recettes fiscales et une baisse de celles non fiscales. Dans ces conditions, la prévision de BAM pour le déficit budgétaire a été revue à la hausse à 3,7% du PIB en 2018. En 2019, ce déficit reviendrait à 3,3% du PIB, sous l’hypothèse de la poursuite des efforts de maîtrise des dépenses et de mobilisation des ressources.
Le Wali de BAM qui s’exprimait lors du point de presse tenu juste après le conseil, a rappelé les objectifs du gouvernement, plus particulièrement du ministère des Finances à maintenir le déficit vers 3% et l’endettement à 60% à l’horizon 2020-2021. Pour lui, il est important de s’inscrire dans un cercle vertueux grâce aux différentes réformes, au lieu d’opter pour la politique de la planche à billet, allusion faite à l’Algérie qui a opté par la solution de facilité.
En termes de prévisions de croissance, sur la base des dernières données des comptes nationaux relatives au premier trimestre 2018, le conseil évoque un ralentissement en glissement annuel de la croissance de 3,5% à 3,2%, recouvrant une décélération de 14,8% à 2,5% de la progression de la valeur ajoutée agricole et une amélioration du rythme des activités non agricoles de 2% à 3,4%. Ces tendances devraient se poursuivre à moyen terme, la croissance nationale devant revenir, toujours selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, de 4,1% en 2017 à 3,5% en 2018 et à 3,1% en 2019.
Plus en détail, la valeur ajoutée agricole s’accroîtrait de 5,1% cette année mais connaîtrait, sous l’hypothèse d’une campagne agricole normale, un recul de 1,6% en 2019. Les activités non agricoles poursuivraient pour leur part leur redressement, avec une croissance de 3,3% en 2018 et de 3,7% en 2019. S’agissant des comptes extérieurs, les données préliminaires des huit premiers mois de l’année indiquent une poursuite de la dynamique des exportations, portée par l’amélioration des ventes du secteur automobile et des phosphates et dérivés. Leur progression atteindrait, selon les estimations de BAM, 8,2% au terme de cette année et devrait décélérer à 6,8% en 2019. En parallèle, tiré principalement par une hausse des achats de biens d’équipement et un alourdissement de la facture énergétique, le rythme des importations devrait ressortir à 7,3% sur l’ensemble de l’année avant de ralentir à 3,4% en 2019. Pour leur part, après des augmentations notables en 2017, les recettes de voyages et les transferts des MRE devraient connaître une quasi stabilité en 2018 et s’accroître de près de 4% en 2019. Tenant compte d’entrées de dons des partenaires du CCG prévues à 4,8 milliards de dirhams cette année et à 2,1 milliards l’année prochaine, le déficit du compte courant se creuserait à 4% du PIB en 2018 et s’atténuerait à 3,7% en 2019. Les réserves internationales nettes devraient quasiment se stabiliser à près de 240,8 milliards de dirhams à fin 2018 et atteindraient 252,3 milliards au terme de 2019. Leur couverture en mois d’importations de biens et services se situerait ainsi à 5 mois et 10 jours puis à 5 mois et 18 jours respectivement.
Concernant les banques participatives, le Wali a survolé rapidement les performances de l’activité avec un encours de 2,4 milliards de DH essentiellement réalisé par la Mourabaha immobilière (200 MDH pour la Mourabaha Auto. Abdellatif Jouahri a rappelé dans ce sens qu’après la crise de liquidité qui se profilait à l’horizon, les banques participatives qui roulaient avec leurs fonds propres, ces dernières étaient autorisées à se refinancer auprès du circuit conventionnel via la Wakala bil Istithmar. Par ailleurs, le Wali de BAM a dévoilé la date de l’émission du sukuk souverain pour le 5 octobre pour un montant d’un milliard de DH à lever sur le marché interne.