Ecrit par Lamiae Boumahrou |
La flambée des cours mondiaux des matières premières, les tensions géopolitiques, la sécheresse…, autant de facteurs qui mettent sous pression le pouvoir d’achat des Marocains et qui remettent sur le devant de la scène l’impératif d’accélérer la mise en place du Registre social unifié (RSU). Reste à savoir si la nouvelle équipe aux commandes en fera une priorité.
Répercussions de la crise sanitaire, tensions géopolitiques, perturbations des chaînes logistiques, flambée des matières premières, sécheresse…, l’année 2022 s’annonce bien plus difficile et compliquée que le plus pire des scénarios.
L’impact de ces facteurs sur le niveau de vie des Marocains commence à se faire sentir avec persistance. Les signaux d’alarme se déclenchent mettant à l’épreuve une paix sociale qui ne tient qu’à un fil. Aziz Akhannouch était loin d’imaginer un début de mandat aussi chaotique. Mais qui a dit qu’être aux commandes d’une nation allait être chose facile.
En effet, le nouvel Exécutif est aujourd’hui face à un défi de taille celui de la hausse spectaculaire du niveau de vie. Certes des mesures ont été prises pour contenir cette flambée notamment le maintien de la suspension des droits d’importation du blé tendre ainsi qu’une subvention additionnelle des matières premières (sucre, gaz et blé tendre).
Mais ces mesures demeurent insuffisantes notamment pour une frange de la population qui arrive à peine à survivre et à joindre les 2 bouts. N’est-il pas temps d’accélérer le processus de mise en place du tant attendu registre social unifié (RSU) ? N’est-il pas temps d’orienter les subventions vers les ménages les plus nécessiteux ? N’est-il pas temps de mettre fin à l’iniquité sociale ?
Car en ces temps durs, il n’est plus concevable de continuer à subventionner indirectement ceux qui ne sont pas dans le besoin. Faut-il rappeler que cette crise sanitaire a fragilisé davantage la classe vulnérable. Malheureusement avec le système de compensation actuel, l’Etat met sur le même pied d’égalité toutes les catégories de la population.
Et pourtant, les 16 Mds de DH alloués à la caisse de compensation devraient être mieux répartis pour mettre fin à cette injustice qui ne cesse de creuser l’écart des disparités sociales et met davantage sous pression le budget de l’Etat.
En effet, avec la flambée inquiétante des cours mondiaux et les tensions entre la Russie et l’Ukraine, pays producteurs de blé, associées à la sécheresse, les prévisions de la compensation pourraient être revues à la hausse.
Pour donner un ordre de grandeur, le prix du blé tendre à l’importation est passé de 290 dollars/Tonne en 2021 (en hausse de 34% par rapport à 2020) à 340 dollars/tonne en 2022.
« Pour que le prix du blé tendre à l’import soit maintenu à 260 DH/quintal au lieu de 350 DH/q, l’Etat va injecter 1, 914 Md de DH additionnel entre janvier à avril 2022 en plus de 1,3 Md de DH de la subvention de la farine locale », a précisé Faouzi Lakjaa lors du point presse à l’issue du Conseil de gouvernement tenu ce jeudi 17 février. Et d’ajouter que pour l’exercice 2022, et sans prendre en considération les prochains développements notamment la crise russo-ukrainienne, l’Etat doit allouer des crédits de 3,844 Mds de DH jusqu’à fin 2022 pour préserver les équilibres.
Même tendance pour le gaz butane, qui est aussi un produit subventionné par l’Etat et dont le prix n’a pas changé depuis 1990 à savoir 3,33DH/Kg.
Le prix du gaz butane entre janvier et le 14 février 2022 est de 854 dollars/tonne alors qu’il était à 530 dollars/t en 2020 et à 509 dollars/T en 2021. Soit une hausse de 60% par rapport à 2020 et 2021, en raison des tensions géopolitiques et des contraintes liées à la pandémie.
« Au Maroc, le prix réel d’une bouteille de gaz de 12 kg est de 130 DH, ce qui signifie que l’État subventionne chaque bouteille avec 90 DH. Du coup, la charge globale de cette subvention est passé de 9 Mds de DH en 2020 à près de 14,6 Mds de DH en 2021, soit une augmentation de 60% », a tenu à préciser Lakjaa. Un chiffre qui risque d’augmenter davantage durant 2022 vu la flambée des prix.
Compte tenu de ces aléas nationaux et internationaux, l’accélération de la mise en œuvre du registre social unifié, qui devait démarrer en 2021, devient une nécessite pour ne pas dire une urgence. C’est dire que le gouvernement a une carte à jouer pour limiter les répercussions de cette conjoncture sur le budget de l’Etat et soutenir les populations de plus en plus vulnérables.