Ecrit par Lamiae Boumahrou |
La responsabilité des intermédiaires dans la hausse des prix agricoles est connue depuis la nuit des temps. Et pourtant, les pouvoirs publiques continuent de faire fi des conséquences de cette intervention sur le pouvoir d’achat des Marocains mais aussi sur l’inflation. Jusqu’à quand va-t-on subir ce sort ?
La hausse des prix des produits alimentaires a remis sur le devant de la scène un problème de fond dont souffre la chaîne de valeur agricole à savoir les intermédiaires. Ces derniers sont depuis plusieurs années responsables du renchérissement des prix des produits agricoles. Ce sont eux qui font la loi du marché et fixent les prix au su et au vu des pouvoirs publics.
Les principaux lésés de cette situation sont les agriculteurs, les petits bien entendu, et les consommateurs finaux qui subissent de plein fouet l’avidité des intermédiaires.
Et pourtant cet état de fait a été pointé du doigt par la plus haute autorité de l’Etat à savoir SM le Roi Mohammed VI.
« …. Par ailleurs, une réflexion doit être engagée sur les meilleurs moyens à mettre en œuvre pour rendre justice aux petits agriculteurs, particulièrement en ce qui concerne la commercialisation de leurs produits, et la lutte vigoureuse contre les spéculations et la multiplication des intermédiaires », Discours Royal d’octobre 2018 devant le Parlement.
Le message est clair comme de l’eau de roche. Et pourtant rien n’est fait pour mettre fin aux pratiques illégales des intermédiaires. La dernière hausse des prix montre l’ampleur de ce fléau qui se répercute considérablement sur le pouvoir d’achat des Marocains ainsi que sur l’inflation.
Dans une déclaration à la presse le président de la COMADER, Rachid Benali, signe et persiste que les intermédiaires sont les principaux responsables de cette hausse. Il a rappelé que la baisse des revenus durant la période post Covid-19 associée aux difficultés d’octroi des crédits ont poussé les agriculteurs à commercialiser leurs produits agricoles avant leur maturité et à des prix très bas.
Profitant de cette vulnérabilité, les intermédiaires achètent à des prix très bas, stockent et par la suite imposent leur propre prix.
La question qui s’impose où en est le gouvernement dans tout ça ? Pourquoi continue-t-il de faire fi de la réalité des choses ? En effet, depuis le déclenchement de cette hausse, qui n’est que la face cachée de l’iceberg, les autorités publiques se sont limitées à des opérations de contrôle menées par les commissions mixtes de contrôle présidées par les walis et gouverneurs au niveau des points de vente et auprès des commerçants. De la poudre aux yeux puisque le vrai problème est ailleurs. Et le gouvernement le sait bien. De qui se moque-t-on alors?
En effet, depuis le début de cette hausse des prix, aucune action n’a été menée par l’Exécutif pour mettre fin à cette mainmise des intermédiaires sur la chaîne de valeur agricole. Le gouvernement a tenté de calmer la grogne sociale en promettant des baisses qui peinent à se concrétiser dans la réalité. Mais sans plus.
Aucune infraction, avertissement ou procès-verbal n’ont été adressés aux intermédiaires. Pour quelle raison le gouvernement n’ose-t-il pas s’attaquer à ceux qui profitent de la vulnérabilité des agriculteurs pour tirer les ficelles de la chaîne de commercialisation agricole ?
Bien évidemment nous ne pouvons apporter de réponse à cette question. Les Marocains continuent et continueront de subir l’inaction de l’Exécutif, censé garantir les droits des citoyens, et d’endurer l’avidité des intermédiaires.
En attendant l’intervention de l’Etat pour mettre fin à l’anarchie, nous ne pouvons que prendre notre mal en patience et subir le sort qui nous est réservé.