Ecrit par Soubha Es-Siari |
Après une dégradation en 2020, année de crise sanitaire, les Investissements Directs Marocains à l’Etranger (IDME) ont renoué avec le trend haussier. Les derniers chiffres publiés par l’Office des changes montrent une ascension de 2011 à 2019. Les volumes provisoires de 2021 reflètent à leur tour une reprise supérieure au niveau de 2019. Toutefois un fort potentiel reste inexploité pour différentes raisons.
En 2007, le plafond d’investissement à l’étranger pour les résidents a été de 30 MDH/an. Ce plafond a par la suite augmenté à 50 MDH pour l’ensemble des continents avec une exception pour l’Afrique dont le plafond est à 100 MDH. L’objectif étant bien entendu d’encourager le partenariat Sud-Sud.
Toutefois cet investissement est conditionné des exigences de la part de l’Office des changes à savoir la tenue d’une comptabilité certifiée par la société en question, l’investissement à l’étranger en lien avec l’activité de la maison mère et que l’entreprise souhaitant investir jouit de 3 ans d’activité.
Entre 2007 et 2018, l’Afrique sub-saharienne a reçu du Maroc un total de 24 972 MDH en flux d’investissement. 30,4% de ces IDME ont été réalisés en Côte d’Ivoire, 21% au Mali, 11,4% au Sénégal, 9,8% au Gabon, 7,5% au Cameroun, 4,3% au Congo, 2,7% au Nigeria, 2,2% au Burkina Faso, le même pourcentage également en Guinée, au Togo, au Bénin et 1,4% en Centrafrique, les 2% restant se répartissant entre sept autres pays africains. 41% des investissements étrangers en Afrique ont été réalisés dans le secteur bancaire, 27% dans l’industrie, 19% dans les télécommunications, 8% dans les holdings, 6% dans les assurances, 6% dans l’immobilier, 3% dans les autres secteurs des services, 2% dans le commerce, 1% dans les énergies et les mines et 1% dans le transport.
Les derniers chiffres disponibles auprès de l’Office des changes révèlent que le total des IDME (Afrique et Hors Afrique) entre janvier et septembre 2021 a renoué avec la croissance s’établissant à 13.140 MDH contre 7.773 MDH à fin 2020, année de crise sanitaire. En 2019, les IDME s’établissaient à 10.988 MDH. Le tableau récapitulatif des IDME de 2011 à 2019 montre un rythme d’évolution ascendant.
L’Afrique se taille la part du lion
La répartition des investissements par continent fait ressortir que l’Afrique se taille la part léonine. Ainsi en 2019, le volume de l’investissement en Afrique se chiffre à 7 Mds de DH (63%) contre 4 Mds de DH hors Afrique soit 36%.
Aussi, sur 2020 (chiffres disponibles sur les 9 premiers mois) la même tendance est-elle confirmée avec 5 Mds de DH en Afrique et 2,5 Mds de DH dans les autres continents.
Et pour cause : l’Afrique est l’une des régions du monde où la croissance a été la plus rapide au cours de la dernière décennie. Certains pays ont enregistré des taux de croissance très élevés au cours de ces récentes années (Rwanda, Burkina Faso, Sénégal, Ethiopie notamment). Presque la moitié des trente pays dans le monde qui ont enregistré les plus hauts taux de croissance ces dernières années sont des pays d’Afrique sub-saharienne.
Aussi avec le relèvement du plafond des investissements marocains en faveur du continent africain, le Maroc a vu juste eu égard aux opportunités qu’offre la ZLECAF. Cette zone intercontinentale offre la meilleure chance de dé-segmenter les différents marchés, de stimuler les échanges interafricains et d’attirer des IDE.
Cependant, ces nombreuses opportunités ne doivent pas masquer un certain nombre de problématiques structurelles inhérentes à l’Afrique subsaharienne et qui entravent pour partie son potentiel de développement. Il s’agit, à titre d’exemple, du problème de la criminalité et de la sécurité, du haut degré de corruption, d’un environnement des affaires peu sécurisant pour les investisseurs. Ce sont autant de facteurs à prendre en considération dans les politiques publiques de ces pays afin d’améliorer l’attractivité en termes d’IDE.
Quid du retour sur investissement ?
La question qui se pose d’emblée après avoir brossé le panorama des IDME est quel impact sur le Maroc ?
Le retour sur investissement est en moyenne entre 2 et 2,5 Mds de DH/an soit entre 17% et 30%. Ce qui dénote d’un effet positif sur l’économie marocaine.
Tout cela n’empêche pas de dire que l’investissement marocain à l’étranger n’est pas une mince affaire et que le parcours est semé d’embûches (réglementation du pays d’accueil, la double imposition…). D’où la nécessité pour l’investisseur d’être bien accompagné pour éviter les surprises. Comme tout investissement, il faut savoir saisir les opportunités et avoir les visions sur le moyen et long terme. La course aux profits dans le court terme n’est surtout pas conseillée.
L’investissement à l’étranger nécessite par ailleurs une maîtrise du savoir-faire chez soi avant de penser à l’exporter.
Lire également : IDME : le secteur bancaire occupe le 1er rang talonné par l’Immobilier