Ecrit par la Rédaction |
La corruption continue de gangréner l’économie nationale entraînant dans son sillage des pertes colossales sur tous les plans. Et pourtant une stratégie a été mise en place depuis 2016. Les conjoncturistes appellent les pouvoirs publics à afficher une réelle volonté d’activer les lois en vigueur.
Depuis 2016, le Maroc a mis en place une stratégie de lutte contre la corruption avec comme leitmotiv de renverser la tendance irréversible et visible et renforcer la confiance du citoyen. Le but étant par ailleurs d’améliorer l’attractivité du Maroc à l’international.
Les objectifs spécifiques sont, à l’horizon 2025, d’atteindre un score IPC de 60%, de gagner 25 places au Doing Business et 20 au classement WEF (Global Competitiveness Index). « Il est à ce titre à signaler que le classement DB a été supprimé par la Banque Mondiale en 2021 », rappellent les analystes du CMC dans un papier sur la corruption.
Ils rappellent également que cette stratégie est axée autour de 5 piliers phares et 16 axes stratégiques qui sont les suivants :
Le volet « gouvernance » avec comme objectif d’établir une gouvernance reconnue par son intégrité et son intransigeance par rapport à tout écart d’éthique,
le volet «prévention» en veillant à promouvoir un cadre approprié visant à résorber les activités de corruption,
le volet « répression » en veillant à anéantir les incitations au recours à la corruption à travers une application ferme des lois et un recouvrement des actifs, un volet « Communication/ sensibilisation » qui vise à accompagner les efforts mis en œuvre dans le cadre de la stratégie, et enfin un volet « Formation/éducation » qui vise à influencer les mentalités des populations à travers différents leviers pour leur inculquer des valeurs éthiques et citoyennes.
Pour chacun des 5 axes précités, un plan d’action a été décliné selon une approche d’analyse par les risques qui englobe : un état des lieux, une cartographie des risques, une identification des axes stratégiques et des projets à implémenter. Un budget estimé à près de 1.8 milliard de DHS à injecter sur la période 2016-2025.
« S’agissant de la gouvernance et du pilotage de cette stratégie nationale, celle-ci s’effectue à travers la Commission nationale anti-corruption (CNAC), instituée par décret et dont l’objectif est la supervision et le suivi de la mise en œuvre de cette stratégie », explique le CMC.
Toutefois, l’implémentation de cette stratégie n’a pas permis de limiter le phénomène de corruption au Maroc.
Bien au contraire ! En effet, l’évaluation de Transparency sur l’état de la corruption dans le monde pour 2021, à travers l’indice IPC, qui s’est focalisée sur les quatre indicateurs fondamentaux que sont l’indice de perception de la corruption, le volet de la défense, la liberté de la presse et la transparence du budget a mis, un accent particulier sur l’impact des réformes déjà entreprises.
Pour l’année 2021, les principales observations concernent l’absence d’une volonté de lutter contre le phénomène, et le fait que le Maroc n’arriverait pas à s’extirper du niveau «supérieur» de la corruption, ce qui n’est pas un fait nouveau, selon l’ONG.
La principale conclusion est que le Maroc n’avance pas dans cette problématique de lutte contre la corruption, en dépit du discours officiel et des réformes légales et réglementaires censées lutter contre le phénomène. La note obtenue par le Maroc traduirait ainsi le faible impact des mesures adoptées.
L’ONG insiste à ce que les pouvoirs publics affichent une volonté plus forte d’activer les lois en vigueur. C’est la meilleure façon d’opérer la rupture avec cette situation qui prévalait depuis belle lurette faisant perdre au Maroc des places précieuses dans le classement mondial de perception de la corruption.
A noter qu’afin de redynamiser la stratégie nationale, le gouvernement et l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de lutte contre la corruption (INPPLC) ont lancé en septembre 2020 une nouvelle étude pour mesurer l’impact des actions initiées depuis le lancement de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption.
L’étude vise à la fois les citoyens et les entreprises. Elle permettra à l’instance de probité, mais aussi à la Commission nationale anti-corruption (CNAC), de prévoir plusieurs remodelages qui devraient être opérés courant 2021-2022.
« La crise sanitaire aggrave en effet les risques de corruption dans plusieurs secteurs, et le nouveau statut de l’instance, adopté par le Parlement, oblige cette dernière à prendre davantage d’initiatives pour la pleine application du dispositif prévu par la stratégie nationale adoptée il y a plus de cinq ans », annonce le CMC.
L’étude en question revêt, d’après-eux, un caractère stratégique dans la mesure où elle devra donner lieu à plusieurs mécanismes à déployer en fonction des attentes qui seront exprimées par les opérateurs économiques et les ménages. En tête de liste des missions sur lesquelles l’instance devra insister figurent la protection des dénonciateurs ainsi que l’utilisation simplifiée des portails en ligne.