Le projet de loi de finances rectificative suscite des remous. Les dispositions contenues dans ledit projet ne sont pas pour plaire à certains corps de métiers. En effet bien que M. Benchaâboun ait joué aux équilibristes pour que l’économie puisse sortir sans trop de dégâts de cette crise sanitaire inédite, les fédérations broient du noir craignant chacune le pire scénario pour ses membres.
La dernière en liste est la Fédération marocaine de franchise qui alerte sur le risque d’évaporation de milliers d’emplois.
« Pour faire face à la crise économique induite par la pandémie de covid-19, le Maroc a mis en place, depuis mars 2020, une pléthore de mesures de soutien, de relance et de réajustement structurel, dont la dernière en date est la Loi de finances rectificative 2020 », explique la FMF. Et d’enchaîner : « Pourtant, le secteur du commerce et de la franchise n’est au cœur d’aucune mesure de relance ».
D’après la fédération de la franchise, dans la Loi de finances rectificative 2020, le secteur du Commerce n’est pas mentionné parmi les secteurs impactés par la crise liée à la pandémie, alors que la grande majorité des commerces, tous secteurs confondus, ont dû arrêter toute activité, tout en continuant à supporter des charges conséquentes pendant toute la durée du confinement.
Chiffres à l’appui…
La baisse d’activité pendant cette période de confinement est évaluée à près de 90% du chiffre d’affaires, voire l’arrêt total de toute activité.
A ce titre, il sied de rappeler que le secteur du commerce et de la franchise emploie près de 2 millions de personnes au Maroc soit près de 14% de la population active du pays, étant le deuxième pourvoyeur d’emplois au niveau national après l’agriculture. Le secteur du commerce et de la franchise contribue à hauteur de 8% du PIB.
Parmi les recommandations phares élaborées par la FMF, à même d’éviter une fermeture imminente de ces commerces et la suppression de milliers d’emplois dans ce secteur :
Loyer : gérer la problématique de l’acquittement des loyers par les commerçants en période de fermeture administrative. La FMF préconise :
- La suspension des procédures exécutoires durant cette période (pour une durée de 12 mois) et cela afin d’offrir l’opportunité aux gérants d’entreprises de « se ressaisir » et trouver des solutions.
- La FMF propose que les loyers entre bailleurs privés et gérants d’entreprises soient pris en charge de manière équitable, durant cette période, par le gérant d’entreprise, le bailleur privé et l’État, comme instauré dans les années 80, avec le Plan d’Ajustement Structurel afin de soulager les gérants d’entreprises et les bailleurs privés.
- Inciter les assurances à mettre en place une indemnité locative.
Taxes et Impôts : La révision du mode de calcul des taxes locales (taxe professionnelle, taxe de Services communaux, taxe d’Enseigne, taxe sur les débits de boissons…).
La FMF préconise un abattement de 50% des taxes dues, entre 2020 et 2021, ainsi que l’accélération de la mise en œuvre des réformes de l’administration, conformément à la Loi de finances rectificative 2020 et ses orientations
Douanes : la Loi de finances rectificative 2020, stipule un relèvement considérable du droit d’importation de 30% à 40%. Ce relèvement du droit d’importation constitue un danger non seulement pour les entreprises, mais aussi pour le consommateur qui se retrouvera face à une inflation des prix. Il est donc nécessaire de reconsidérer cette mesure, afin de ne pas engouffrer le consommateur et le producteur, à la fois, dans une crise du pouvoir d’achat.
Crédits et programmes de soutien :
- L’allégement des conditions d’octroi des garanties de financement dans le cadre du dispositif DAMANE RELANCE. La FMF préconise l’allègement des critères d’octroi des crédits, jugés trop drastiques pour être accessibles à un plus grand nombre d’entreprises.
Il serait intéressant que les sociétés avec impayés (et hors contentieux) puissent bénéficier du crédit DAMANE RELANCE, surtout que la crise liée à pandémie succède à une autre crise, liée à la conjoncture économique mondiale, en 2019, qui a été une année très difficile pour les TPME
Programme INTELAKA : Ce programme de cofinancement et composé de deux produits majeurs, devrait être accessible à plus de chefs d’entreprises. Ainsi, l’âge limite pour accéder aux deux produits du programme, devrait être relevé de 41 ans à 51 ans. De même ce programme pourrait concerner non seulement les entreprises et les autoentrepreneurs qui souhaitent démarrer leur activité, mais également celles et ceux dont l’activité a été impactée par la crise liée à la pandémie. INTILAKA deviendrait alors le « nouveau souffle » ou le « nouveau départ » de ces entreprises.
CNSS : Le rôle de la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale est primordial dans la facilitation d’une reprise saine de l’économie nationale.
Dans le but d’alléger les entreprises et leur permettre de mieux gérer et préparer l’après crise, en préservant l’emploi, la FMF préconise que la CNSS opère un report des indemnités et / ou un abattement de 50% des cotisations de l’année 2020, relatives aux salaires supérieurs à 5.000 DH.
Butoir de TVA : Instaurer l’exonération ponctuelle de la TVA sur les investissements sur une période de 2 années, à partir du 1er juillet 2020.
La FMF se dit mobilisée pour dépasser cette crise inédite que traverse le pays, main dans la main avec les acteurs et entreprises qu’elle regroupe. Par ailleurs, elle se met à disposition des interlocuteurs publics pour réfléchir à des mécanismes de soutien spécifiques à son secteur.
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