La nouvelle s’est propagée comme une trainée de poudre auprès des 32.000 Marocains bloqués à l’étranger. Des vols seraient prévus ce mardi 26 mai en partance de Paris-CDG et Bucarest vers Tanger et un vers Fès mais sans aucun des ressortissants bloqués à bord.
Un coup dur de plus pour les Marocains bloquées à l’étranger depuis plus de deux mois ! Indignés, déprimés, malades, certains virés, fauchés, d’autres sont même morts loin des leurs et enterrés en terre étrangère… les quelque 32.000 concitoyens qui essuient un refus catégorique de retour chez eux ont pris connaissance de deux vols en partance de Paris-CDG et de Bucarest vers Tanger et un troisième de Paris à Fès ce mardi 26 mai. Les deux premiers vols transportant plusieurs cadres du Groupe Renault en vue du prochain démarrage de l’usine de Tanger. Mais sans aucun des Marocains bloqués à l’étranger à bord.
Et ce n’est résolument pas bon pour leur moral, eux qui attendent depuis bientôt trois mois que leur pays trouve une solution à leur situation inédite à travers le monde : « les réfugiés du Covid-19 ».
Et ce n’est pas faute d’avoir essayé puisque bravant le risque sanitaire, ils ont organisé des sit-in devant les consulats pour faire entendre leur voix, ce qui a valu à certains de nos ressortissants de lourdes amendes.
Et un nouveau sit-in est prévu ce jeudi 28 mai mais cette fois-ci devant les aéroports pour exiger un droit de retour ! Les déboires de nos ressortissants commencent d’ailleurs à intéresser la presse étrangère qui en fait un large écho au grand dam des autorités marocaines.
Autant dire qu’avec ces vols aériens, le moral des Marocains bloqués à l’étranger est une fois de plus mis à rude épreuve surtout que les rumeurs se faisaient insistantes sur un prochain rapatriement. Particulièrement après le passage de Nasser Bourita devant la Commission des affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des MRE au Parlement en avril, et plus récemment, après que le Maroc ait rapatrié ses ressortissants des conclaves de Ceuta et Melilla.
D’autant que nos concitoyens, après avoir passé Ramadan loin de leurs foyers et familles, ont nourri un espoir fou de pouvoir regagner le pays au moins pour passer la fête d’Aïd Al Fitr auprès des leurs suite aux déclarations du chef de gouvernement le 18 mai devant la première chambre, où il évoque de « scénarios prêts » tout en restant vague face aux assauts des députés. Ils ont alors déchanté une énième fois !
Et les commentaires de ces Marocains sur les réseaux sociaux le jour d’Aïd Al Fitr sous le hashtag #bring_us_home ou #Maroc_nous_a_oublié ou encore #On_veut_rentrer_chez_nous témoignent de l’amertume, la tristesse, la colère et le désarroi face à l’attitude de l’Etat à leur égard : abandon, humiliation, outrage… les mots lâchés expriment une situation devenue intenable. Certains évoquent même des actions en Justice pour obtenir réparation.
« Je l’envisage moi aussi car le 13 mars nous étions au poste frontières de Ceuta. Sur quelle base les autorités Marocaines nous ont-elles interdit l’accès à notre pays sachant que l’état d’urgence n’avait pas été encore instauré et que le nombre de contamination par le Covid-19 ne dépassait pas 10 cas. C’était en somme une décision abusive et inique sans aucun soubassement logique », témoigne un Marocain bloqué en Espagne.
D’ailleurs, auprès des Marocains bloqués dans la circonscription allant de Cadix à Malaga, le bruit court sur un prochain rapatriement, en commençant par un groupe de 200 personnes sur les 750 bloqués sur place. Autant dire que cette expectative épuise nos ressortissons en l’absence d’information fiable.
Par contre un fait concret se profile à l’horizon : la prolongation des visas de séjours dans ces pays, de trois mois à partir de l’instauration de l’état d’urgence au Maroc pour le cas des Marocains bloqués en Espagne, prend fin sous peu. Que feront alors les autorités marocaines ? Attendre de voir nos ressortissants menacés d’expulsion, parce que les autres pays n’ont pas à gérer ce dossier ? Ou sauver la face tant qu’il est encore temps ?
3 Commentaires
C’est le pays du pharaon
Ce gouvernement est incapable de prendre une décision .C’est la bureaucratie marocaine.Cela fait des mois qu’ils préparent on ne sait quoi. Pour ceux qui sont bloqués à l’étranger, ils n’ont qu’à attendre .Nous sommes des citoyens de seconde voire troisième zone. Tous les pays ont rapatriés leurs ressortissants.Le Maroc est l’exception.Il y a eu et il y a encore des avions qui rentrent au Maroc vides pour rapatrier les étrangers. Certains de nos compatriotes vivent un véritable drame livrés à eux-mêmes dans des contrées éloignées. Autant de questions qui ne trouvent pas de réponses. Ca restera dans les mémoires de cette crise sanitaire.
Incompréhensible : Comment un pays peut-il se comporter ainsi vis-à-vis de ses citoyens dans une situation pareille ? Que diront les responsables devant leur Créateur lors du jugement dernier ?