Les banques centrales dans le monde entier pourraient prolonger leurs cycles de resserrement des politiques monétaires afin de contenir les risques d’hyperinflation quitte à risquer une récession de leurs économies respectives.
Dans une récente étude sur les perspectives du marché Action face à des enjeux systémiques. les analystes de CDG Capital brossent le contexte dans lequel a évolué l’économie mondiale au cours de ces deux dernières années.
« La guerre en Ukraine a mis en exergue les faiblesses structurelles de l’Europe en matière d’approvisionnement en énergie, tandis que la forte demande en énergie post-Covid a surligné les tensions en matière de capacité de raffinage et de stockage dues au manque d’investissement dans ce secteur depuis le début de la pandémie », ont-ils souligné.
Et d’ajouter : « Ces effets pourraient continuer à jouer un rôle important dans l’économie mondiale ».
Les marchés financiers commencent à prendre en compte un risque de récession due à la perspective d’une période de faible croissance et de forte inflation. Ainsi les prix de certaines matières premières sont revenus à des niveaux proches de ceux connus avant la pandémie, renversant la tendance haussière de la reprise post covid. D’autres indicateurs comme le prix du Fret commencent aussi à pointer dans la direction d’un ralentissement de la croissance.
Ce risque de récession induite par les politiques agressives de resserrement monétaire des banques centrales est exacerbé davantage par les incertitudes qui entourent la conjoncture chinoise caractérisée par les difficultés du secteur immobilier et les risques relatifs à l’abondan de la stratégie zéro covid.
A ces enjeux d’ordre mondial que constituent la lutte contre l’inflation, la crise énergétique et les craintes de plus en plus présentes de récession se superposent des composantes locales. Celles-ci sont tantôt une déclinaison des enjeux mondiaux et tantôt d’ordre spécifique.
Dans ce contexte, BAM a décidé lors de son dernier conseil de continuer d’emboîter le pas à la BCE, la FED ainsi que la majorité des banques centrales du monde, en augmentant le taux directeur de 0,5% une seconde fois depuis septembre 2022.
La volonté affichée est d’ancrer les anticipations d’inflation dans un contexte où l’inflation importée commence à s’élargir et à diffuser vers d’autres produits locaux. « Cette augmentation a diffusé tant dans le marché obligataire que dans le marché actions, menant à un repricing de ces deux classes d’actifs. Il demeure cependant un risque réel de voir BAM prolonger cet exercice de resserrement monétaire tant que l’inflation locale demeure élevée », annoncent les analystes de CDG Capital.
Face à l’incertitude quant à la direction que prendra BAM dans les mois avenir, le marché obligataire a connu depuis les six derniers mois une paralysie symptomatique de l’attentisme des investisseurs et de leur incertitude quant à l’évolution future de l’inflation et de la réaction de Bank Al Maghrib.
Afin de palier à ce disfonctionnement du marché obligataire, BAM est intervenu en introduisant des mesures exceptionnelles.
La première mesure a été l’introduction d’un programme de rachat de Bons du Trésor (BDT) sur le marché secondaire de 25 MDH qui se concentre sur les obligations de maturités résiduelles inférieures à 1 an. Cette première mesure a pour objectif d’éviter un manque de liquidité sur le court terme et assurer une capacité auprès des banques pour investir dans des BDT sur le marché primaire. La seconde mesure a été de recalculer la courbe des taux BDT sur le marché secondaire en utilisant les cotations des banques plutôt que les transactions.
Cette mesure a pour objectif de faire converger les niveaux affichés par la courbe des taux secondaires et la réalité du marché.