A l’instar des élans de reprise observés à l’international, le Maroc a profité d’un rebond mécanique de la croissance en 2021, en lien avec la non récurrence du confinement, la reprise progressive de la demande extérieure adressée au Maroc, l’amélioration de la campagne agricole nationale, le déploiement accéléré et massif de la campagne de vaccination nationale gratuite contre le COVID-19, une politique monétaire accommodante et le plan de relance économique visant un redémarrage progressif de l’activité et une relance vigoureuse à la sortie de la crise.
Après deux années de sécheresse, le Maroc a connu une campagne agricole record en 2021. Ainsi, la valeur ajoutée agricole aurait augmenté de 18,8%, portée par une excellente production céréalière qui aurait atteint un niveau record de 103 MQx, en hausse de 212% par rapport à la campagne précédente et de 37% par rapport à la production moyenne enregistrée entre 2008 et 2019 (soit environ 75 MQx).
Ainsi, après une récession de 6,3% en 2020, alors que le Maroc est en croissance continue depuis plus de 25 ans, l’économie marocaine a renoué avec la croissance en 2021 effaçant la quasi-totalité des pertes enregistrées en 2020. De ce fait, le PIB aurait enregistré un taux de croissance de 6,3% en 2021.
L’année 2022E s’annonce toutefois relativement difficile compte tenu d’une saison agricole compromise par le manque de précipitations et (ii) de l’impact des pressions inflationnistes importées sur le pouvoir d’achat des ménages. Tenant compte (i) d’une éventuelle baisse de la valeur ajoutée agricole de 9,6% (dans l’hypothèse où la production céréalière reviendrait au niveau de 2019 soit 50 MQx) et d’une progression de 3,2% de la valeur ajoutée non-agricole (telle que prévue par Bank Al-Maghrib) le taux de croissance du PIB du Maroc devrait ralentir et s’établir autour de 1,5% en 2022E, soit un niveau largement inférieur au taux de croissance moyen de 4,1% enregistré sur la période 2000-2019.
« Depuis 2013, l’orientation de la politique budgétaire nationale est axée sur la restauration de la soutenabilité de nos finances publiques » rappellent les analystes de CFG Bank. Cet élan réformateur qui a permis de réduire de façon significative le déficit budgétaire entre 2012 et 2019 (de -6,8% du PIB à -3,6% en 2019) a été perturbé par l’avènement de la pandémie COVID-19. Sous l’effet de la crise économique causée par le COVID-19, le déficit budgétaire s’est considérablement détérioré en 2020, s’établissant à 7,6% du PIB versus 3,6% au titre de l’année 2019.
Dans un contexte marqué par la reprise de l’activité économique au Maroc et chez nos principaux partenaires commerciaux, nous devrions assister à une amélioration tendancielle du solde budgétaire à moyen/long terme. Toutefois à court terme le déficit budgétaire devrait rester à des niveaux relativement élevés. En effet, les mesures de soutien et de relance mises en place par l’Etat pour endiguer les effets de la crise conjuguées aux impératifs de mobilisation des ressources nécessaires pour financer les grands projets de réforme et de développement qui constituent les axes majeurs du NMD et l’augmentation de la charge de compensation en 2022E, continueront à peser sur le budget de l’état. Ainsi, le déficit budgétaire devrait se creuser en 2022E et s’établir à -7,1% versus -6,0% en 2021.
« En 2022E, nous devrions assister à une dégradation de la balance des biens et services à cause (i) de l’envolée de la facture énergétique, (ii) de l’augmentation des importations de blé couplée à une hausse des cours sur les marchés internationaux, et (iii) de l’augmentation générale des cours mondiaux des intrants », annoncent les analystes. Et d’ajouter : « Toutefois, ces impacts négatifs sur nos réserves de change devraient être partiellement mitigés par la reprise du secteur touristique et par un effet prix favorable sur les prix du phosphate. Compte tenu de ces évolutions, nous pensons que les réserves de change pourraient s’établir en légère baisse en 2022E ».
De plus, ils n’envisagent pas une hausse du taux directeur à court terme étant donné (i) le contexte macroéconomique délicat, (ii) l’ambition de l’état de mettre en place un cadre favorable à la promotion des grands projets de réforme, et (iii) la volonté de maintenir une politique monétaire expansionniste afin d’accompagner la relance économique et de renforcer la croissance sur les années à venir.
2022E, une année sous le sceau de l’incertitude
Après la contreperformance en 2020, marquée par une baisse de 8,1%, l’indice CFG25 a enregistré une très belle performance en 2021, clôturant l’année sur progression de 16,2%. En résumé, la reprise du marché boursier entamée lors du S2-2020 se sera poursuivie tout au long de l’année 2021.
En effet, l’indice aura enregistré une hausse de 46,2% par rapport à son plus bas niveau atteint en 2020. Cette hausse aura néanmoins été ponctuellement marquée par de légères corrections que l’on peut qualifier de normales dans ce contexte. En effet, après chaque mouvement haussier de plus de 10%, le marché aura ressenti le besoin de marquer une brève pause, reflétant un besoin d’assimiler et d’intégrer cette croissance avant de reprendre une trajectoire haussière.
Enfin, à la clôture d’une année 2021 marquée par un solide rebond économique se traduisant par une forte reprise du marché boursier, le CFG 25 aura conclu l’année sur une performance de 16,2% à 27 096 points.
Le contexte macroéconomique et géopolitique mondial, marqué par notamment (i) une hausse significative de l’inflation, (ii) la flambée des cours des matières premières, et (iii) les difficultés éprouvées des chaines logistiques mondiale à faire face à des pénuries qui n’excluent quasiment aucun pan de l’économie suite à la reprise post-COVID-19 semblerait selon nous remettre en question le long cycle haussier dans lequel le marché semblait ancré depuis le Q3-2018.
« Ainsi, dans un contexte macroéconomique mondial et national compliqué, nous pensons que le marché devrait passer par une période transitoire qui devrait être marquée par une volatilité au-delà de la moyenne. Ainsi, nous pensons que d’ici fin 2023E le marché devrait renouer avec une croissance pérenne à long terme, sous réserve que les problèmes liés aux pressions inflationnistes, aux chaines d’approvisionnement, etc. soient résolus d’ici-là », expliquent les analystes de CFG Bank.
En effet, si le marché semblait bien ancré dans un cercle vertueux, et traitait à des niveaux de valorisation (P/E 2022E de c.23x) au-delà de la moyenne observée sur les dix dernières années, le début de l’invasion en Ukraine aura exacerbé les sources d’inquiétudes déjà bien présentes notamment autour de l’inflation, de la sécheresse au Maroc, de la hausse des cours des matières premières, etc., et aura causé une correction du marché qui semblait attendue depuis longtemps.