Les réseaux sociaux se sont donnés à cœur joie à suivre le bras de fer qui oppose les pilotes de ligne à Royal Air Maroc, fustigeant les hauts salaires des premiers. Le récent épisode du soutien apporté par d’autres associations de pilotes d’autres pays (avec un focus sur celles algérienne et sud-africaine) a déclenché une hostilité qui dépasse les limites du raisonnable et éclipse même le fait que la compagnie aérienne a tout de même licencié 140 personnes.
La vindicte populaire virtuelle qui prend pour cible les pilotes en ligne est un nouvel épisode de cyberviolence devenue récurrente. Ce qu’essuient actuellement les pilotes de ligne et leur association AMPL, rappelle étrangement l’épisode de la séquence vidéo filmée sur un yacht au large des plages du nord du Maroc qui a pris pour cible le PDG de l’OCP, pourtant sans aucun lien avec ladite vidéo.
Un haut responsable jeté en pâture à des insultes, des commentaires désobligeants, de la diffamation, et surtout un acharnement irraisonné contre une personne qui n’est même pas en lien avec cette vidéo privée qui a enflammé la toile. Un haut cadre dont le seul tort est qu’il occupe un poste stratégique et dont le parcours et la carrière font pâlir de jalousie.
Sur cette vidéo on voit également une danseuse qui a, à tort (ou de manière préméditée) jugé impératif de répondre à un public virtuel, jetant ainsi de l’huile au feu et contribuant ainsi à accentuer cette cyberviolence, l’un des aspects les plus négatifs des réseaux sociaux, devenue monnaie courante mais de plus en plus inquiétante. Une attaque orchestrée ? En tout cas, une fois la foule déclenchée, difficile d’arrêter la machine. Bien que des voix et des médias se sont levés pour dénoncer cette attaque absurde.
Récemment donc, on a sonné l’hallali ciblant cette fois-ci les pilotes de ligne. D’abord pour dénoncer leurs salaires (pointant leur manque de solidarité en ces temps de crise), oubliant au passage que pour devenir pilote c’est un véritable parcours de combattant et devenir commandant de bord exige, outre des études poussées en mathématiques, une grande et longue expérience. Sans oublier les difficultés et les responsabilités de de ce métier.
Tant qu’à critiquer les pilotes autant se hasarder à piloter un avion de 250 passagers !
Personne d’ailleurs dans cette attaque massive n’a rappelé que les pilotes de ligne à travers l’AMPL, ont contribué à hauteur de 2 millions de DH au Fonds Covid-19.
Mais ces derniers jours, la campagne de dénigrement a atteint un seuil tel que l’AMPL a dû sortir de son silence. En effet, suite au licenciement de 140 salariés de la RAM dont 65 pilotes de ligne, l’AMPL étant membre de l’Union maghrébine des pilotes de ligne et de la Fédération internationale des pilotes de ligne, les pilotes licenciés ont reçu les marques de soutien de différentes associations de plusieurs pays. Un fait presque banal.
Si ce n’est que cette marque de soutien a également émané des associations de pilotes de ligne aussi bien d’Algérie que d’Afrique du Sud. La première a envoyé un courrier au PDG de la RAM le 4 septembre l’appelant à reconsidérer sa décision et la deuxième le 3 septembre soulignant « que ce nettoyage ethnique et l’atmosphère de peur engendrée pourraient avoir un impact négatif sur la sécurité aérienne au sein de la compagnie aérienne ».
Aussitôt, ces deux courriers ayant « fuité », et pas les autres venant d’autre associations étrangères de pilotes de ligne, que la foule « virtuelle » s’est déchaînée allant jusqu’à traiter les pilotes de traîtrise. Pis encore, la « foule » ne s’est pas privée au passage de déterrer la hache de guerre et s’attaquer à deux pays étrangers. On ne peut dire qu’il s’agisse là de liberté d’expression ou de critique constructive mais d’actes répressibles.
Combien ces pays seraient-ils hostiles au Maroc, il ne s’agit pas en réalité dans ce cas précis d’une affaire nationale mais d’une compagnie aérienne dont le management doit savoir gérer une crise après le licenciement de 140 personnes. Des personnes que la foule veut priver de leur strict droit de se défendre face à un licenciement. Autant dire le diktat de la masse.
Déverser sa haine gratuitement (facilement puisque à portée de clavier et souvent sous couvert d’anonymat) sur la toile est devenu un acte courant, impuni mais surtout très inquiétant touchant aussi bien les personnalités que les citoyens lambda. Sous d’autres cieux, ce type de campagne de dénigrement voire de menaces directes, ont des répercussions directes sur les victimes de telles pratiques, d’ordre familiale, professionnel et psychologique. Mais cela, personne ne semble s’en soucier dans le cas présent.
2 Commentaires
Un nationalisme de bas etage, doublé d’une ignorance crasse instrumentalisant une affaire purement syndicale. Mais la betise n’a pas de limite quand la jalousie la sous tend. La solidarité professionnelle internationale transcende les nationalismes étroits.
Alors quelques conseils
Ne faites pas d etudes superieures
Refusez des salaires en adequation avec votre métier bien qu ils soient aux normes internationales
Échouez dans tout ce que vous entreprendrez
Et vous éviterez la vindict
C est desolant