Ecrit par la Rédaction |
Les réalisations du plan d’accélération industrielle ont permis de doter le Maroc d’un savoir-faire pouvant être considéré comme un acquis pour la période post-pandémique. Toutefois, la reconfiguration du tissu économique au plan interne et les transformations que connaissent les chaines de valeurs à l’échelon mondial comme conséquence de la crise sanitaire donnent naissance à de nouveaux défis.
Les résultats positifs réalisés par le secteur industriel au cours des dernières années ne cachent pas les nouveaux défis apparus dans le contexte post-pandémique. Ces défis multiples et complexes portent essentiellement sur la capacité du tissu industriel à développer des facteurs d’attractivité, d’intégrer davantage les chaînes de valeur mondiales… Ces défis peuvent être résumés en l’adaptation continue aux mutations mondiales de plus en plus rapprochées.
La pandémie liée au Covid-19 a donné naissance à de nouveaux besoins aussi bien sur le plan national qu’international.
Mais cela n’empêche pas de dire que les réalisations du plan d’accélération industrielle ont permis de doter le Maroc d’un savoir-faire pouvant être considéré comme un acquis pour les années à venir.
« La nouvelle dynamique industrielle, enclenchée en 2014, a permis la mobilisation, dans le cadre du PAI, d’un volume d’investissements totalisant 51 milliards de DH. Le développement de capacités industrielles nouvelles à la faveur de ces investissements a généré un chiffre d’affaires additionnel à l’export dépassant 68 milliards de DH et a permis la création de plus de 500 milliers de postes d’emplois au cours des cinq dernières années », rappellent d’emblée les conjoncturistes.
Ces résultats, annoncent-ils, apparaissent encore plus significatifs s’agissant des secteurs les plus exposés à la concurrence sur les marchés extérieurs. Le premier succès du PAI au cours des dernières années concerne le secteur de l’automobile. Ce secteur qui a connu un développement soutenu au cours des cinq dernières années dispose actuellement d’une capacité de production annuelle de 700 000 véhicules, dépassant ainsi l’objectif fixé pour 2020 de près de 16%.
Le nombre d’emplois directs généré par le secteur s’établit à plus de 161 milliers de postes contre à peine 90 000 emplois initialement prévus pour 2020.
Mais la dynamique de l’industrie automobile ressort de façon encore plus marquée à travers la performance à l’export. Orienté principalement vers les débouchés extérieurs, le secteur automobile est devenu rapidement le premier secteur d’exportation avec un chiffre d’affaires à l’export atteignant 83,8 milliards de DH en 2021, contre 79,8 milliards de DH pour les phosphates et dérivés et à peine 68,4 milliards de DH pour l’agriculture et l’agro-alimentaire.
Le secteur de l’aéronautique connait également le même dynamisme en termes d’investissements et d’implantations de nouvelles unités de production. Depuis le lancement du PAI, le secteur a pu attirer 49 projets mobilisant un investissement global de 5,7 milliards de DH pour un chiffre d’affaires de 4,9 milliards de DH dont une grande partie est réalisée à l’export.
Le projet d’investissement phare dans ce secteur est celui de l’écosystème Boeing implanté en 2016 avec pour objectif à terme la création de 8700 emplois et la réalisation d’un chiffre d’affaires global d’un milliard de dollars par an. Le bilan du secteur sur la période 2014-2020 montre une progression soutenue de son activité avec une hausse de 42 % du nombre d’entreprises opérant dans l’industrie aérospatiale et un accroissement de 75 % du nombre ‘emplois qualifiés dans le secteur.
Le secteur de l’Offshoring occupe également une place importante dans la stratégie d’accélération industrielle compte tenu de son potentiel de croissance et de sa capacité de création d’emplois. Les données de l’année 2019 font état d’une création de 120 000 postes d’emplois dans le secteur, en hausse de 14% par an depuis 2014.
Les activités de l’Offshoring comptent actuellement plus d’un millier d’entreprises opérant essentiellement dans la gestion de la relation client (Customer Relationship Management). Enfin, le secteur du textile et du cuir compte aussi parmi les secteurs industriels ayant bénéficié de l’appui du PAI depuis son lancement en 2014.
Cet appui a permis aux principales activités de ce secteur de surmonter les difficultés liées à l’essoufflement de la demande et à la perte de compétitivité sur les marchés d’exportation. Après la baisse franche d’activité provoquée par la crise sanitaire, le secteur semble renouer progressivement avec la croissance en réalisant un chiffre d’affaires à l’export de 36,4 milliards de DH au terme de l’année 2021, en hausse de 10 % par rapport au niveau de l’année 2014.
Contexte post pandémique : quelles perspectives industrielles ?
La reconfiguration du tissu économique au plan interne et les transformations que connaissent les chaines de valeurs à l’échelon mondial comme conséquence de la crise sanitaire ont ouvert de nouvelles opportunités pour un meilleur positionnement du secteur industriel tant en ce qui concerne le marché local que les marchés d’exportation.
L’une des options stratégiques qui s’impose dans ce nouveau contexte est la reconquête du marché intérieur à travers la substitution à l’importation des produits industriels à travers la commande publique.
L’objectif à court terme est de pouvoir gagner 18 à 20 % sur les importations des principales filières industrielles qui s’élèvent actuellement à près de 190 milliards de DH.
La deuxième option porte sur les impératifs de compétitivité. La consolidation des acquis en matière d’exportation et l’élargissement des débouchés nécessitent en effet, dans le contexte post pandémique, l’amélioration du niveau de compétitivité des produits industriels et leur adaptation constante aux exigences des marchés d’exportation.
Ceci est particulièrement le cas pour les secteurs sensibles comme ceux de l’automobile, de l’électronique et de l’aéronautique où les gains de compétitivité dépendent en bonne partie du taux d’intégration.
Au vu des résultats obtenus depuis son lancement, le Plan d’Accélération Industrielle devrait être renforcé dans les années à venir à travers des actions orientées en priorité vers cinq principaux objectifs.
Il s’agit en premier lieu de favoriser l’intégration des filières afin de parvenir à de meilleurs standards de compétitivité.
En second lieu, le développement du tissu industriel a besoin de nouveaux acteurs rompus aux nouvelles pratiques d’entreprenariat et de gestion des affaires.
L’accumulation du savoir et du savoir faire dans le domaine de l’entreprenariat ainsi que leur mise en pratique s’imposent désormais comme des éléments essentiels des programmes d’accélération industrielle.
Le positionnement du Maroc en tant que partenaire stratégique à l’international tenant compte des transformations en cours des chaînes de valeur mondiales constitue le troisième axe de la politique industrielle pour l’optimisation des avantages compétitifs sur les marchés internationaux. Ces actions devront enfin être soutenues par le développement progressif d’une plateforme industrielle décarbonée, circulaire et ouverte à l’innovation.