Ecrit par Lamiae Boumahrou |
En refusant de communiquer la liste des bénéficiaires de la subvention directe aux transporteurs, Mohamed Abdeljalil attise la grogne de certains députés qui dénoncent le manque de transparence. Il faut dire que plusieurs zones d’ombre entourent cette subvention contestée par plusieurs observateurs.
La subvention directe accordée aux transporteurs pour atténuer l’impact de la flambée des prix sur le pouvoir d’achat des Marocains continue de susciter plusieurs points d’interrogation. Preuve en est, depuis l’annonce de cette mesure, le ministre en charge du dossier à savoir Mohamed Abdeljalil, ministre du transport et de la logistique est souvent interpellé sur cette subvention entourée de plusieurs zones d’ombre.
Lors de son dernier passage ce lundi 25 avril à la Chambre des représentants, le ministre a précisé qu’en 1 mois, l’Etat a débloqué 345 MDH au profit de 145.000 véhicules.
Mais la question fondamentale est de savoir l’impact réel des fonds débloqués sur le pouvoir d’achat des Marocains et sur les prix.
D’où la question : l’Etat a-t-il prévu une évaluation à court terme de cette mesure sur le terrain ou s’est-il contenté de verser des millions de DH pour secourir les transporteurs ?
Des députés sont montés au créneau pour dénoncer une mesure sans impact palpable sur le niveau de vie des Marocains mais aussi qui manque de transparence. Lesdits députés ont également dénoncé le fait que des détenteurs de plusieurs agréments se soient accaparés de la part léonine de la subvention.
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Sommes-nous face à une rente qui s’ajoute à celle des agréments ? Une question légitime que les députés de la nation ont soulevée au Parlement appelant le ministre à plus de transparence dans la gestion de ce dossier qui va mobiliser des millions de DH des deniers publics.
« Nous appelons le gouvernement à dévoiler la liste des bénéficiaires de ladite subvention dans une optique de transparence de la gestion de l’argent public », a revendiqué une députée de l’USFP.
La réponse du ministre nous a laissé sans voix. « Je ne peux pas communiquer la liste des bénéficiaires pour la simple raison que cela entre dans le cas de la protection des données personnelles ». Et d’argumenter « qu’en cas de diffusion de cette liste un enfant risquerait d’être harcelé à l’école parce que son père détient 1 ou 2 agréments (taxis ou cars) ».
La protection des intérêts des individus passe-t-elle avant celle de l’intérêt général ? C’est du moins ce que nous avons déduit de la réponse du ministre qui a mis sur le même pied d’égalité la transparence de la gestion de l’argent public et celles des acquis (agréments) de certaines personnes. Ne fallait-il pas penser à cette contrainte avant de recourir à cette mesure Monsieur le ministre ?
En réaction à la réponse du ministre, la députée de l’USFP a insinué que ce manque de transparence laisse entendre qu’il y a anguille sous roche.
Il faut dire qu’aujourd’hui l’opinion publique est privée d’un droit constitutionnel celui de l’accès à l’information dans une optique de protéger les détenteurs d’agréments.
Pas moyen donc de savoir qui a bénéficié de quoi et de combien. A cela s’ajoute le fait que nous ignorons comment le gouvernement compte-t-il financer cette opération, dont la durée et le montant ne sont pas encore définis, et sous quel cadre réglementaire ?
Rappelons que durant la crise du Covid et sous l’ère de l’ancien gouvernement, les mesures de soutien ont été prises par le Comité de veille économique (CVE) et financées par le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie Covid. Hors, ledit Fonds a été épuisé et n’a plus été alimenté ( à notre connaissance). L’Etat a-t-il recouru à l’un des comptes spéciaux du Trésor pour financer cette subvention ou a-t-il pioché directement les fonds du budget général de l’Etat ? Quant à la question du cadre réglementaire, elle est d’autant plus importante pour savoir comment sera auditée cette opération.
Autant de questions qui restent en suspend et qui remettent sur le devant de la scène la question de la bonne gouvernement et de la gestion efficiente et efficace des deniers publics. A bon entendeur !