Le 25 mars 2021, les députés voteront sur les propositions du Parlement européen pour une nouvelle stratégie UE-Afrique jetant les bases d’un partenariat post-covid-19.
L’investissement dans les personnes est donc considéré comme un pilier clé de la prochaine stratégie UE-Afrique , annoncée par la Commission européenne en mars, avec une priorité donnée à la lutte contre les inégalités, les jeunes et l’autonomisation des femmes.
Chrysoula Zacharopoulou qui a rédigé les propositions du Parlement, souligne la nécessité de garantir l’accès à une éducation de qualité et de fournir aux jeunes, en particulier aux femmes et aux filles, les compétences nécessaires pour accéder au marché du travail.
Des conditions de travail décentes sont considérées comme essentielles pour offrir des perspectives à une population en croissance rapide, explique-t-on.
Cela va de pair avec des systèmes de protection sociale inclusifs, des mesures contre le travail des enfants et le travail forcé et une transition de l’économie informelle à l’économie formelle. Le secteur informel représente près de 86% de tous les emplois en Afrique.
La nouvelle stratégie prétend également améliorer les soins de santé et renforcer les systèmes de santé nationaux, en les rendant plus résistants aux crises futures. Les députés souhaitent intensifier la collaboration UE-Afrique dans le domaine de la recherche et de l’innovation en santé pour stimuler la production locale d’équipements et de médicaments.
La relation UE-Afrique «doit aller au-delà de la relation donateur-bénéficiaire», selon le rapport du Parlement, soulignant l’importance de soutenir la production intérieure de l’Afrique grâce à des investissements durables.
Il propose également de stimuler le commerce intra-africain à travers la zone de libre-échange continentale, les investissements dans les infrastructures de transport et un meilleur accès aux marchés mondiaux.
Les partenariats public-privé et le financement des petites et moyennes entreprises sont considérés comme essentiels, car ces petites entreprises représentent 95% des entreprises en Afrique et le secteur privé devrait jouer un rôle déterminant dans la reprise post-Covid.
Tous les accords doivent être compatibles avec les droits de l’homme, les normes du travail et de l’environnement et conformes aux objectifs de développement durable des Nations Unies , indique le rapport.
Le rapport appelle également les prêteurs internationaux, tels que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, à faire davantage pour alléger le fardeau de la dette des pays africains, qui a été exacerbé par la pandémie.
Transition verte et numérique
L’Afrique porte le moins de responsabilité dans le changement climatique, mais elle en porte le poids: en 2019, près de 16,6 millions d’Africains ont été touchés par des événements météorologiques extrêmes, soit 195% de plus qu’en 2018.
Le rapport appelle à une transition vers une économie propre et circulaire grâce à des investissements dans les transports durables, les infrastructures vertes et les énergies renouvelables. Il souligne également la nécessité de protéger la biodiversité unique de l’Afrique et les communautés autochtones, ainsi que d’assurer une exploitation juste et durable des matières premières, qui représentent 49% des importations de l’UE en provenance d’Afrique.
Un partenariat sur l’agriculture durable devrait être au centre des relations UE-Afrique, estiment les députés, afin de développer des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, de renforcer la résilience des agriculteurs et de remédier aux défaillances du système alimentaire, aggravées par la fermeture des frontières due au Covid crise.
La transformation numérique jouera un rôle clé dans la modernisation du secteur agricole, mais aussi dans l’éducation, l’emploi, la santé et la participation des populations à la prise de décision politique.
Une politique migratoire basée sur la solidarité ?
Depuis 2015, l’UE et les pays africains ont développé une approche commune de la gestion des flux migratoires, qui a conduit à une réduction de la migration irrégulière et à une meilleure coopération dans la lutte contre le trafic de migrants.
Pourtant, des défis importants demeurent. L’Afrique subsaharienne accueille plus d’un quart des réfugiés dans le monde et les passages méditerranéens continuent de causer des pertes en vies humaines et d’alimenter les réseaux criminels.
Les députés soulignent que le nouveau partenariat UE-Afrique doit mettre la dignité des réfugiés et des migrants à son cœur, en traitant la migration comme une responsabilité partagée entre les pays européens de destination et les pays africains d’origine.
Ils soulignent également la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du déplacement, de garantir des procédures d’asile équitables et de mettre en place une politique de migration qui créerait des opportunités pour les travailleurs qualifiés et non qualifiés.