Rappel historique synthétique de l’évolution des chiffres de COVID-19 et prévisions à quatre semaines.
Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[1]. Même si des voix autorisées les ont accusées de ne pas refléter la réalité, ce sont les seules données dont nous disposons :
- Le tableau figurant en haut de la Figure 1 donne les chiffres de fin de semaine au 06/02/2022.
- Les deux graphiques au centre de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée en nombre et pourcentages des contaminés dont les décédés (noir), les rétablis (vert) et les actifs (orange).
- Les deux graphiques au bas de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée en nombre et pourcentages des cas actifs dont les intubés (noir), ceux sous respiration non invasive (rouge), ceux sans gravité (violet) ainsi que les autres cas graves (vert).
Figure 1 Récapitulatif hebdomadaire et graphiques d’évolution de la segmentation des testés positifs et des cas actifs
Comme montré dans le Tableau 1, les chiffres de la maladie proprement dite du COVID19 sont restés à peu près les mêmes pour la période dominée par le variant « alpha » que pour celle du variant « delta« . Mais les indices de la dernière phase, dominée par le variant « omicron » sont nettement différents :
Tableau 1 Etat des testés positifs durant les trois périodes dominées par les différents variants
Au fur et à mesure que le variant « omicron » s’est substitué à son prédécesseur « delta« , le pourcentage des cas graves parmi les testés positifs a chuté de façon appréciable, celui des décédés de façon spectaculaire.
Outre le fait qu’une très large majorité des hospitalisés pour COVID19 soient porteurs de co-morbidités, entre 75 et 90% de ceux des derniers mois ne sont pas vaccinés (ou incomplètement). Ainsi, si les personnes vaccinées représentent 2/3 de la population, elles ne représentent que 1/5 des hospitalisés. On ne connaît pas les chiffres détaillés des vaccinés parmi les cas graves pour renforcer la campagne de vaccination car, si celle-ci permet de mieux combattre la maladie, avec une immunité variable d’un individu à l’autre, elle ne l’empêche pas de transmettre le virus aux personnes moins immunisées parmi lesquelles les non vaccinées.
Se vacciner, c’est d’abord se protéger soi-même dès aujourd’hui en attendant l’immunité collective de demain mais on protège les autres dès aujourd’hui avec les mesures barrière prises.
Puisque « omicron » se transmet beaucoup plus facilement que « delta« , nous avons eu une croissance du nombre de cas actifs plus rapide que celle de Aïd El Adha 2021. Avec un vaccin qui semble garder la même efficacité à protéger contre l’aggravation des cas que contre « delta« , cette nouvelle vague devrait durer moins longtemps car elle privilégierait plus que les 12 millions de non vaccinés du Maroc. Même si la capacité d’accueil des hôpitaux a été saturée en août 2021, cela s’est produit avec seulement un 1/3 de la population vaccinée. La réduction de « l’espace de contamination » par les 2/3 de vaccinés d’aujourd’hui devrait prémunir contre la saturation des 3’000 lits COVID19 du Maroc car un taux de gravité vers 1% nécessiterait d’atteindre le très improbable chiffre de 300’000 cas actifs. Il est possible que le taux de gravité va osciller autour de 1%. Limiter les contacts en bridant l’économie et l’éducation perd son sens.
VACCINATION
- La Figure 2 montre le nombre de vaccinations hebdomadaires (échelle en vert de gauche) et cumulées (échelle bleue de droite). Le record des nouveaux vaccinés à 1,9 millions a été atteint durant la semaine finissant le 01/08 durant laquelle la logistique avait montré ses capacités hebdomadaires. La baisse de la vitesse de vaccination observée la semaine du 17/10 était remontée pendant 2 semaines (obligation du pass vaccinal) mais est retombée.
Figure 2 Nombre total et hebdomadaire des premières doses de vaccins inoculées (les 2èmes doses sont réservées)
- Durant la semaine finissant le 06/02, 23,103 millions d’habitants ont reçu la deuxième dose vaccinale. Si les 10,710 millions d’habitants testés étaient représentatifs de la population marocaine, elle comporterait alors 3.7 millions de personnes elles aussi partiellement immunisées par contamination. L’immunisation par vaccination et par contamination se superposent sans doute pour limiter « l’espace de contamination » à tel point que même la rentrée scolaire n’a pas été visible.
ÉLÉMENTS D’APPRÉCIATION DE L’ÉVOLUTION DES DERNIERS CHIFFRES
Tableau 2 Chiffres hebdomadaires des deux dernières semaines et prévisions à 4 semaines
Même si le Tableau 2 parle de lui-même, nous noterons seulement que le taux de progression national est passé en dessous de l’unité depuis le 26/01, alors que celui de Casablanca l’était déjà depuis le 16/01, ce qui signifie que nous continuons entamer la grande baisse du nombre de nouveaux contaminés : ceci est montré par les courbes rouges des graphiques de la Figure 3 ainsi que par l’augmentation du nombre de Provinces en régressions de la courbe bleue du graphique de gauche de la même Figure 3. Par ailleurs, même si le nombre de cas quotidiens est encore élevé, les taux de progression n’ont jamais été aussi bas.
Figure 3 Evolution du taux de progression de l’épidémie au national (gauche) et à Casablanca seule (droite)
De même qu’un passage du taux de reproduction en dessous de l’unité, le rapprochement du nombre de Provinces où l’épidémie régresse du total de 75 est un bon signe. La courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 3 montre que le nombre de Provinces où l’épidémie régresse commence à remonter depuis le 15/01 après sa descente tendancielle qui avait été amorcée le 15 septembre.
RÉPARTITION TERRITORIALE
- La Figure 4 (carte à gauche et classement à droite) montre qu’avec 31’911 cas détectés par million d’habitants au 06/02 (soit 3.1911% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts entre celui de Casablanca, avec 9.1255% de sa population et celui de Moulay Yaacoub, la moins impactée à 0.4142%. La Région de Dakhla-Oued Ed-Dahab (6.4910%) et Casablanca-Settat (5.8400%) sont les plus impactées et la moins impactée celle de Fès-Meknès (1.1495%).
Figure 4 Répartition géographique de l’incidence provinciale atteinte le 06/02/2022
- La Figure 5 montre la répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine (carte à gauche et classement à droite). Dans la Figure 5, seule la Province de Aousserd est en blanc, donc la seule a avoir donc clôturé la semaine sans nouvelle infection.
Figure 5 Répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale de la semaine s’achevant le 06/02/2022
- La Figure 6 montre la répartition géographique du taux de progression de l’épidémie (combien un malade peut-il en infecter en une semaine) : l’épidémie régresse (R<1) dans 65 des 75 Provinces.
Figure 6 Répartition géographique du taux de progression provincial de la semaine s’achevant le 06/02/2022
PREVISIONS DES DÉPISTAGES ET CONTAMINATIONS HEBDOMADAIRES
- Nos simulations montrent que le taux de positivité hebdomadaire (voir graphique en haut à gauche de la Figure 7), actuellement à 14.99%, devrait descendre à 0.95% dans quatre semaines (voir aussi la dernière colonne du Tableau 2).
Figure 7 Hebdomadairement : taux de positivité (haut gauche), tests (haut droite), contaminations (bas gauche) et gravité
- Si les tests de dépistage évoluent au rythme indiqué sur le graphique en haut à droite de la Figure 7 et les prévisions suivent le taux de positivité indiqué sur le graphique en haut à gauche de la Figure 7, le nombre de contamination hebdomadaires, actuellement à 15’848, devrait descendre à 1’002 dans quatre semaines, comme montré dans le graphique en bas à gauche de la Figure 7, tout en rappelant que la contamination est en régression dans une très large majorité de Provinces (courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 3).
- Le graphique en bas à droite de la Figure 7 montre une donnée importante à retenir de cette dernière vague, dominée par le variant « omicron » : la baisse spectaculaire du nombre de cas graves pendant le pic de contamination.
PREVISIONS DES DÉCÈS ET GUÉRISONS HEBDOMADAIRES
- Le nombre de décès, actuellement à 231 hebdomadaires, devrait se maintenir à près de 238 dans quatre semaines, comme indiqué par la courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 8.
Figure 8 Evolution du nombre hebdomadaire de décès (à gauche) et de guérisons (à droite)
- Le nombre de guérisons, actuellement à 37’554 hebdomadaires, devrait monter à 42’429 dans quatre semaines, comme indiqué par la courbe bleue du graphique de droite de la Figure 8.
PREVISIONS DU NOMBRE DE CAS ACTIFS
- Des nombres simulés plus haut (contaminés, guéris et décédés), se déduisent les prévisions du nombre de cas actifs qui, actuellement à 27’560, devraient descendre très bas dans quatre semaines, comme indiqué dans le graphique de gauche de la Figure 9. Avec un taux de gravité de 1%, il pourrait alors beaucoup moins de cas graves à traiter dans 4 semaines au lieu de 660 aujourd’hui.
Figure 9 Evolution des cas actifs en fin de semaine
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
Références
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx, Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapports quotidiens depuis l’arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx