Le secteur automobile connaît une crise profonde sur le plan international qui ne serait pas sans impact sur le Maroc. En Europe, principal partenaire, on assiste chaque six mois à la mise en place d’une norme environnementale qui exige une adaptation des constructeurs.
Le monde change à grande vitesse
Dans un contexte en perpétuelle mutation, le Maroc ne peut plus compter sur les secteurs traditionnels pour augmenter le volume de ses exportations. Les secteurs qui seront en vogue et qui constitueront des puissances d’exportations dans les prochaines années sont les produits à haute valeur technologique. C’est là où le bat blesse.
En se basant sur les données publiées par l’Office des changes à fin octobre 2019, l’analyse de la balance commerciale met en évidence les secteurs ayant contribué à la hausse des exportations. Parmi ces secteurs, nous pouvons citer le secteur de l’agriculture et agro-alimentaire qui a enregistré une hausse de 5,3%. A rappeler qu’un contrat programme y afférent a été signé en avril 2017.
Ce contrat-programme vise principalement le développement de chaînes de valeur intégrées et compétitives avec un investissement global de 12 Mds DH dont 8 Mds DH à travers la contribution des opérateurs privés et 4 Mds DH à travers la contribution des Départements de l’Agriculture (2,8 Mds DH) et de l’Industrie (1,2 Mds DH). En termes d’impacts socio-économiques, il permettra de réaliser un chiffre d’affaires annuel additionnel à l’export et 13 Mds DH de valeur ajoutée annuelle additionnelle.
Un autre secteur a fortement contribué à la hausse des exportations est celui de l’aéronautique avec un taux de 7,5%. Ce secteur présente un potentiel encore inexploité et son impact sur les exportations dans les prochaines années serait important.
L’automobile n’est pas en reste avec une contribution de 3,3%. La dynamique des exportations du secteur automobile résulte toutefois de la progression des ventes du câblage (une hausse de 7,4%). La part de ce secteur dans le total des exportations s’élève, ainsi, à 26,8%.
Cette quote-part pourrait malheureusement se détériorer à l’aune des bouleversements qui surgissent en Europe. A ce titre, il est utile de rappeler que le secteur automobile connaît une crise sans précédent sur le plan international qui ne serait pas sans impact sur le Maroc. En Europe, principal partenaire du Royaume, on assiste régulièrement à la mise en place de nouvelles normes environnementales qui se traduit par des contraintes en termes de consommation. C’est pour dire que les consommateurs n’ont plus envie d’acheter des véhicules au gazoil ou au diesel frappés par un malus suite à l’application des normes environnementales européennes.
« Chaque 6 mois, il y a une norme qui entre en vigueur. A titre d’exemple, en France à partir de janvier 2020 avec l’achat d’une voiture polluante, le malus va augmenter et c’est le consommateur qui le prendra en charge. Du coup, il y a une baisse de la demande qui résulte de ce changement de propulsion », alerte Stephane Colliac, économiste Senior à Euler Hermes. Parce que si tout ce qui est produit par les constructeurs n’est pas parfaitement adapté à ces nouvelles normes, ils sont contraints à investir pour changer le processus de leur production. Et d’enchaîner : » Avec la robotisation, l’intelligence artificielle, la digitalisation, la 5G … qui se développent chaque jour conjuguées à la production de véhicules électriques et autonomes, certainement il y a des usines en Europe qui vont mettre la clé sous le paillasson. Tout cela le Maroc va le subir parce que c’est une demande internationale en moins ».
Les contraintes se multiplient
Le déficit commercial continue à se creuser atteignant 3,1% ou 5.181 MDH à fin octobre 2019. D’aucuns diront qu’en dépit des mesures déployées et des budgets alloués, le Maroc n’arrive pas un tant soit peu à améliorer son déficit commercial. Pour quelles causes ? Le Maroc a fortement renforcé sa présence sur les marchés mondiaux de la manufacture à technologie d’intensité moyenne, tout en diversifiant ses produits d’exportations, dans le cadre de sa stratégie de promotion de nouveaux métiers mondiaux (aéronautique et automobile, par exemple) et de consolidation des métiers traditionnels (comme l’engrais phosphaté). Il peine par contre à se déployer dans le segment des produits à haute technologie et se trouve donc placé sous le risque de ce que les économistes appellent « la trappe des pays à revenus intermédiaires ».
Par ailleurs, à l’occasion du PLF 2020, les exportateurs sont montés au créneau pour dénoncer le manque de mesures fiscales incitatives surfant sur la vague que la fiscalité occupe une place centrale dans toute politique de relance économique et d’investissement. Dans ce sillage, l’Association présidée par Hassan Sentissi revendique à peu près 25 mesures qui touchent les trois principaux impôts à savoir l’IR, la TVA et l’IS. Ces mesures sont-elles pour autant la panacée ? En dépit de l’importance de l’aspect fiscal, le secteur de l’export souffre de sérieux problèmes qui ne feront qu’empirer si des mesures audacieuses ne sont pas prises aussi bien par les pouvoirs publics que par les exportateurs. Si aujourd’hui les grands exportateurs arrivent à tirer leur épingle du jeu en s’adaptant aux normes internationales, il n’en est pas de même pour les PME/PMI qui représentent 80% des entreprises exportatrices.
Pour une amélioration du volume des exportations, l’espoir est tellement fondé sur le potentiel qu’offre le continent Africain notamment à travers la mise en place de la Zone de Libre-échange continentale qui ferait gagner 50 Mds de dollars d’exportations au Maroc.
Toutefois, en attendant de jouir des avantages et du potentiel qu’offre cette zone de libre échange africaine, le Maroc risque de subir de plein fouet les mutations internationales. Et en attendant de revoir ses accords de libre-échange, le Maroc continue à être le dindon de la farce.
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l’arrivage des plusieurs oprateurs de l’asie sera un plus pour l’industrie automobile au maroc