Ecrit par L.Boumahrou |
Malgré une crise sanitaire et économique qui persiste, l’AMITH compte profiter des opportunités qu’offre le contexte actuel et lance une nouvelle Vision à l’horizon 2035. Avec la vision « DAYEM MOROCCO », l’AMITH vise à augmenter la valeur des exportations marocaines à 60 Mds de DH. Un soutien étatique fort est toutefois nécessaire pour réussir la montée en compétence.
A l’instar de tous les secteurs économiques, celui du textile a été frappé de plein fouet par la crise sanitaire qui a freiné l’élan de croissance dans lequel il s’était inscrit depuis 2010. Chiffres à l’appui, les exportations marocaines sont passées d’une valeur de 36,5 Mds de DH en 2019 à 29,8 Mds de DH en 2020. Un effet direct de la pandémie sur un secteur qui commençait à renaitre de ses cendres et à sortir la tête de l’eau.
Un frein de plus qui s’ajoute à la liste des contraintes qui entravent l’émergence du secteur pour ne citer que la rude concurrence internationale, la faible compétitivité des produits marocains, le manque de diversification des marchés…
Rappelons que les exportations marocaines du textile sont principalement dirigées vers le marché espagnol et français sans oublier que le secteur est principalement dans la sous-traitance soit entre 60 à 65%. Alors pour surmonter toutes ces difficultés, aller de l’avant et remettre la filière du textile marocain en première ligne sur l’échiquier mondial, l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement a concocté une nouvelle vision du secteur (AMITH).
Il s’agit de la vision « DAYEM MOROCCO » sous le thème « Textile 2035 : une vision, des convictions » présentée par l’AMITH aux médias ce mardi 30 novembre. Une vision qui s’appuie sur quatre leviers de développement : l’agilité, l’innovation, la qualité et l’éco-responsabilité.
« C’est un moment particulier pour notre secteur qui sort d’une période assez difficile. Nous devons désormais nous recentrer sur nous-même et remettre en question certaines actions entreprises », a précisé Jalil Skali, vice-président général de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH).
Cette nouvelle vision escompte consolider le rôle que joue le secteur en tant que pilier majeur de l’économie marocaine mais aussi de renforcer sa contribution dans l’échiquier industriel marocain avec 200.000 emplois, et un chiffre d’affaire de 50 Mds de DH dont 70% environ à l’export (chiffres 2019).
Aujourd’hui et malgré une crise sanitaire et économique qui persiste, les opérateurs du secteur se disent optimistes. « Nous préférons voir la moitié pleine du verre et saisir les opportunités qu’offre cette crise sanitaire au secteur du textile marocain », a précisé Jalil Skali.
A noter qu’à l’horizon 2035, l’AMITH ambitionne d’augmenter la valeur des exportations marocaines à 60 Mds de DH, et porter la part des exportations marocaines sur les marchés d’Amérique du Nord et d’Europe du Nord à 20% du total des exportations. L’AMITH projette également de porter la part de la production en co-traitance et produit fini de 35% actuellement à 60% à l’horizon 2035. Sur le plan local, l’objectif dans les 14 années à venir est de porter la part de marché des industriels marocains à 40%.
Mais pour y parvenir et mettre en place cette stratégie, il faut se retrousser les manches afin de rattraper le retard que le secteur du textile marocain accuse depuis des années.
« Au-delà de nos concurrents traditionnels, nous avons des concurrents qui ont mis en place des business modèles qui marchent pour ne citer que le Portugal, qui certes était au même niveau que le Maroc il y a 15 ans mais il a pu se transformer en s’appuyant sur une expertise technique et une montée en charge dans le textile technique et à forte valeur ajoutée », a souligné Fatima-Zohra Alaoui, Directrice générale de l’AMITH. Et d’ajouter « nous voulons faire de la plateforme textile marocaine une plateforme durable et compétitive ».
Un changement de paradigme que le secteur compte opérer par la création d’une image forte du Made In Morocco, un développement durable la priorité, le placement de l’innovation au cœur de la nouvelle stratégie, en développant le sens créatif et du design, la promotion d’un esprit collaboratif entre acteurs de la filière et enfin la motivation de l’informel à basculer vers le formel.
L’AMITH appelle en l’occurrence le gouvernement à soutenir l’émergence et l’accélération du développement du secteur par, entre autres, la réduction de la TVA industrielle (principal obstacle du secteur), la mise en place de nouveaux mécanismes de financement, mise en place au niveau des régions des dispositifs notamment la prime à l’emploi…
« Le développement du secteur requiert un soutien étatique fort particulièrement pour développer l’amont industriel comme c’est le cas dans les pays où l’amont est fort comme la Chine et la Turquie. Des financements à taux réduits, des incitations fiscales, la réduction du coût de la facture énergétique, l’encouragement de la production locale…, sont autant de mesures à mettre en place pour donner un coup d’accélérateur au secteur », a déclaré Fatima-Zohra Alaoui, Directrice générale de l’AMITH.
D’ailleurs l’AMITH attend avec impatience l’activation effective du Fonds Mohammed VI pour l’investissement pour donner un coup d’accélérateur au secteur et mieux le positionner sur l’échiquier international du textile.