L’agence régionale d’exécution des projets de la région Tanger-Tetouan-Al Hoceima lance une étude relative à l’élaboration d’une stratégie contre le phénomène de la contrebande au passage Bab Sebta.
Chaque jour qui passe, la contrebande représente un manque à gagner énorme pour les caisses de l’Etat. L’ampleur de cette contrebande rend improductive toute activité commerciale ou industrielle non seulement au Nord mais aussi dans d’autres régions du Royaume. Des données chiffrées ? On n’en dispose que des estimations, loin de refléter la réalité. Et pour cause, les statistiques officielles ne font aucune allusion à ce phénomène et il n’existe pas d’études ou enquêtes à l’échelle régionale ou nationale pour évaluer le coût d’opportunité de la contrebande.
Dans ce sillage, une étude relative à l’élaboration d’une stratégie contre le phénomène de la contrebande au passage Bab Sebta vient d’être lancée par l’agence régionale d’exécution des projets de la région Tanger-Tetouan-Al Hoceima (ARTTA). Le coût est estimé à 1.920.000 DH TTC.
Le prestataire aura ainsi pour mission d’analyser les indicateurs relatifs au phénomène de la contrebande par Bab Sebta (notamment le nombre de personnes exerçant, la valeur globale de la marchandise…), arrêter et analyser l’offre des produits objet de la contrebande selon la nature, l’origine, les circuits d’approvisionnement et même les avantages compétitifs.
Le maître d’ouvrage est également amené à réaliser une étude sur terrain à travers des enquêtes auprès des différents acteurs intervenant dans les différents maillons des circuits de la contrebande. Il est même appelé à évaluer l’impact de ce trafic sur les ressources douanières et fiscales de l’Etat, sur le secteur industriel régional et national, la santé et la sécurité du consommateur.
Il s’avère également judicieux de déterminer les causes directes du recours à la contrebande afin de pouvoir y remédier.
Aussi, l’étude en question va-elle se focaliser sur l’évaluation de l’impact des mesures prises antérieurement par l’Etat pour la lutte contre ce phénomène (diminution des taxes douanières, contrôle, sensibilisation des consommateurs…), afin d’identifier les défaillances. Un benchmarking avec des pays ayant déjà appliqué des stratégies pour la lutte contre ce phénomène est également d’une grande valeur ajoutée. Nombreux sont les pays ayant réussi à éradiquer ou atténuer l’ampleur de ce phénomène. Nous ne cesserons d’ailleurs jamais de le répéter, la lutte contre la contrebande au Maroc est une question de volonté politique plus que de moyens.
Assainir et accroître l’investissement dans le Nord
L’étude en question serait d’une grande portée pour notre économie aussi bien sur le plan économique que social. En dehors même de l’aspect pécunier, les produits alimentaires de contrebande échappent à tout contrôle sanitaire ce qui constitue une menace pour la santé des citoyens.
Il est temps d’arrêter de continuer à penser que la contrebande procure du travail à la population vulnérable du Nord. Une argutie souvent évoquée par les autorités espagnoles pour minimiser l’impact de la contrebande tout en lui conférant un aspect social.
On ne saurait conclure sans espérer que cette étude pourrait être un moyen permettant à la région du Nord de décoller à travers le développement de l’investissement, d’une concurrence loyale et de création d’emplois. Son développement se veut un moyen de relance économique du Nord dans un premier temps et par effet d’entraînement de l’ensemble de l’économie marocaine.
1 comment
Analyse très juste mais trop brève