Ecrit par Imane Bouhrara I

L’expérience du Maroc en matière de budgétisation sensible au genre (BSG), fruit de deux décennies, a été saluée lors de la conférence régionale sur le thème « la Budgétisation Sensible au Genre : les Finances Publiques comme moteur du changement pour l’égalité », organisée par le Ministère de l’Économie et des Finances en partenariat avec l’ONU Femmes et avec l’appui de l’Union européenne au Maroc, de l’Agence Française de Développement et de la Banque Mondiale, les 7 et 8 juin 2023 à Marrakech. Mais du chemin reste à faire.

Porté sous le hashtag #MoveEqualityForward, cet événement s’inscrit dans le cadre de la route vers les Assemblées Annuelles 2023 du groupe de la Banque Mondiale et du FMI qui auront lieu à Marrakech en octobre prochain, qui prévoit l’organisation d’un certain nombre d’évènements et de manifestations qui traiteront de sujets d’actualité et mobiliseront les différentes parties concernées.

C’était l’occasion de mener une réflexion stratégique sur les finances publiques en tant que moteur de changement pour l’égalité de genre, et de faire le bilan sur les avancées de l’instrument Budgétisation Sensible au Genre (BSG) marocain, reconnu en tant que bonne pratique au niveau international, mais aussi d’analyser les défis et identifier les perspectives d’évolution.

L’évènement a été l’occasion d’échanger autour du financement de l’égalité de genre, et de sensibiliser les participants à l’importance stratégique de l’instrument de la BSG ainsi que de l’implication de l’ensemble des acteurs ministériels, des administrations locales et de la société civile.

Lors de la séance d’ouverture, et dans l’allocution prononcée en son nom par le Directeur des Affaires Administratives et Générales du Ministère de l’Economie et des Finances, le Ministre délégué chargé du Budget a mis l’accent sur les réformes multidimensionnelles conduites sous le leadership éclairé de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour la promotion de l’égalité de genre notamment, l’introduction des questions d’égalité et d’équité au niveau de la constitution de 2011, la mise en œuvre de programmes publics et stratégies nationales en faveur de l’égalité de genre, l’intégration de la dimension genre dans la programmation budgétaire et son institutionnalisation dans le cadre de la nouvelle loi organique relative à la loi des finances.

Le ministre délégué a, par ailleurs, mis en valeur également le rôle de Centre d’Excellence pour la Budgétisation Sensible au Genre dans l’accompagnement des départements ministériels pour une application et appropriation des dispositions de la LOF en matière de prise en compte de la dimension genre dans leurs pratiques de programmation et de budgétisation et a salué la haute implication de différents départements dans ce chantier.

Le ministre Délégué a tenu à rappeler par ailleurs, les Hautes Orientations Royales déclinées dans le Discours du Trône, du 30 Juillet 2022, insistant de manière claire et explicite sur la nécessité de redoubler d’effort pour une pleine participation des femmes dans tous les domaines.

Pour sa part, Aawatif Hayar, ministre de la Solidarité, de l’Insertion Sociale et de la Famille, a rappelé les principales lignes directrices du cadre stratégique du plan gouvernemental pour l’égalité 2023-2026 basé sur trois axes majeur: l’autonomisation de la femme, volet qui a défini des mesures pratiques visant à élever son taux d’activité à l’horizon 2026, la prévention et la protection des femmes et la lutte contre la violence à leur égard et le renforcement des valeurs pour la lutte contre les stéréotypes, la promotion des droits des femmes et la lutte contre toutes les formes de discrimination. 

Dans une deuxième étape, 2026-2030, il sera question de mettre le turbo dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD), particulièrement l’objectif 5.

Et en troisième étape, il s’agit d’aboutir à une parité à l’horizon 2035 conformément aux recommandations du nouveau modèle de développement.

Cette conférence internationale a connu également la participation de Jesko Hentschel, Directeur pays pour le Maghreb et Malte à la Banque Mondiale, Susanne Mikhail, Directrice Régional du Bureau des États Arabes à l’ONU Femmes, Patricia Pilar Llombart Cussac, Ambassadrice de l’Union Européenne au Maroc, et Mathieu Vasseur, Directeur Régional Afrique du Nord à l’Agence Française de Développement, ainsi que des hauts responsables des départements ministériels marocains, des ministères en charge de la promotion des droits des femmes des différents pays de la région MENA et d’Afrique, ainsi que des représentants des collectivités territoriales, des organisations et institutions financières internationales et des organisations de la société civile provenant de différents pays de la région.

La conférence, qui s’est déroulé sur deux jours, a connu le premier jour, la présentation des résultats phares du Centre d’Excellence pour la Budgétisation Sensible au Genre durant ses 10 ans d’existence ainsi qu’un panel de haut niveau sur l’importance de la BSG dans la prise de décision en matière de finances publiques.

Des ateliers techniques ont été organisés au deuxième jour de l’événement, notamment sur les opportunités offertes par les réformes des finances publiques pour l’institutionnalisation de la (BSG), sur les méthodes et les synergies entre les budgétisations sensibles au genre et au climat et également sur les expériences territoriales liées à la gouvernance locale et à la BSG pour promouvoir l’égalité des genres.