Ecrit par L. Boumahrou |
Depuis l’entrée en vigueur de la réforme de la flexibilité du Dirham, les bureaux de change appellent le régulateur à intervenir pour revoir la réglementation régissant leur profession afin qu’ils puissent jouer leur rôle. Pour le Wali de BAM, il faut d’abord une réorganisation du secteur et une formation des acteurs pour mieux maitriser les risques de la volatilité du Dirham.
La flexibilisation du régime de change suscite ces derniers temps plusieurs points d’interrogation. Le Maroc a-t-il fait le bon choix ? Le timing était-il propice pour lancer la réforme en 2018 ? A-t-on réellement créé un marché de change où l’offre et la demande fixent réellement les prix ? Faut-il franchir une nouvelle étape ?
Autant de questions qui témoignent de l’incertitude qui plane sur un marché qui est bel et bien impacté par la crise sanitaire. Preuve en est, la position de BAM à repousser le passage à la 2ème étape de la flexibilisation du régime de change malgré l’avis favorable du FMI.
En effet, il est impératif de réunir tous les prérequis pour passer à la phase suivante qui requiert une implication et une harmonisation entre tous les acteurs du système. Ce qui n’est pas encore le cas. Les bureaux de change, l’un des acteurs du régime de change, se sentent encore à l’écart de ce nouveau système.
Ils n’ont cessé d’appeler le régulateur à intervenir pour corriger les règles de jeu du marché afin de créer un réel marché de change concurrentiel. Parmi les points qu’ils soulèvent la prédominance du marché interbancaire où les prix sont fixés par les banques et non pas par la loi de l’offre et la demande.
Les banques profiteraient dans ce sillage de l’article 2.2.8 de l’Instruction régissant l’activité de Change manuel pour fixer, de façon implicite, le taux de change. Il s’agit du flux généré par lesdits bureaux estimé à 40 Mds de DH/an (avant la crise).
Interpellé à ce sujet, le Wali de Bank Al-Maghrib a souligné que le passage à un autre système de change requiert des bureaux de change une meilleure maîtrise de la volatilité des taux pour pouvoir agir en conséquence. Il a rappelé qu’une Commission planche, entre autres, sur cette problématique afin que les bureaux de change puissent jouer le rôle qui leur incombe dans ce système.
« Bien que cela relève de l’Office des changes, j’ai tenu à ce que la question soit traitée par tous les acteurs concernés (BAM, banques et Office) afin de régler le plus tôt possible ce problème des bureaux de change » , a précisé Jouahri.
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Et d’ajouter : « nous sommes en phase de voir comment mieux organiser le secteur et comment traiter chaque segment. D’un côté les gros et de l’autre les petits qui devront se regrouper afin de mieux les encadrer et leur permettre de suivre l’évolution de ce régime de change ».
Cela veut-il dire que les bureaux de change ne sont pas encore prêts pour mieux maîtriser les risques liés à la volatilité du taux de change ? La Banque centrale cherche-t-elle à limiter l’intervention des bureaux de change sur le marché de change tant que le secteur n’est pas mieux organisé ?
En tous les cas, la banque centrale a appelé la fédération des bureaux de change, dans un courrier, à veiller à ce que ses membres disposent des compétences requises pour exercer une activité où la gestion du risque est une compétence essentielle à acquérir. Chose que les opérateurs contestent étant donné que cette gestion du risque de change n’existe pas en réalité en raison de l’obligation réglementaire qui contraint les bureaux de change à vendre dans un délai de 17H maximum.
Quant à la fixation des prix de change que les bureaux de change contestent, BAM a tenu à préciser que les propositions des opérateurs ne sont pas conformes aux normes et pratiques internationales dans des régimes de change similaires à celui adopté par le Maroc.
Ce qui est certain, il faudra attendre la réforme de l’Office de change pour y voir plus clair dans le rôle que les bureaux de change vont devoir jouer dans ce nouveau système. En attendant, ils devront se contenter de respecter la réglementation en vigueur.