La cartographie des risques n’a jamais été aussi étoffée qu’en cette année 2022 puisqu’elle accumule la survenance de plusieurs chocs successifs en un temps très réduit. Forcément, les marges de manœuvre s’en trouvent amoindries.
En effet après deux ans de pandémie, les gouvernements ne sont pas près de souffler avec un environnement international instable, une inflation qui monte en flèche et des tensions sur les matières premières qu’il est légitime de se poser la question : comment dans un contexte pareil, les gouvernements peuvent-ils mettre l’économie sur la trajectoire d’une relance soutenue ?
Pour les conjoncturistes, face aux multiples risques et incertitudes dus aux effets de la pandémie aggravés par les impacts de la crise en Ukraine, incertitudes pesant lourdement sur la stabilité du cadre macroéconomique, les options de politique économique se présentent comme un exercice d’équilibre entre, d’une part, les actions de consolidation de la situation financière tant au plan interne qu’externe et, d’autre part, la réaffirmation des choix stratégiques de dynamisation du processus de croissance.
Le Maroc entame l’exercice avec une forte décélération des principaux indicateurs économiques et sociaux conjuguée à une hausse de l’inflation qui devra frôler les 5%.
Dans ce contexte particulièrement éprouvant pour le Maroc, de quels degrés de liberté disposent les décideurs publics ?
Pour le Centre Marocain de Conjoncture (CMC), les marges de manœuvres sont forcément amoindries face aux risques et incertitudes.
En effet, l’économie nationale demeure encore soumise à de multiples facteurs de risque liés à l’instabilité de l’environnement international et aux fluctuations caractérisant les prix de l’énergie et des matières premières.
Dans un contexte empreint d’incertitudes, les arbitrages en matière de politique économique se trouvent forcément limités et se trouvent subordonnés à l’impératif de préservation des équilibres fondamentaux au détriment des autres objectifs de soutien à la dynamique de l’activité et à la croissance, estiment les conjoncturistes.
Au plan des finances publiques, l’exécution du budget général de l’Etat fait apparaître au terme de l’exercice 2021 un déficit en amélioration de 1,5 point de PIB (5,5% contre 7,0% en 2020 soit 70,9 Mds de DH contre 82,3 Mds de DH).
Cependant, pour ce qui est de 2022, Bank Al-Maghrib estime que conséquemment à l’accroissement important des dépenses de compensation du gaz butane et du blé, le déficit budgétaire devrait accuser une légère aggravation pour se situer aux alentours de 6,3% du PIB en 2022, rappelle le CMC. S’agissant de la politique monétaire, les orientations affichées depuis le début de l’année semblent s’inscrire globalement dans la continuité des actions entreprises lors de l’exercice précédent.
Les conjoncturistes relèvent à ce titre que le souci d’apporter un soutien accru à l’activité économique a conduit les autorités monétaires à maintenir le taux directeur à son bas niveau historique de 1,5% appuyé par le maintien de la réserve monétaire à un niveau très réduit.
Ces différentes initiatives, particulièrement accommodantes pour les opérateurs, devraient stimuler la distribution des financements bancaires. Ce qui atteste du parti pris de la Banque Centrale de favoriser la relance des activités productives malgré la résurgence de l’inflation projetée à 4,7% en 2022.