Mais qui pour porter la voix de ceux qui me ressemblent, mais qui ne parlent pas.
Qui pour porter la voix de tous ceux qui se sentent exclus de la politique car elle est médiocrement portée par ceux qui portent la politique, ventripotents en incompétence, et dont l’action commence à dépasser toute insolence.
Qui pour porter la voix de ceux qui croient que la politique est chose vénale, ne servant qu’à servir des ambitions inavouables.
Qui pour porter la voix de ceux qui n’ont pas rencontré le Kairos et la carrière, pour savoir que la politique est bien au contraire, cette grande chose, en toutes choses, estimable.
Qui pour porter la voix de ceux-là même qui, en s’excluant, s’identifient à autre chose que ce qui leur est opposé, parce qu’à ces autres-là, ils ne veulent pas se frotter. Mais qui, pourtant, demandent aujourd’hui à exister, à être écoutés, à être concertés.
Qui pour porter la voix de ceux qui ont compris, par les réponses apportées à cette pandémie, qu’il est temps de voter, de voter autre chose, de voter mieux, de voter plus, mais qui hélas, ne savent que voter, quoi voter, pour quelle autre chose voter, pour s’impliquer.
Qui n’ont pour choix de vote que cette masse compacte de profils politiques, qui ne parlent que ce même discours compact très peu prolifique, qui ne ciblent qu’une seule population compacte en qui ils ne trouvent toujours que des besoins identiques, et à qui on répond toujours de la même critique.
A croire que cette population dont personne ne porte la voix, ne porte pas d’espérance politique. A croire que cette nombreuse population que nous pouvons être ne peut pas élever l’intérêt qualitatif d’un autre pluralisme et libéralisme politiques.
Qui pour porter la voix de tous ces libéraux -ce qui ne veut pas dire immoraux comme on aime le faire entendre à l’envi- qui sont ouverts sur les vastes champs du monde, qui ont des idées modernistes et des volontés progressistes, du temps et de l’argent, du savoir-faire et des procédés clairs, qui veulent parler une autre langue que celle qu’on nous impose, qui veulent démontrer de nouvelles manières à la discussion, à la négociation, à l’anticipation, à l’argumentation et à la réfutation, et qui par leur différence, veulent donner à la politique au moins un peu d’élégance.
Qui pour porter la voix de ceux qui entrevoient clairement maintenant, la nécessité de trouver une place dans la politique d’aujourd’hui, pour ne plus continuer à être soumis, de force, aux forces de l’arbitraire des prochains lendemains tout aussi infinis.
Dans l’état d’urgence, il y a l’urgence de l’heure. Car non, ce gouvernement ne me représente pas. Car croire en la raison d’Etat est au moins aussi important que croire en la raison publique. Si nous en sommes à cela aujourd’hui, à quoi nous en serons dans 10 ans et 20 ans, si rien n’est fait dès ce moment pour reconstruire et diversifier notre offre politique?
Il est temps de réinventer la politique, pour s’ouvrir au rôle civilisateur de la critique publique, pour nous préparer à des avenirs encore plus exigeants et dont on ne doit plus rien conserver de ce schéma inique.
Si vous êtes aussi de ceux dont on ne porte pas la voix, faisons en sorte de créer notre propre voie, égale et légale, institutionnelle et constitutionnelle, pour commencer à parler, en dehors de cercles amicaux et familiaux.