Le secteur du tourisme continue de naviguer à vue pour ne pas dire qu’il est sur le point de chavirer. Aucune visibilité jusqu’à aujourd’hui pour la reprise de ce secteur aussi vital pour l’économie. S’il est quasi certain que cette saison estivale ne connaîtra pas l’arrivée de touristes étrangers, le doute persiste en ce qui concerne le tourisme intérieur.
Face à l’évolution de la pandémie, les Marocains sont face à un dilemme. Ils ne savent pas s’ils doivent préparer leurs bagages pour passer des vacances au Bled ou oublier le voyage au risque de se voir bloqués loin de chez eux, en cas d’éclosion de clusters. Et pourtant dans le contexte actuel ce n’est que le tourisme interne qui pourra sauver, en partie, un secteur au bord de l’agonie.
Il est venu le temps de redonner de l’importance au tourisme interne et pourquoi pas réconcilier les Marocains avec l’offre domestique. La stratégie de développement du tourisme interne, adoptée depuis 2003, n’a pas réellement donné ses fruits en raison de l’absence d’une offre attractive adaptée aux spécificités du consommateur marocain.
Afin de booster le tourisme interne, le groupe Istiqlalien a présenté à la Chambre des représentants une proposition de loi sur “les Chèques Vacances”.
« Pour atteindre l’objectif de la vision 2020 et tripler le nombre de séjours des nationaux soit une part de 40% des nuitées, il s’avère primordial de lever certaines contraintes qui entravent l’essor du tourisme interne, notamment celles liées au pouvoir d’achat. Ainsi, et parmi les mesures d’accompagnement du développement du tourisme interne, il a été proposé de mettre en place à partir de 2015 un dispositif d’incitation au voyage au Maroc appelé cartes vacances », précise le PI.
Ce dispositif devrait permettre de remédier en partie aux contraintes de limitation des budgets des ménages consacrés aux voyages et loisirs, stimuler l’activité touristique dans les différentes destinations touristiques et, par voie de conséquence, générer des recettes fiscales pour l’Etat.
En d’autres termes, les entreprises et l’Etat vont intervenir dans la rémunération des avantages non monétaires tels que l’édification de centres d’estivage à des tarifs subventionnés ou les versements de subventions à travers les œuvres sociales, précise l’Istiqlal dans sa proposition.
« Le ministère du Tourisme propose d’étoffer ces dispositifs par l’introduction de nouvelles mesures de soutien aux voyages et loisirs permettant de stimuler la demande. La « carte vacances » sera le canal d’attribution de ces avantages aux salariés et fonctionnaires. Elle mettra à contribution les deux parties, employeurs et employés, en adoptant des règles de transparence et de démocratisation du voyage en faveur des différentes couches sociales et différents niveaux de revenus », précise-t-on.
Le dispositif des « cartes vacances » repose sur l’introduction de cartes prépayées auprès des Marocains désirant voyager au sein du Maroc, leur permettant de payer leurs séjours dans les établissements d’hébergement touristiques classés. Il a pour objectifs de :
▪ Contribuer à l’amélioration du budget consacré aux voyages par les Marocains,
▪ Augmenter la durée moyenne de séjour des marocains,
▪ Orienter la consommation vers le secteur formel,
▪ Développer des offres spécifiques aux touristes nationaux.
La proposition de loi stipule que les employeurs concernés sont ceux des ministères et leurs démembrements régionaux et territoriaux ; les établissements publics à caractère commercial et industriel ; les collectivités locales et territoriales ; les entreprises, sociétés, organismes, quelle que soit leur forme juridique.
Les modalités de mise en place du système « cartes vacances » seront fixées par voie réglementaire. L’adhésion au système n’est pas obligatoire et repose d’une part, sur l’adhésion volontaire des entreprises et sur le choix individuel de chaque salarié de bénéficier de ce dispositif.
Tous les employés du secteur privé affiliés à la CNSS et tous les employés civils de l’Etat peuvent bénéficier, à titre volontaire, des cartes vacances.
Financements
La détention d’une carte vacances résulte de la participation de l’employé à laquelle s’ajoute la contribution financière de l’employeur.
– Dans le secteur privé, la contribution de l’employeur à la cotisation mensuelle de ses employés varie entre 50% et 80% de la valeur de la carte vacances. Ces taux sont fonction des niveaux de salaires.
– Dans le secteur public, la contribution de l’Etat à la cotisation des fonctionnaires varie entre 20% et 50% de la valeur de la carte vacances.
Avantages fiscaux
Le dispositif « cartes vacances » bénéficie d’un certain nombre d’exonérations à même d’encourager aussi bien les employeurs que les employés à y adhérer.
– Exonérations accordées aux employeurs : L’avantage de contribution de l’employeur aux cartes vacances de ses employés est déductible de l’Impôt sur les sociétés et exonéré des charges sociales.
– Exonérations accordées aux employés : La participation de l’employeur dans la valeur de la carte vacances est considérée comme étant un supplément de salaire net exonéré de l’impôt sur le revenu et les charges sociales.
Impact économique
Le dispositif des « cartes vacances » devrait permettre d’augmenter considérablement l’activité touristique directement en termes d’arrivées et de nuitées dans les établissements d’hébergement touristiques classés, et indirectement dans les activités connexes au tourisme.
Le dispositif à travers l’obligation d’acquérir la prestation touristique auprès des établissements d’hébergement classés, permettra de faire basculer une partie de l’activité informelle vers le secteur formel. Au total, 17,8 millions de nuitées additionnelles sont attendues grâce à ce dispositif durant la période allant de 2020 à 2025.
Les cartes vacances en circulation devraient générer un chiffre d’affaires cumulé sur la période 2020-2025 d’environ 15 milliards de DH, ce qui se répercutera en conséquence sur les recettes de l’Etat en termes de TVA et d’IS. Par ailleurs, les cotisations des employés et des employeurs constitueront une épargne mensuelle qui pourrait faire l’objet de placements financiers et générant de l’impôt sur la plus-value.
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