En général, au Maroc, comme dans les autres pays émergents, les entreprises à forte croissance ne représentent que 20 % des entreprises manufacturières et de services. Et pourtant elles contribuent à plus de 50 % des créations d’emplois et du chiffre d’affaires total. Comment venir en aide à ces entreprises pour tirer la croissance de toute l’économie du pays ?
Selon le nouveau rapport de la Banque mondiale « High-Growth firms », les politiques destinées à renforcer le dynamisme des entreprises et soutenir les créations d’emplois ne devraient pas se focaliser de manière sélective sur les gagnants potentiels.
Elles doivent au contraire venir appuyer ce que le rapport appelle « l’ABC de l’entrepreneuriat de croissance », à savoir l’amélioration de l’efficacité de l’allocation des ressources, l’encouragement des effets externes B2B et le renforcement des capacités des entreprises.
Le rapport s’appuyant sur une analyse approfondie de la dynamique des entreprises dans nombre de pays émergents, dévoile une faible corrélation entre productivité et forte croissance, la croissance des entreprises pouvant résulter de divers facteurs au-delà de l’efficience technique.
« Dans de nombreux pays, les modèles de croissance qui peuvent avoir porté des fruits par le passé doivent s’adapter aux nouveaux défis et soutenir la création d’emplois », explique Ceyla Pazarbasioglu, vice-présidente de la Banque mondiale pour la croissance équitable, la finance et les institutions. C’est ainsi que la Banque mondiale intervient avec les pays clients pour soutenir des interventions publiques adaptées aux défis et aux capacités des entreprises et des entrepreneurs. « Pour de nombreuses institutions du secteur public, la mise en œuvre de ces politiques dépend de leur capacité à faciliter l’innovation, la productivité et la croissance des entreprises tout en suivant et en adoptant les bonnes pratiques mondiales », poursuit la responsable.
Le rapport constate par ailleurs que la plupart des entreprises à forte croissance des pays en développement sont actives dans des secteurs et des régions diversifiés et que la majorité d’entre elles étaient déjà des entreprises de taille moyenne, voire de grandes entreprises. De ce fait, les critères de sélection des interventions publiques visant à faciliter le dynamisme et la croissance des entreprises ne doivent pas accorder une importance excessive à la taille, au secteur d’activité, au contenu technologique ou au lieu d’implantation.
Là où il faut plutôt placer le curseur est sur la qualité et l’accessibilité des données sur les entreprises, de développer l’évaluation des politiques publiques et leur portée tout en renforçant les capacités institutionnelles de soutien à l’entrepreneuriat.
« Maintenir une forte croissance est un défi pour la plupart des entreprises. L’un des principaux constats du rapport réside dans l’importance que revêtent l’innovation, l’ouverture au monde, les réseaux, les bonnes pratiques managériales et l’accès au financement », souligne pour sa part Najy Benhassine, directeur des finances, de la compétitivité et de l’innovation à la Banque mondiale.
Ainsi, ce rapport brise le mythe du lien entre une forte croissance et des secteurs d’activité particuliers ou le fait d’être une entreprise high-tech ou une start-up. Une plus grande importance portée aux politiques fondées sur des données probantes sera sûrement plus payante pour la productivité et la croissance des entreprises que la recherche souvent vaine de ”la prochaine licorne”, conclut le rapport.