Les Brefs du Plan du mois d’avril du HCP, ont été consacrés à l’analyse de l’évolution des indices du commerce extérieur du Maroc au cours de la période 2020-2022. Les auteurs de l’analyse, Fatiha Zoumman et Youssef Fliflou, de la Division des indices statistiques du HCP ont scruté les indices de valeurs unitaires (IVU) qui mesurent les variations des valeurs unitaires à l’importation et à l’exportation. Détails.
Hausses inédites constatées depuis 2021
À l’importation comme à l’exportation, les variations depuis 2019 peuvent être résumées en trois temps. Tout d’abord, en 2020, la pandémie de Covid-19 a fait baisser significativement les valeurs unitaires : au quatrième trimestre 2020, les indices de valeurs unitaires à l’importation étaient en baisse de 6,7% par rapport à 2019 ; ceux de l’exportation ont reculé de 2,7%.
Les valeurs unitaires se sont ensuite progressivement redressées, suivant la reprise de l’activité économique, et ont retrouvé globalement leurs taux de variation d’avant la crise au premier trimestre 2021 : +1,2% sur un an pour les importations et +1,8% pour les exportations.
Depuis le deuxième trimestre 2021, la vive reprise économique mondiale a généré une très forte demande entraînant des envolées des cours des matières premières.
À ce contexte inflationniste s’ajoutent en mars 2022 les tensions engendrées par la guerre en Ukraine qui provoquent de nouvelles envolées des prix (pétrole, gaz, métaux, matières premières, produits alimentaires…).
C’est ainsi que les IVU à l’importation ont enregistré une variation de 44,5% entre le quatrième trimestre 2020 et le deuxième trimestre 2022. Ceux de l’exportation ont évolué dans le même sens et ont augmenté de 39,5%.
En glissement annuel, les valeurs unitaires à l’importation ont augmenté de 30,2 % au deuxième trimestre 2022. Celles des produits de l’« énergie et lubrifiants » étaient particulièrement en très forte hausse soit +95,0% sur un an. De même, les IVU à l’exportation ont enregistré un record de +28% avec notamment un accroissement de +92% pour les « demi-produits ».
Enfin, au troisième trimestre 2022, les IVU aussi bien à l’importation qu’à l’exportation décélèrent pour la première fois depuis le quatrième trimestre 2020 enregistrant +26,6% après +30,2% en import et +22,8% après +28,0% en export, ce qui a signalé un début de détournement de la tendance haussière confirmé au quatrième trimestre 2022 avec des variations en glissement annuel nettement inférieures: +16,7% pour les importations et +10,7% pour les exportations.
Renchérissement des prix à l’importation de l’énergie et des produits alimentaires
À l’importation, les groupements d’utilisation qui ont le plus concouru aux évolutions constatées au niveau global en fonction de leurs pondérations sont: « l’énergie et lubrifiants », « les demi-produits » et les produits de l’« alimentation, boisson et tabac ».
Le groupement d’utilisation : « Énergie et lubrifiants » a constitué 12% des importations en valeurs en 2020, 14% en 2021 et 21 % en 2022. L’IVU à l’importation globale a progressé de 34,8 % entre le premier trimestre 2020 et le quatrième trimestre 2022, suite notamment au rebond de +73,3% enregistré par les valeurs unitaires du groupe « Énergie et lubrifiants ».
Les « demi-produits » ont constitué 22% des importations en valeurs en 2020 et 2021 et 23% en 2022. Leurs indices de valeurs unitaires ont progressé de 57,5% entre le premier trimestre 2020 et le quatrième trimestre 2022.
Ce résultat est principalement attribuable au renchérissement des valeurs unitaires de l’« ammoniac » (+406,2%), des «produits chimiques » (+53,6 %), des « papiers et cartons, ouvrages divers en papiers et cartons » (+45,7 %) et des « matières plastiques et ouvrages divers en plastique » (+33,2%).
Pour sa part, le groupement d’utilisation « alimentation, boisson et tabac » a constitué 13 % des importations en valeurs en 2020, 11 % en 2021 et 13 % en 2022. Son IVU a progressé de 53,6 % sur la même période suite essentiellement au renchérissement du blé (+87,2 %), du maïs (+128,1%) et du sucre brut ou raffiné (+43,2%).
Hausse remarquable des prix à l’exportation des phosphates, des engrais et de l’acide phosphorique
À l’exportation, ce sont surtout « les demi-produits », les « produits finis de consommation » et les « produits finis d’équipement industriel » qui ont connu les hausses les plus importantes et les plus influentes de fait de leurs pondérations élevées.
Ces trois groupes ont constitué à eux seuls plus de 70% des exportations en valeurs sur la période 2020-2022. Entre le premier trimestre 2020 et le quatrième trimestre 2022, l’IVU à l’exportation a progressé de 37,8 % suite à l’accroissement de 107,8% des valeurs unitaires des « demiproduits », en l’occurrence les engrais naturels et chimiques (+179,7 %) et l’acide phosphorique (+67,6 %).
En outre, les phosphates, principal produit du groupement «produits bruts d’origine minérale », ont vu leurs prix remonter de 217,4%.
Les «produits finis d’équipement industriel » se sont renchéris de 36,5 %. Cette hausse est particulièrement imputable à l’augmentation des prix des «fils, câbles et autres conducteurs isolés pour l’électricité » (+48,2%) et des « parties d’avions et d’autres véhicules aériens ou spatiaux » (+45,7%). De leur côté, les prix des « produits finis de consommation » se sont accrus de 9,1%, notamment ceux des « voitures de tourisme » (+19,6%) et des « parties et pièces pour voitures et véhicules de tourisme » (+18,5%).
Évolution des termes de l’échange
Les termes de l’échange annuels sont définis par le ratio de l’indice des valeurs unitaires à l’exportation à l’indice des valeurs unitaires à l’importation. En 2021, Ils ont augmenté de 2,6% suite à la hausse des IVU des exportations de 13,2% contre seulement 10,3% pour les importations.
Par ailleurs, cet indicateur a diminué de 3,0% en 2022 en raison de la progression des IVU des exportations (+21,3 %), moins importante que celle des IVU à l’importation (+25,0%). En rythme trimestriel, les termes de l’échange se sont nettement améliorés en 2021 suite à une progression des valeurs unitaires à l’exportation plus accélérée que celle des IVU à l’importation.
Le premier trimestre de 2022 a marqué une dégradation de ce ratio pour s’établir à un taux neutre de 99,9. Les deux trimestres médians de l’année 2022 ont connu un redressement des termes de l’échange.
Toutefois, le fort infléchissement des valeurs unitaires à l’exportation relativement à celles des importations a fait que cet indicateur s’est replié au quatrième trimestre 2022.