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« L’espoir luit comme cette eau courante qui baigne les mains silencieuses » Jean-Michel Maulploix
- « De toutes les maisons du monde/Ne durera plus qu’un balcon/Et de l’humaine mappemonde/Une tristesse sans plafond ». Un confiné tient ces vers, issus de « Prophétie » de Supervielle, pour le quatrain de la quarantaine.
- Un confiné, épris de chimie, s’interroge : la peur est à coup sûr soluble dans l’eau de javel, l’ennui l’est-il aussi ?
- « Les mains dans les mains restons face à face ». Aussitôt qu’il fredonne ce vers élégiaque d’Apollinaire à sa compagne sur un pont, un confiné doit mettre sa main à sa poche pour s’acquitter d’une amende.
- « Il meurt lentement celui qui ne voyage pas ». Habité par cette maxime de Neruda, un confiné se met à arpenter « Suicide, mode d’emploi ».
- « Qui parlera de moi au sable du désert/Humecté de rosée, fin collier de dunes ». Ainsi parle au confiné un ascendant, captif de de la lucidité, l’autobaptisé le triple prisonnier, Al-Maâri.
- Un confiné s’est perdu de vue. Tous les jours, il cherche dans la glace son vis-à-vis. Sa devise : une sentence de Borges : « Être, c’est être vu »
- « Heureux, qui comme Ulysse a fait un beau voyage… », chante un confiné loin des siens en songeant à retrouver le clos de sa maison. Il rêve de se reconfiner près du tapis inachevé.
- Littéralement respectueux des consignes, un confiné fait des pieds et des mains pour obtenir des masques en mains propres.
- Les mains du confiné applaudissent le virus à son insu. Jamais elles n’ont été entre de si bonnes mains.
- Le moineau signe sa liberté à l’aurore sur le balcon en invitant un confiné à s’arracher à sa peur comme à sa torpeur.
- « Vladimir : Alors on y va. Estragon : Allons-y ». Les deux personnages restent immobiles, se remémore un confiné féru de théâtre. Ils sont prisonniers d’une scène parce que punis par Godot.
- Un confiné perd sa langue quand il croise ses voisins de palier et la retrouve sur le balcon dans son palais.
- « La propreté ne fait pas à elle seule le bonheur », reconnaissant les mains d’un confiné en s’imaginant entrain de chiner dans une brocante sous un soleil printanier.
- Sous le masque, le visage est sans visage, les yeux sont bègues et la langue un poisson rouge sans voix.
Par Rédouane Taouil,
Ancien des écoles primaire et secondaire publiques