La Banque Centrale a organisé ce jeudi 11 juillet 2019 une rencontre scientifique de très haut niveau qui a réuni d’éminents économistes et des conférenciers dont le Pr Christopher Sims, lauréat du prix Nobel d’économie en 2011.
L’organisation de l’édition 2019 du Congrès Africain d’Econometric Society par Bank Al-Maghrib et «Econometric Society» s’inscrit dans le cadre de la célébration du 60ème anniversaire de BAM.
Fondée en 1930 par Ragnar Frisch, premier lauréat du prix Nobel d’économie, cette Conférence figure parmi les institutions les plus prestigieuses dans le domaine de l’économie. Son objectif est de créer un espace d’échange et de débat constructif pour faire avancer la théorie économique en lien avec les statistiques et les mathématiques.
« Nous considérons cette rencontre comme une opportunité pour nous en tant que Banque Centrale mais également pour les institutions nationales ici présentes pour nous enquérir des avancées de la recherche en économie, notamment quantitative. C’est aussi l’occasion de renforcer le lien avec le monde académique et initier de nouvelles relations de coopération », a déclaré Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib.
Dans son allocution, le gouverneur de la Banque centrale a également mis l’accent sur l’ouverture du Maroc sur l’Afrique dans le but de renforcer la coopération Sud-Sud et faire émerger le continent par ses propres ressources.
Parmi les ressources clés de l’émergence figure le capital humain, un atout qui ne contribue pas comme il se doit au développement de l’Afrique.
« L’Afrique, comme nous le savons, performe faiblement en matière de recherche. Le continent qui abrite près de 17% de la population mondiale aujourd’hui et devant en concentrer plus du quart en 2050, ne produit que 5% de la richesse, mesurée en parité de pouvoir d’achat, et n’est à l’origine que de 2,6% des publications scientifiques, selon le dernier rapport sur la science de l’UNESCO datant de 2015 », a-t-il précisé.
Aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur l’impératif de doter ce capital humain des leviers pour jouer le rôle qui lui est assigné notamment en investissement dans la recherche, développement et l’innovation. C’est même une condition sine qua non pour atteindre des taux de croissance qui permettront l’émergence du continent.
« Développer le capital humain et la recherche n’est pas un objectif facile, nous en sommes bien conscients au Maroc. Malgré toute la volonté et un effort budgétaire de près de 6% du PIB, nous avons des difficultés à mettre notre système éducatif sur la voie qui permettrait de disposer des compétences que requière le marché du travail et encore plus le développement de la recherche et l’innovation », a souligné Abdellatif Jouahri.
Et d’ajouter que l’investissement dans le capital humain est la voie qui pourrait assurer la croissance rapide et soutenable dont l’Afrique a besoin pour répondre aux aspirations de sa population en général et de sa jeunesse en particulier. Il faut dire que le continent n’a pas d’autre choix s’il veut rattraper le retard qu’il accuse.
Cette rencontre a également été l’occasion d’aborder un sujet d’actualité dans notre pays. Il s’agit de la réflexion menée depuis un an et demi sur l’élaboration d’un nouveau modèle de développement. Rappelons que SM le Roi avait appelé les forces vives du pays à penser un nouveau modèle de développement vu que le modèle actuel a atteint ses limites.
Une session réunissant d’éminents experts de l’économie marocaine notamment Mohammed Berrada, Larbi Jaidi, Mohamed Taoufik Mouline (IRES), Zohir Chorfi (SG ministère des Finances) …, a également été au programme de cette conférence. L’occasion de faire le point sur les forces et les faiblesses du modèle actuel mais aussi de se projeter dans le futur et voir où en sommes-nous dans cette réflexion.
Par ailleurs, des sessions parallèles sont consacrées à la présentation d’une centaine de travaux de recherche soumis par des chercheurs issus de différents pays (Angleterre, Belgique, Canada, Chili, Corée du Sud, Etats-Unis d’Amérique, Egypte, Espagne, France, Italie, Japon, Kenya, Luxembourg, Maroc, Nigeria, Pays-Bas, Qatar, Sénégal, Suisse, Tunisie,…).
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