Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Depuis l’annonce faite en avril dernier par Leila Benali, les industriels attendent toujours l’annonce tant attendue de la concrétisation du contrat d’approvisionnement de gaz naturel liquéfié (GNL). L’enjeu pour l’économie est double : réduire la facture énergétique qui plombe le secteur industriel et produire plus proprement.
Remplacer le fioul par le gaz naturel est le rêve de tous les industriels marocains notamment ceux qui opèrent dans les industries énergivores. Un rêve qu’ils revendiquent depuis très longtemps en vertu des avantages du gaz naturel sur la compétitivité de notre industrie en allégeant la facture énergétique.
Une facture qui ne cesse de grimper notamment dans ce contexte de flambée des prix des énergies mettant sous pression le tissu industriel.
Chiffres à l’appui, la facture énergétique a plus que doublé s’élevant à 43.789 MDH à fin avril 2022. Conséquence, une aggravation du déficit de la balance commerciale atteignant 43,6% à fin avril 2022.
Conscient de cet impératif, le Maroc a adopté une feuille de Route nationale pour le développement du gaz naturel 2021-2050. Ses objectifs, la création d’un marché régulé de gaz naturel en stimulant une évolution progressive de la demande, le développement d’un projet d’infrastructure gazière structurante, l’accès des industriels et tous autres consommateurs à une énergie compétitive, l’amélioration de la compétitivité des industriels marocains exportateurs et le développement d’autres activités annexes de sous-traitance autour de la filière du gaz naturel.
Et c’est dans le cadre de la 3ème étape de la mise en œuvre de cette feuille de route que le Maroc avait lancé l’appel d’offres relatif à l’approvisionnement en gaz liquide.
Le 15 avril dernier donc, la ministre de la Transition Energétique et du développement durable, Leila Benali, annonçait l’accès, pour la première fois de l’histoire du Maroc, au marché du gaz liquide.
Une entrée qui doit se concrétiser par la signature de contrat avec l’un des dizaines de fournisseurs ayant répondu à l’appel d’offres pour s’approvisionner en gaz liquide lancé par le Maroc. Deux mois plus tard, toujours pas de visibilité ni sur le fournisseur ni sur les quantités objet de l’appel d’offres.
Et pourtant, la ministre avait affirmé qu’il était question de quelques jours avant que la commission ad hoc, chargée par la tutelle pour étudier les offres dont nous ignorons le contenu, ne puisse livrer son verdict.
La signature du contrat de gaz naturel va permettre le redémarrage des deux centrales à cycles combinés à savoir Tahaddart et Aïn Béni Mathar à l’arrêt depuis la fin du contrat avec l’Algérie. Nous avons contacté le ministère de tutelle pour en savoir plus sur l’état d’avancement de l’appel l’offres mais sans réponse.
En attendant, les industriels s’impatientent pour remplacer le fioul par le GNL et faire d’une pierre 2 coups : réduire leur facture énergétique qui plombe leur compétitivité et produire plus proprement.
Rappelons que le Maroc se prépare pour décarboniser son industrie afin d’être au rendez-vous en janvier 2023, date à partir de laquelle l’UE constituera une base de données après avoir consulté le bilan carbone des entreprises pour une entrée en vigueur de la taxe carbone en 2026 en Europe.
En effet, cette taxe ne se fera d’un seul coup étant donné que le 1er scope concernera uniquement les émissions directes de GES de l’entreprise.
Donc pour réduire leur émission de CO2, les industries énergivores ont tendance à consommer du gaz naturel plutôt que les autres combustibles. Car en plus de la compétitivité de son coût, le GNL est une excellente solution pour permettre aux industriels de se mettre en conformité avec les réglementations environnementales actuelles, et qui seront de plus en plus strictes à l’avenir.
Contacté par nos soins, le directeur général de la Sonasid, Ismail Akalay nous a précisé que « le secteur a exprimé son intérêt pour le gaz naturel qui permettra de renforcer la compétitive des industriels. Le GNL va permettre une économie de 20% par rapport au prix du fioul ».
Toutefois pour switcher du fioul au GNL, les industriels vont devoir investir, ce qui ne semble pas les déranger. « Nous sommes prêts à investir pour pouvoir remplacer le fioul par le GNL », a-t-il affirmé.
Espérons que le gouvernement réussira à signer le plus tôt possible ledit contrat et permettre ainsi aux industriels de mieux se positionner sur l’échiquier international.