Le Maroc a revu son ambition à la hausse par rapport à celle de 2016, avec un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 45,5 % d’ici 2030.
Les effets du changement climatique ne sont plus à démontrer. Tous les rapports démontrent qu’il y a péril en la demeure et qu’il faudra réagir le plus vite possible pour limiter les conséquences du réchauffement climatique. Malheureusement, malgré l’urgence, l’action de la communauté internationale se fait toujours attendre.
La COP26 qui s’est tenue du 1er au 13 novembre à Glasgow a été, une fois de plus, l’occasion de rappeler cette urgence et l’impératif de passer à l’action. Après deux semaines de négociations par les 200 pays, la COP26 s’est achevée par l’adoption du « Pacte de Glasgow pour le climat » qui constitue une entente historique mais imparfaite.
Et pour cause, le texte reconnaît pour la première fois le rôle des énergies fossiles dans le réchauffement planétaire, il vise à accélérer la lutte contre le réchauffement de la planète, mais sans assurer de le contenir à 1,5 °C ni faire avancer la finance climatique. C’est ce qui ressort de l’analyse réalisée par le Centre Marocain de Conjoncture dans son dernier numéro.
CMC a principalement mis l’accent sur la contribution du Maroc aux travaux de la COP26. « Les engagements étatiques – en plus de devoir passer l’épreuve de leur mise en œuvre – sont largement en deçà de ce qu’exige la science. Le Maroc a présenté un programme ambitieux qui lui a valu un excellent classement international en la matière », précise le CMC.
Sécheresses, inondations, incendies, pénuries de ressources…, le dérèglement climatique menace de plus en plus et de façon plus rapide l’humanité. Le dernier rapport du GIEC fait état d’un constat sans appel. Il montre que les émissions de gaz à effet de serre ont élevé les températures d’environ 1,1 °C depuis la période 1850-1900.
Des températures plus élevées et des conditions météorologiques plus souvent extrêmes et moins prévisibles affecteront la disponibilité et la répartition des précipitations, la fonte des neiges, le niveau et les écosystèmes des mers, le débit des rivières et des eaux souterraines, et détérioreront davantage la qualité de l’eau, précise le GIEC.
Ce rapport démontre également qu’il n’y a pas une diminution des émissions de gaz à effet de serre. Ce qui démontre que les engagements des pays notamment pollueurs dans le cadre de l’accord de Paris ne sont pas tenus. Nous sommes bien loin des objectifs de limiter le réchauffement de la planète sous 2°C, voire 1,5% comme convenu dans l’Accord de Paris.
La question pressante qui se pose alors est : la COP 26 a –t-elle été à la mesure de ces défis ? A t-elle enregistré un engagement ambitieux et crédible des pays allant dans le sens d’une meilleure protection du climat et de l’environnement. Qu’en est-il du financement international de l’atténuation du changement climatique et de l’adaptation à ses effets ?
Dans son analyse le CMC affirme que bien la COP 26 a permis d’enregistrer certaines avancées, l’accord adopté n’est pas à la hauteur des défis planétaires ni des engagements des pays.
Le Maroc revoit sa copie
Le Maroc figure parmi les 151 pays ayant présenté une mise à jour de leurs contributions déterminées au niveau national (NDC), engagements volontaires des Etats issus de l’accord de Paris. Ainsi le Royaume a revu son ambition à la hausse par rapport à celle de 2016, avec un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 45,5 % d’ici 2030, dont 18,3 % est inconditionnel et réalisé sans appui de la coopération internationale.
Ainsi, la seconde CDN du Maroc engage le pays à réduire inconditionnellement ses émissions de 18,3 % par rapport au Cours Normal des Affaires (BAU) d’ici 2030. Avec une aide financière, le Maroc a déclaré qu’il pourrait atteindre 27,2% supplémentaires d’ici 2030, portant l’objectif total à 45,5% en deçà du BAU, rappelle l’analyse du CMC.
Pour atteindre son nouvel objectif, le Royaume s’appuiera sur un portefeuille de 61 projets d’atténuation couvrant sept secteurs, dont 27 sont conditionnés par un soutien international. Ce portefeuille de projets nécessitera un financement total de 38,8 milliards $, dont 21,5 milliards $ pour les projets conditionnels.
De plus, la CDN actualisée du Maroc comprend des objectifs stratégiques d’adaptation pour plusieurs secteurs dont l’eau, avec un coût total estimé à environ 40 milliards de dollars. Grâce à sa stratégie volontariste et malgré des carences, le Maroc est reconnu comme un “leader ambitieux” en matière d’action pour le climat.
Publié le 9 novembre dans le sillage de la COP 26, le Climate Change Performance Index (CCPI) établi chaque année par des organisations non gouvernementales évalue les politiques environnementales de différents pays. Il classe le Maroc au huitième rang mondial après trois pays scandinaves que sont le Danemark, la Suède et la Norvège, ainsi que le Royaume-Uni.
Les trois premières places n’étant pas attribuées faute résultats suffisants. Le rapport salue les avancées du Maroc, particulièrement son potentiel dans la production d’énergie renouvelable notamment dans le cadre du Plan solaire marocain. Ce plan vise à augmenter la capacité d’énergie solaire installée à un total de 20 % de la capacité installée d’ici 2030. Rappelons aussi que Le Maroc s’est fixé comme ambition, à l’horizon 2030, de produire 52 % de ses besoins en électricité avec des énergies renouvelables, et de réduire sa consommation d’énergie de 15 % d’ici à 2030.
Le royaume s’est aussi engagé à cesser tout nouveau projet de production d’électricité au charbon. Le rapport critique toutefois la faible part d’énergie renouvelable dans le mix énergétique actuel et la forte dépendance aux combustibles fossiles. La part du charbon dans le mix électrique au Maroc représente encore en effet 69 %, alors que l’énergie thermique dans son ensemble (charbon, gaz naturel, pétrole) occupe près de 81 % de la production d’électricité nationale.