La crise sanitaire a été particulièrement prolifique en fake news, notamment l’arrêt des soins vétérinaires aux animaux et celui du contrôle des chaînes de productions des denrées d’origine animale. Badre Tnacheri Ouazzani, le Président du Conseil National de l’Ordre National des Vétérinaires rappelle que les vétérinaires ont une expérience historique dans la lutte contre les épidémies.
EcoActu.ma : Tout d’abord quelles ont été les premières prédispositions prises par l’ordre auprès des professionnels ? Et quel rôle de veille de l’ordre dans ce contexte inédit ?
Badre Tnacheri Ouazzani : Dès à l’apparition de la pandémie Covid-19, l’Ordre National des Vétérinaires du Maroc (ONV) a invité toutes les consœurs et tous les confrères à respecter et mettre en œuvre toutes les mesures de biosécurité et à prendre la juste mesure de l’ampleur de la crise sanitaire en cours tout en appliquant strictement et avec la rigueur qui s’impose les consignes gouvernementales pour lutter contre la propagation du virus Covid-19. Et Comme vous savez, le vétérinaire dispose des compétences requises pour mettre les barrières sanitaires et les normes de biosécurité, puisqu’il a déjà fait face à des enzooties qui existaient au cours des années précédentes et dont la dernière est celle de la fièvre aphteuse en 2015.
L’ordre s’est empressé de démentir les informations erronées sur l’arrêt de l’activité des professionnels particulièrement du privé et de l’activité de contrôle sanitaire des produits d’origine animale. Aujourd’hui, comment l’activité se poursuit-elle dans ce contexte d’état d’urgence sanitaire ?
Suite aux informations qui commençaient à circuler concernant l’arrêt de l’activité des cabinets vétérinaires privés et des services vétérinaires de l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA), l’ONV a immédiatement fait des communiqués qui ont été distribués par les voies officielles et sur les réseaux sociaux pour démentir toutes ces informations non fondées précisant que les vétérinaires dans les deux domaines, privé et public, chacun selon sa spécialité et son champ d’action, continuent à exercer leur travail tout en respectant les mesures sanitaires édictées par le gouvernement. En plus, il est à préciser que tous les cabinets vétérinaires privés ainsi que les services vétérinaires publics continuent à assurer la sensibilisation des citoyens sur les mesures de protection contre le Covid-19 et surtout dans le monde rural. En plus, le Conseil National de l’Ordre National des Vétérinaires a invité toutes les consœurs et tous les confrères à continuer à travailler vue notre mission noble qui est premièrement de soigner les animaux et de veiller sur leur bien-être et deuxièmement, de garantir l’encadrement en continu des chaînes de production d’aviculture, de viande rouge, de viande blanche, d’œuf, de lait, et aussi des services vétérinaires pour continuer les contrôles au niveau des abattoirs par les vétérinaires publics ou par les vétérinaires privés mandatés. De même que se poursuivent les campagnes de vaccination pour sauvegarder notre patrimoine animal. Il est à noter que pour les premiers jours de confinement l’autorité locale, les Moqadems et cheikhs étaient engagés dans la mise en œuvre des dispositions pour le respect des mesures édictées par le gouvernement concernant Covid-19. Devant cette situation et en concertation avec l’ONSSA, nous avons décidé de prolonger cette période de vaccination jusqu’à fin avril 2020 pour permettre aux vétérinaires qui n’ont pas encore achevé leur campagne, d’exécuter souplement et toujours en gardant les mesures de biosécurité au cours de passage de ferme en ferme et d’un douar à l’autre.
Cette pandémie intervient en pleine campagne de prophylaxie sanitaire. Cela a-t-il eu une incidence sur la lutte contre la fièvre aphteuse bovine, la peste des petits ruminants et la clavelée ?
Cette pandémie intervient à la fin de la campagne de prophylaxie sanitaire. Je tiens à préciser que cela n’a pas eu d’incidence sur la vaccination contre la fièvre aphteuse bovine, la peste des petits ruminant et la clavelée du fait que toutes les consœurs et tous les confrères, veillent personnellement sur la vaccination de tout le cheptel national qui faut-il le rappeler est formé par environ 2,8 millions de bovins,17,1 millions d’ovins et 5,1 millions de caprins.
Aussi pour votre information et celle du public la durée de la campagne de vaccination a été prolongée jusqu’au 30 avril 2020 pour la compléter et la réussir en tenant en compte des contraintes imposées par la crise Covid-19.
La pandémie a suscité nombre d’interrogations pour les propriétaires d’animaux domestiques. Comment démêler le vrai du faux sur l’éventualité de transmission du virus de l’homme vers l’animal et inversement, avec le cas du chat en Belgique ? Et quel risque sur le cheptel et les denrées d’origine animale ?
Concernant le transfert de la maladie de l’homme à l’animal, nous avons suivi l’actualité à l’étranger pour les cas isolés notamment les chiens à Hong Kong qui n’ont pas été confirmés, et puis le chat en Belgique qui a été testé positif, puisque sa propriétaire était testée positive. Alors on a eu une dernière étude réalisée par la faculté de médecine vétérinairede l’Université de liège qui a démenti ça en précisant que les prélèvements ont été effectués sur les fèces et les vomissements du chat par sa propriétaire. Ce chat n’a pas été examiné par un vétérinaire, de fait il est possible que la contamination s’est faite par la propriétaire elle-même lors de ces prélèvements. Donc jusqu’à l’instant où on réalise cet interview, il n’y a pas de contamination confirmée de l’homme aux animaux domestiques (bétail et animaux de compagnie).
Concernant l’autre question si les animaux peuvent contaminer l’homme, les tests effectués par le laboratoire de diagnostic vétérinaire Idexx apportent la preuve scientifique que les chiens et chats ne transmettent pas le Covid-19 par la salive ou les sécrétions nasales. Une nouvelle bien rassurante pour les propriétaires de chiens et chats. L’animal sert alors de simple vecteur, comme une poignée de porte, un bouton d’ascenseur ou un vêtement. Afin de réduire ce risque (déjà minime), il est recommandé de confiner au maximum son chat et de sortir les chiens en laisse en respectant les mesures de distanciation sociale pendant la durée de l’épidémie de Covid-19. Les animaux domestiques ont leur Corona virus qui est tout à fait différent du Covid-19. Leur corona est métrisable puisqu’il existe des vaccins requis pour protéger les animaux contre ce virus.
En dernier lieu, à travers votre support, nous vous informons que le vétérinaire est volontaire pour toute action demandée par notre gouvernement. Aussi, nous rassurons toutes les citoyennes et tous les citoyens que nous allons continuer à exécuter toute nos taches jusqu’au bout. Nous sommes engagés ensemble pour remporter ce combat contre le Covid-19 et nous continuons à suivre la situation et l’information scientifique à l’échelle nationale et mondiale.
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