Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Le Comité stratégique de la protection sociale s’est réuni pour dresser l’état d’avancement du chantier de la généralisation de la couverture sociale. Toutefois, ni le communiqué du Chef du gouvernement ni la déclaration de Faouzi Lekjaa n’ont fait référence à la réforme de la compensation. Jusqu’à quand ?
Sans doute, le chantier de la généralisation de la couverture sociale figure parmi les priorités de l’équipe gouvernementale. Le chef du gouvernement a d’ailleurs présidé ce lundi 10 avril une réunion du Comité stratégique de la protection sociale pour s’enquérir de l’état d’avancement de ce chantier royal. Un chantier qui repose sur 4 phases toutes aussi importantes les unes que les autres. En effet, bien que la première phase de chantier à savoir la généralisation de l’AMO ait été achevée dans les délais, beaucoup reste à faire.
En l’occurrence la mise en œuvre des 3 autres phases du chantier à savoir la généralisation des allocations familiales prévues pour 2023, la généralisation de la retraite à toutes les personnes et l’indemnité pour perte d’emploi à l’ensemble de la population active (2024- 2025).
Le communiqué, à l’issue de cette réunion, précise que le Chef du gouvernement a appelé les parties concernées à inciter les citoyens à adhérer au régime AMO d’une part et d’autre part à encourager les citoyens à inscrire leurs familles au Registre Social Unifié afin qu’ils puissent bénéficier avant la fin de l’année 2023 de nombreuses prestations sociales, au premier plan les allocations familiales.
Lire également : COMPENSATION : LA BAISSE DES CHARGES SERAIT-ELLE ENVISAGEABLE ?
Tout laisse à croire que le gouvernement compte bien respecter le timing de mise en œuvre de ce chantier ô combien important pour améliorer les conditions de vie d’une bonne frange de la population.
Le ministre délégué auprès de la ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, a déclaré de son côté que le chantier de la couverture médicale et la réforme de la protection sociale, « avance dans la bonne voie, conformément aux agendas préétablis ».
Lekjaa a même affirmé que l’année 2023 sera consacrée à la réforme des systèmes d’assistance pour les intégrer dans un système unifié dédié à l’appui à l’indemnisation familiale, l’année 2024 à la mise en œuvre et à la généralisation de ce système et 2025 à la réforme du système d’indemnité pour perte d’emploi.
Mais ce qui nous interpelle dans cette communication, c’est qu’à aucun moment la réforme de la Caisse de compensation n’a été mentionnée. Et pourtant, la généralisation des allocations familiales et le lancement du RSU sont conditionnés par ladite réforme.
Cette réforme qui a manqué à l’appel dans la LF 2023 est pourtant une condition sine qua non pour lancer ces chantiers. Faut-il rappeler que la loi cadre sur la protection sociale stipule dans l’article 13 que les ressources de la caisse de compensation vont servir à financer ledit chantier. Rien que pour les allocations familiales prévues courant cette année, la part de l’Etat dans le financement de cette phase s’élève à 20 Mds de DH.
A moins que la réforme se fasse dans les coulisses à l’abri de tous, on ne cesse de se demander comment l’Etat compte-t-il mobiliser ces financements notamment dans le contexte et la conjoncture actuelle ? Qu’attend au juste le gouvernement ?
Certes les crises qui se sont succédé ont retardé le lancement de cette réforme mais jusqu’à quand ? Attendre que la conjoncture soit plus propice dans un contexte où plus rien n’est sûr, où les Etats ne peuvent plus se projeter à long terme, où les prévisions tombent du jour au lendemain à l’eau…, c’est prendre le risque de retarder la réforme d’une Caisse qui pèse de plus en plus sur le budget de l’Etat.