Ecrit Soubha Es-siari |
A fin février 2023, le bulletin mensuel des finances publiques publié par le ministère des finances fait montre que les charges de la compensation se sont chiffrées à près de 5,8 Mds de DH, dont 400 MDH au titre des subventions accordées, en février 2023, au secteur du transport. Hors ces subventions, lesdites charges ont affiché une quasi-stagnation par rapport à fin février 2022.
Cette stagnation voire une baisse à l’horizon pourrait-elle s’inscrire dans la durée ? Répondre par l’affirmative serait fortuit tant que le spectre de la crise plane toujours et tant que des mesures audacieuses ne sont pas prises par les pouvoirs publics.
Force est de constater que les mesures prises, jusqu’alors, pour alléger les charges devenues lourdes sous l’effet des fluctuations des prix notamment des produits de base sur le marché mondial ne sont plus efficientes.
A rappeler qu’au cours de l’exercice 2022, les compteurs de la Caisse de compensation se sont affolés. Des hausses atteignant plus de 100% ont été enregistrées. Et pour cause : les tensions géopolitiques, les différents conflits entre pays, l’aléa climatique de plus en plus pesant sur les différentes activités et la sortie totale ou partielle de la crise sanitaire.
Autant de facteurs déterminants des évolutions incontrôlées des prix, mettant en difficulté la viabilité de la caisse de compensation.
Dans un contexte contraignant sur tous les plans, la Caisse de compensation s’est ainsi retrouvée au fil des mois en situation délicate avec des interventions très couteuses pour éviter des dérapages de nature à générer des déséquilibres économiques et sociaux.
En guise de rappel, depuis 2015, date de la décompensation des carburants, la charge de la subvention s’est allégée significativement pour ne guère dépasser 14 milliards de dirhams durant la période allant de 2016 à 2021 exception faite pour l’exercice 2019 où les dépenses de compensation se sont établies à 18,7 milliards de dirhams.
Ce montant oscillait avant cette période entre environ 21 milliards en 2015 contre 55,9 milliards en 2012. Cette évolution des subventions a permis au pays de disposer de plus de moyens financiers à mettre au service du développement des secteurs sociaux mieux ciblés.
Cependant, si les mesures prises pour stabiliser les prix du gaz butane, du sucre et d’une partie de la farine du blé tendre ont produit leurs effets, la situation ne semble pas devoir s’inscrire dans la durée.
A fin avril 2022, les charges de compensation ont atteint 11,8 Mds contre seulement 6,3 Mds de DH au cours de la même période de l’année passée enregistrant ainsi une hausse de 87% et représentant 56% de l’enveloppe totale retenue dans la loi de finances.
Si cette tendance de la hausse se poursuit, les dépenses de subvention pourraient frôler selon les économistes les 40 Mds soit un niveau similaire à celui observé en 2014.
Une telle perspective compromettrait la restructuration et la coordination envisagées de l’ensemble des aides sociales susceptibles d’améliorer le niveau de vie des citoyens et de réduire les écarts sociaux qui gangrènent la société marocaine.
En attendant, le défi à relever dans l’immédiat consiste à soutenir les efforts destinés à accroitre la résilience économique et sanitaire du pays en renforçant sa capacité de son système de santé en vue de lui permettre de réagir rapidement face à un choc tel que celui produit par la récente pandémie, et de recourir davantage à des mécanismes appropriés de réponse rapide pour amortir les chocs économiques, et favoriser la résilience des chaînes d’approvisionnement.
De manière générale et comme on n’a eu cesse de le dire, le Maroc se doit de concentrer ses efforts sur la maitrise de ses dépenses, le renforcement du contrôle de l’affectation des deniers publics, l’orientation des prestations sociales vers les plus démunis à travers le RSU prévu pour début 2023 et la mise en place de mécanisme approprié pour permettre à une large frange de la population de s’adapter aux mutations en cours tant sur le plan économique qu’au plan social.
Aussi, le Maroc est-il appelé à mettre les bouchées doubles pour réduire certes progressivement mais drastiquement sa dépendance aux marchés extérieurs en assurant sa souveraineté. En effet, sa forte dépendance aux marchés extérieurs, pour la couverture d’une grande partie de ses besoins en produits de base, accentue sa vulnérabilité face aux contraintes imposées par la volatilité des marchés mondiaux.
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