Le Haut-commissariat au Plan a élaboré des projections des cas déclarés positifs de la Covid-19 au Maroc vers la fin 2020. Au 31 décembre 2020, le Maroc cumulerait entre un minimum de 300.000 et un maximum de 500.000 cas enregistrés. Détails.
Le nombre de cas au Maroc devrait continuer son augmentation, tout en fluctuant dans un intervalle borné par un maximum (Hi 95) de cas que l’on peut enregistrer et un minimum (Lo95) tenant compte des mesures de préventions actuelles. Les bornes [Lo 95, Hi 95] représentent le champ de l’incertitude de l’estimation tendancielle effectuée. En épidémiologie, l’incertitude de la prévision du nombre des cas d’infection devient plus importante quand l’horizon temporel est grand, impliquant des intervalles d’estimation plus larges.
Le tableau 1 résume les prévisions du nombre des cas cumulés au terme de l’année 2020, en se basant sur les données arrêtées le 20 septembre. Les perspectives d’évolution des nouvelles infections révèlent une situation épidémique « préoccupante », avec la possibilité de reproduction d’une vague plus forte de contamination dans le cas d’une levée des mesures du confinement partiel mises en application actuellement dans certaines zones.
Le taux de létalité se poursuivrait au rythme de 1,9 % suivant les tendances de vulnérabilité, indiquant ainsi une situation épidémique difficile mais encore « supportable » par le système sanitaire.
Au niveau régional, les prévisions basées sur les tendances actuelles permettent d’identifier quatre groupes d’évolution : Groupe 1 (à haut risque) : le Grand Casablanca-Settat.
On s’attend à une poursuite de l’augmentation des cas contaminés avec une possibilité de dépasser les 2 000 cas par jour à fin décembre. Cela peut être un signal d’une situation critique de la propagation du virus SARS-Cov-2 qui peut nécessiter des mesures strictes.
Groupe 2 (situation instable) : Rabat-Kénitra, Marrakech-Safi.
En ce qui concerne la région Rabat-Kénitra, on observe un rythme moins élevé de la contamination en comparaison avec la région Casablanca-Settat, avec un champ de fluctuation plus large : le nombre de cas cumulés pourrait atteindre 59 037 à fin décembre. Au niveau de la région Marrakech-Safi, on s’attend à une poursuite de l’évolution volatile des nouveaux cas journaliers enregistrés. Dans ce groupe, la situation semble instable à la date du 20 septembre pour les deux régions, une vague des contaminations peut se déclencher à tout instant, imposant un maintien des mesures de confinement partiel. Groupe 3 : Fès-Meknès, Tanger-Tétouan
L’évolution du nombre de cas infectés quotidiennement est stable, avec une possibilité d’« extinction » si les mesures d’autoprotection et le respect des gestes-barrières sont maintenus. Le risque d’aggravation de la situation serait plus lié au laxisme des citoyens quant au respect des mesures de prévention. Le nombre des contaminations atteindrait 20 672 à fin décembre dans la région Fès-Meknès.
Groupe 4 : Autres régions Le nombre de cas enregistrés jusqu’au 20 septembre est maîtrisable s’il est tenu compte des mesures préventives, mais l’apparition de nouveaux clusters pourrait générer une vague de contamination, notamment en cas de non-respect des mesures d’autoprotection. Ci-dessous, une récapitulation des résultats de projections effectuées :
Impact d’une journée de confinement hebdomadaire généralisé
Le risque de survenue d’une nouvelle vague de contamination reste encore élevé, tenant compte du développement du comportement de prévention chez la population. Le recours à un confinement total sur une longue période pourrait paralyser l’économie nationale, alors que les séquelles de la première stratégie de confinement total durant 82 jours sont toujours perceptibles sur le tissu productif.
Au-delà des effets économiques, et face à une nouvelle ascension des contaminations, l’application d’un confinement généralisé, mais intermittent, pourrait s’avérer efficace pour amortir la tendance des nouvelles infections. Partant de ce constat, nous avons simulé l’effet d’une stratégie de confinement généralisé d’un jour par semaine4 au niveau national et au niveau de 3 principales régions : CasablancaSettat, Rabat-Salé-Kénitra et Marrakech-Safi par rapport aux prévisions établies à l’horizon du 31 décembre 2020.
La méthodologie utilisée s’inspire des travaux de Chaiwat et al.5 qui ont retenu la variation à la baisse de Rt noté ΔRt = Rt-Rt-1 comme étant le principal paramètre employé pour simuler la stratégie proposée.
Selon les estimations du HCP, l’application d’un jour de confinement pendant 6 semaines (01/10/2020 au 06/11/2020) permet de réduire la transmissibilité de 10%.
La différence enregistrée entre les cas simulés par la stratégie proposée et la tendance prévue s’amplifiera d’une manière exponentielle dans le temps, permettant ainsi de bénéficier d’une marge du contrôle de la situation et de prise de décision. Au niveau national, la réduction en termes de nouvelles contaminations pourrait atteindre 72 000 cas à fin décembre et se situerait aux environs de 35 000 au niveau de la région Casablanca-Settat, 8 900 dans la région Rabat-Salé-Kénitra et 4 000 dans la région Marrakech-Safi.
Dans l’ensemble, une stratégie de confinement hebdomadaire ne per mettrait pas une réduc tion significative des contaminations sur le court terme, mais pourrait sensiblement réduire leur rythme d’évolution sur une période plus longue. Son efficacité nécessite la mise en œuvre de mesures d’accompagnement appropriées.
Une campagne de sensibilisation de la population sur l’importance de répartir ses achats et ses déplacements sur les autres jours de la semaine est indispensable afin d’assurer un gain supérieur d’efficacité en termes de réduction des contaminations.