Face à l’affaiblissement du profil de l’économie marocaine, notamment au T2 2022, BMCE Capital Global Research (BKGR) a procédé à la révision à la baisse de son scénario économique, anticipant pour sa composante centrale une hausse limitée à +1,1% contre +1,8% projetée trois mois auparavant.
Au terme du deuxième trimestre 2022, la forte décélération de l’économie marocaine se confirme en 2022. Ainsi le HCP a dévoilé ses nouvelles perspectives de croissance de +0,3% au T1, de +0,9% au T2 et de +0,8% au T3 contre des projections initiales de +2,8% et de 1,8% pour les deux premières périodes respectivement.
Pour sa part Bank Al-Maghrib a révisé ses prévisions de croissance pour toute l’année 2022, les revoyant légèrement à la hausse à +1% contre +0,7% en mars dernier. Et ce malgré une conjoncture des plus incertaines.
En effet, la note de BKGR a compilé les éléments d’informations du HCP l’ayant incité à réviser à la baisse ses perspectives de croissance. Il s’agit particulièrement de la dégradation de la valeur ajoutée agricole de -16,1% en variation annuelle au lieu d’une hausse de +17,5% au cours de la même période une année auparavant en raison de la baisse de -32% du cumul pluviométrique à fin mai 2022 par rapport à une année normale ainsi que du repli des réserves en eau de barrage.
Aussi, contexte actuel, marqué par la forte augmentation des prix à la consommation et par le repli des revenus ruraux, a-t-il négativement impacté la consommation finale qui serait restée modérée au deuxième trimestre 2022, freinée par le manque de dynamisme de la demande des ménages dont la hausse se serait limitée à +1,8% (vs. +13,6% une année auparavant).
Parallèlement, l’investissement aurait continué son repli au deuxième trimestre 2022 au rythme de -1,3% en y-o-y au lieu de +7,3% une année auparavant. Cette évolution serait la résultante de la poursuite du mouvement de déstockage des entreprises, amorcé en début d’année notamment dans le secteur des industries extractives et, au ralentissement des investissements en construction.
On note également une dégradation du déficit commercial déjà fortement perceptible au terme des cinq premiers mois de 2022 ressortant en creusement de -36,9% à -116,8 Mds de comparativement à la même période de l’année précédente pour un taux de couverture se fixant à 60,2% (vs. 59,5% à fin mai 2021).
Cette évolution négative de la balance commerciale résulte de la hausse de +39,2% des importations à 293,2 Mds, traduisant particulièrement le doublement des achats des produits énergétiques à 54,6 Mds au moment où les exportations performent, tout de même, de +40,7% à 176,4 Mds de DH profitant principalement de l’amélioration des expéditions des secteurs de l’agriculture et de l’agro-alimentaire, de l’Automobile et des Phosphates et dérivés.
Autre ombre au tableau, le faible niveau de croissance qui se profile pour cette année s’accompagne également par une exacerbation des tensions inflationnistes, majoritairement d’origine externe.
Cette hausse des prix est principalement tirée par la flambée des cours des produits énergétiques et alimentaires ainsi que par l’accélération de l’inflation chez les principaux partenaires commerciaux du Royaume. L’IPC a ainsi connu une augmentation sensible au cours des quatre premiers mois de l’année avec une progression moyenne de +4,5% en glissement annuel.
Pour la Banque Centrale, cette tendance devrait se poursuivre à court terme pour atteindre +5,3% en 2022 mais estime qu’elle devrait revêtir un caractère provisoire puisqu’elle escompte un retour à +2% en 2023.
A la lumière de ces nouveaux développements, BMCE Capital Global Research (BKGR) a également procédé à la révision à la baisse de son scénario économique, anticipant pour sa composante centrale une hausse limitée à +1,1% contre +1,8% projetée trois mois auparavant.
Aussi, son Bureau de Recherche a-t-il ajusté les éléments de sa cartographie des opportunités et des risques notamment pour tenir compte de l’éventualité de la confirmation de la détente des prix du pétrole et des matières premières au deuxième semestre, la reprise de l’activité touristique et les effets éventuels de la persistance de la pandémie de la COVID 19.