Soutenue par la dynamique des investissements publics et privés et la bonne reprise du secteur touristique qui continue d’afficher des chiffres en amélioration d’un mois à l’autre, l’économie marocaine démontre une remarquable résilience, offrant ainsi des perspectives de développement prometteuses pour les années à venir. Cependant rappellent, les analystes de BKGR, cette croissance ne s’est pas faite sans défis, particulièrement dans le contexte persistant de stress hydrique alarmant avec un taux de remplissage des barrages qui s’établit à 28% au début du mois d’août en quasi-stagnation par rapport à un an auparavant.
En tant que pays semi-aride, le Maroc est confronté à une crise hydrique de plus en plus aigüe, exacerbée par les effets du changement climatique et des sécheresses récurrentes et ce, en dépit d’une gestion étatique qui s’avère jusqu’ici extrêmement judicieuse.
Dans ce contexte, le secteur de l’agriculture, employeur d’une large part de la population, demeure à la merci de ces aléas. Dans ce sens, le taux de chômage s’établit désormais à 13,1% au T2 2024 (vs. 13,7% au T1 2024 et 12,4% un an auparavant) intégrant une perte de 141.000 emplois principalement non rémunérés en milieu rural et une création de 60 000 postes d’emplois rémunérés en milieu urbain entre le T2 2023 et T2 2024.
Face à cette épreuve, le Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Irrigation -PNAEPI- 2020-2027 a été déployé constituant une initiative ambitieuse visant à sécuriser les ressources hydriques. Ce programme inclut la construction de nouveaux barrages, la mise en place d’autoroutes de l’eau, l’expansion des systèmes d’irrigation et le développement de stations de dessalement. Ces mesures s’avèrent indispensables pour préserver la viabilité de l’agriculture et garantir un accès durable à l’eau potable pour toute la population.
Le dessalement y occupe une place centrale dans cette stratégie. À l’horizon 2030, il est prévu que 50% de l’eau potable consommée par les Marocains provienne de ces stations dont la capacité globale prévisionnelle devrait s’établir à 1,7 milliard m3/an.
Au volet touristique, les statistiques récentes affirment l’attrait international croissant de la destination Maroc. Au premier semestre de l’année 2024, les arrivées touristiques ressortent en hausse de +14% comparativement à un an auparavant, s’établissant ainsi à 7,4 millions de personnes, soit un record de +1,5 millions de personnes en un seul mois. De ce fait, l’objectif d’atteindre les 17 millions de touristes en 2024 apparaît désormais réalisable en attendant les chiffres de la saison estivale.
Au niveau local et après les inquiétudes en début de saison estivale suite à la reprise de l’inflation à +1,8% en y-o-y à fin juin (vs. +0,4% à fin mai 2024), le tourisme intérieur montre une vigueur remarquable à la fin du mois de juillet. Cette dynamique laisse présager un mois d’août exceptionnel, notamment pour les régions du nord, qui demeurent les destinations préférées des Marocains durant l’été. Cette tendance positive devrait se renforcer grâce aux offres attractives pour le transport en train et au lancement de nouvelles lignes aériennes reliant diverses villes marocaines balnéaires.
Cette évolution favorable soulève, toutefois, la question quant à la capacité touristique du Royaume à gérer ses flux de touristes. L’investissement dans l’infrastructure touristique et la modernisation de l’offre hôtelière dans les autres régions s’imposent comme nécessité afin d’alléger la pression sur les destinations traditionnelles, notamment Marrakech.
Dans ce contexte, le Gouvernement confirme sa vision positive concernant le futur de l’économie nationale et actualise ses prévisions pour la croissance, tablant désormais sur une accélération à +4,6% de l’économie marocaine en 2025 après +3,3% escomptée en 2024. Dans cette lignée, la Banque Africaine de Développement -BAD- prévoit un rythme de croissance de +3,8% en 2025 (vs. +3,5% attendue par la même Institution, +2,8% par BAM et +2,6% par BKGR pour l’année 2024) soutenue principalement par l’investissement dans le secteur du BTP et intégrant l’hypothèse d’une récolte céréalière moyenne de 55 MQx.
Cette croissance escomptée pourrait aussi être drivée par la confirmation d’un cycle d’assouplissement monétaire comme l’indique FITCH SOLUTIONS en anticipant deux nouvelles baisses de -25 pbs du taux directeur par BAM pour s’établir à 2,25% à fin 2024 contre 2,75% actuellement.
S’agissant des finances publiques, le déficit budgétaire s’est allégé à -20,4 Mds de DH à fin juin 2024 (vs -28 Mds de DH un an auparavant) suite principalement à :
L’amélioration des recettes ordinaires de +13% à 175,3 Mds de DH, intégrant la hausse de +11,2% à 156,4 Mds de DH et de +30,7% à 18,9 Mds de DH respectivement pour les recettes fiscales et celles non fiscales ;
Et, la baisse de -1,4% des dépenses ordinaires se fixant à 156,1 Mds de DH, consécutivement à la contraction remarquable des dépenses de compensation de -67,5% à 4,6 Mds de DH tandis que les remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux augmentent de +30,5% à 7,3 Mds de DH.