Déjà en temps normal, la contribution de la demande intérieure à la croissance économique a commencé à présenter des signes d’essoufflement. Actuellement, sous l’effet du Covid-19, la situation ne fait que se détériorer.
La crise sanitaire liée au Covid-19 a frappé de plein fouet le Budget de l’Etat et bien entendu celui des ménages. Nombreux sont ceux qui se sont retrouvés, suite à l’arrêt brutal de leur activité, sans le moindre revenu. D’autres, un peu mieux lotis, ont eu la chance de voir leurs revenus se réduire. Et même ceux qui ont été épargnés de la baisse ou de l’arrêt de revenu sont dans l’attentisme. Manquant de visibilité, ils observent, prennent du recul avant de prendre une décision.
En effet, il est relevé que le revenu mensuel moyen des actifs occupés a baissé de moitié par rapport à la période d’avant le confinement. Il a régressé de 62% parmi les ruraux, contre 46% parmi les citadins, et de 52% parmi les hommes, contre 42% parmi les femmes.
Rendons à César, ce qui appartient à César. Face à cette situation complexe et inédite, l’Etat est venu à la rescousse en mettant à la disposition des lésés (particuliers et entreprises) de aides financières ciblées. Les mesures de soutien ont pris plusieurs formes avec pour toile de fond le soulagement des trésoreries.
Ces mesures sont-elles pour autant suffisantes pour sauvegarder le pouvoir d’achat des citoyens et, par ricochet, soutenir la demande intérieure ?
A priori non. A en croire, les indicateurs qui se veulent un baromètre de la demande intérieure, tout laisse prédire que la baisse serait brutale à la fin de l’exercice en cours. Cette baisse de la demande se reflète sur les recettes fiscales notamment la TVA qui à fin juillet a affiché une baisse de 10,2% pour se situer à 31,1 milliards de dirhams. Pour leur part, les recettes des TIC se sont repliées de 12,2% pour se situer à 15,2 milliards de dirhams.
Le repli de la demande se traduit par ailleurs dans les résultats des sociétés dont les ventes ont drastiquement baissé durant cette période. L’analyse des sociétés cotées en bourse met en exergue la baisse de la demande aussi bien des particuliers que des opérateurs. Nombreuses d’entre-elles ont alerté sur leurs résultats en publiant des profits warning au titre de l’exercice 2020.
Le manque de visibilité chez les particuliers s’est répercuté également sur la demande de crédits notamment ceux effectués par les particuliers. Ces derniers optent pour la prudence et reportent leurs projets d’achat à une date ultérieure. Outre les crédits à la consommation, ceux destinés à l’immobilier ne sont pas mieux lotis. Les crédits à l’habitat ont affiché une légère hausse de 0,5% depuis le début de l’année.
De son côté, l’effort d’investissement, en dépit du bon comportement des crédits à l’équipement (3,8% à fin juin 2020) aurait connu un ralentissement suite aux restrictions imposées à l’activité économique pour contrecarrer les effets de Covid-19, comme en atteste le repli des importations des biens d’équipement de 20,1% à fin juin 2020.
Les dépenses d’investissement, elles ont reculé de 3,3% pour s’établir à 36,1 milliards de dirhams, enregistrant un taux de réalisation par rapport aux prévisions de la LFR de 50,7%. Cette évolution s’explique essentiellement par la baisse des dépenses au titre des budgets ministériels.
L’après Covid-19 ?
Dans le cadre du budget exploratoire, le HCP estime que dans ces conditions, la demande intérieure devrait enregistrer une baisse de 4% en 2020. Sa contribution à la croissance serait ainsi négative de 4,4 points au lieu de d’une contribution positive de 1,9 point en 2019.
En 2021, en supposant la fin de la pandémie du covid-19 en décembre 2020 et en se basant sur un scenario moyen de la production agricole durant la campagne 2020/2021, la demande intérieure va reprendre, selon le HCP, contribuant pour 4,8 points à la croissance économique.
Encore faut-il que la pandémie plie bagages dans les prochains mois. Dans le cas contraire, un scénario catastrophe ne serait pas inévitable.
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