La circulaire 10/2020 du chef de gouvernement, Saad Eddine El Otmani, limite la liberté de circulation des membres de gouvernement, responsables des EEP, des collectivités territoriales, les obligeant notamment à consommer leurs congés à l’intérieur du territoire national durant toute l’année 2020. Si c’est toléré face à des circonstances exceptionnelles, comme la pandémie, est-ce pour autant légal au-delà de la fin de l’Etat d’urgence sanitaire ?
Alors que dans la circulaire du 14 avril 2020 (05/2020), le chef de gouvernement, Saad Eddine El Otmani appelait à l’annulation de toutes les dépenses non prioritaires, notamment les déplacements, la gestion du parc auto, l’organisation de congrès et de séminaires (Avec gel des promotions et suppression des postes budgétaires SVP), voilà que le chef de gouvernement émet une nouvelle circulaire (10/2020) contradictoire à la précédente.
En effet, ce 16 juillet, un écrit a été adressé aux différents départements ministériels les appelant à contribuer à redynamiser le tourisme interne.
Ainsi, le chef de gouvernement encourage à la programmation et l’organisation des conseils d’administration, des sessions de formation, des conférences et des manifestations au sein des établissements touristiques, en ayant recours aux services des opérateurs touristiques et en répartissant ces activités sur les différentes régions du Royaume.
Dans cette circulaire, le chef de gouvernement va jusqu’à user du Régime jurisprudentiel qui limite les libertés individuelles face à des circonstances exceptionnelles, comme la liberté de circulation.
Ainsi, cette circulaire oblige les membres du gouvernement, les responsables des départements centraux et extérieurs, des EEP et des collectivités à passer leurs congés durant cette année à l’intérieur du territoire national.
Or, il y a une différence entre limiter la liberté de circulation et imposer à des citoyens, quelle que soit leur responsabilité au sein de l’Etat, à consommer leur congé dans le territoire national ou dans des établissements touristiques au Maroc, surtout après la fin de l’Etat d’urgence sanitaire prévue le 10 août 2020.
Certes, les frontières du Royaume sont encore fermées hormis les opérations exceptionnelles et vols spéciaux, mais le chef de gouvernement peut-il limiter la liberté d’aller et venir au-delà de la durée de l’état d’urgence sanitaire ?
Jusqu’au peut-on aller pour sauver un secteur, d’autant que l’offre touristique, dans l’ensemble reste très en décalage en terme de coût et de qualité comparativement aux besoins des familles marocaines qui préfèrent recourir à la location de maisons dans les zones balnéaires ou aller faire bronzette sous d’autres cieux ?
Un secteur qui a souvent lorgné les touristes étrangers au détriment des touristes domestiques, et qui n’a pas adhéré aux différents programmes destinées aux Marocains, comme l’échec cuisant de Kounouz Biladi.
L’argument de la préservation des emplois est également très discutable, puisqu’à part les grands groupes qui disposent de politique RH, les travailleurs du secteur disposent dans une large proportion de CDD et ne disposent pas de protection sociale.
Si on demande aux Marocains à consentir à un sacrifice autant que cela se fasse des deux côtés.