Au moment où les opérateurs économiques grincent les dents craignant pour leur affaires qui leur ont bouffé argent et temps, les officiels essaient de masquer leur inquiétude tout en apaisant sur les chiffres qui sont tout sauf rassurants.
En guise de précaution de nous affoler, ils maquillent les indicateurs, jouent sur les mots, élaborent des scénarios à dormir debout… et pour couronner le tout ils nous parlent d’opportunités.
Ils scandent tous à la lettre et au même rythme : chaque crise offre des opportunités qu’il faut saisir. Une phrase qu’ils utilisent, comme s’ils se sont passé le mot, à tout va pour nous convaincre que la crise pourrait nous permettre de sortir vainqueur sur d’autres fronts.
On aimerait bien les croire, mais la réalité est toute autre. Elle est tellement dure et brutale et les chiffres avec lesquels nous gavent au quotidien aussi bien les institutions nationales qu’internationales n’augurent rien de bon.
Des chutes drastiques qui interrogent sur le quand et le comment de sortir indemne de la crise. Une croissance en V et même en U serait difficile à accomplir dans un contexte où la redoutable pandémie telle une pieuvre déploie partout ses tentacules.
Sans vouloir assombrir tout le tableau, des secteurs comme les télécoms, les nouvelles technologies de l’information, la pharmacie ou les laboratoires se sont bien comportés en ces temps de crise au moment où d’autres continuent de sombrer dans la léthargie.
Toutefois, pour ces derniers, il ne faut pas non plus tout mettre sur le dos de la pandémie. Nombre d’entre-eux, bien avant la crise sanitaire, broyaient du noir à cause du manque de compétitivité et d’une concurrence féroce.
Bien avant la survenue de la crise, beaucoup de leurs indicateurs clignotaient au rouge.
Tout cela n’a pas empêché le Chef du gouvernement Saad Eddine El Otmani d’exprimer son satisfecit des réalisations des trois premières années de son mandat, qui selon ses dires ont été faites conformément aux engagements du programme gouvernemental.
Mieux encore, il se targue des indicateurs de réalisation qui jusqu’à fin mars 2020 montrent que la moitié des mesures contenues dans le programme gouvernemental ont été accomplies. Il ne rate pas l’occasion de se redorer le blason et rappeler que juste avant la survenue de la pandémie, le Maroc jouissait de nombreux indicateurs positifs. Vraiment ?
De deux choses l’une ou bien El Otmani a la mémoire courte ou bien il insulte l’intelligence du peuple. Elaborer un rapport de plus de 150 pages pour nous dire qu’il est satisfait des trois premières années de mandat n’est pas sérieux.
C’est plus de la mascarade sachant que la crise a mis en évidence des fragilités structurelles, des fragilités qui, à l’aube du 21 ème siècle, n’ont plus aucune raison d’être. Comment pouvons-nous alors espérer aller de l’avant si le chef de gouvernement n’assume pas ses responsabilités et ne reconnait ses erreurs ? Encore moins celles de sa formation aux commandes depuis bientôt une décennie !
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