Les failles rapportées dans le récent rapport entravent l’émergence du pays .
Elles sont tellement enchevêtrées et la question qui se pose est surtout comment les surmonter le plus rapidement possible.
C’est encore frais dans nos mémoires le discours du Souverain à l’occasion du 61 ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. Un message clair se dégageait alors du discours : en dépit de la crise financière qui a secoué même les grandes puissances mondiales, le Maroc a pu résister et ce, grâce aux multiples réformes entamées au cours des quinze dernières années. Autrement dit, le Maroc dispose d’atouts précieux lui permettant de se hisser dans le concert des pays émergents. Chez les économistes, le constat qui se dégage de leurs analyses est pratiquement identique : le basculement vers l’émergence ne peut se réaliser que si le Maroc s’attelle davantage sur la relance de l’activité économique et la réalisation d’un taux de croissance oscillant autour de 6 à 7%. Un taux à même de résorber le chômage et d’atténuer les disparités sociales qui prennent valeur aujourd’hui la croissance économique en otage. Trois ans après la situation n’a pas changé d’un cran.
A ce sujet, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) vient de présenter devant le Chef du Gouvernement le second rapport de l’examen multidimensionnel du Maroc qui met en exergue les failles qui entravent le Royaume dans son développement économique.
Toutefois, dans son analyse, l’OCDE salue les réformes effectuées aux niveau politique, économique et social qui ont transformé l’économie marocaine. Il passe en revue la stabilité politique, la nouvelle constitution, la valorisation des secteurs, les projets d’infrastructures d’envergures, le processus de régionalisation… des chantiers qui tant soit peu ont permis au Maroc de réaliser certaines avancées même si des zones d’ombre persistent toujours.
Emploi et formation, compétitivité, innovation, convergence des politiques sectorielles…
Pour y remédier, l’OCDE insiste sur un chantier prioritaire qu’est l’emploi. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors que la population en âge de travailler croît de 230.000 personnes par an, l’économie marocaine a créé en moyenne 129.000 postes d’emplois par an depuis l’année 2.000. La recommandation est certes importante, mais sa réalisation demeure étroitement liée aux caractéristiques de l’économie marocaine. Dans ce sillage, il est utile de rappeler la prédominance de l’informel aussi bien rural qu’urbain. Ce secteur emploie peu de personnel qualifié, formé ou diplômé. Un chiffre de 7 emplois sans qualification sur 10 créés veut tout dire. Autre élément important à signaler est du côté du système éducatif et de formation. Le bilan des réformes successives montre qu’aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif, il y a de très sérieux problèmes. La conclusion qui en découle est que la création d’emplois doit s’accompagner d’un relèvement du niveau de formation de la population.
Une autre faille soulignée dans le rapport de l’OCDE est le manque de compétitivité industrielle. L’offre est qualifiée de faible et il existe peu d’entreprises qui se situent à la frontière de la compétitivité mondiale. Pour renforcer la croissance, l’OCDE recommande la mise en place d’un écosystème propice au développement de l’innovation avec un cadre fiscal incitatif et favorable à la R&D.
Et pour conclure, l’OCDE encourage le Maroc à renforcer la cohérence des politiques publiques à travers la convergence des stratégies sectorielles pour augmenter la cohérence et l’efficacité de l’Etat. Tant que les politiques sectorielles ne sont pas convergentes, des résultats positifs demeurent au stade de l’utopie.
Il faut dire que les failles dictées dans le présent rapport de l’OCDE sont un secret de polichinelle. Les pouvoirs publics en sont conscients, les faiseurs d’opinion, le Patronat et la société civile en sont également. Ces failles forment un cercle vicieux à tel enseigne que même le modèle économique est remis en cause.